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L’OCS à Dushanbe. La menace terroriste ébranle les anciens équilibres stratégiques

La prévalence des défis sécuritaires.

Photo : Avant le sommet de Dushanbe, l’APL aparticipé avec les forces armées des 5 autres nations de l’OCS au plus vaste exercice militaire jamais organisé en Mongolie Intérieure. L’objet de la manœuvre, baptisée comme chaque année « Peace Mission » était de s’entraîner à la lutte contre contre les trois fléaux du « terrorisme, du séparatisme et de l’extrémisme ».

A l’origine, modeste forum de négociations pour la résolution des différends frontaliers et pour le développement économique, l’organisation a, sous l’influence chinoise et russe, peu à peu affirmé de plus vastes ambitions, d’abord économiques, puis stratégiques dont le but commun affirmé fut de combattre les trois « fléaux » identifiés par la rhétorique sécuritaire chinoise que sont « le terrorisme, l’extrémisme et le séparatisme ».

De fait, la région d’Asie Centrale qui abrite elle-même des mouvements religieux extrémistes, jouxte des zones troublées et instables de l’Afghanistan, du Caucase aux marches de la Russie et du Xinjiang chinois, théâtre d’affrontements ethniques récurrents entres Han et populations turcophones, en majorité musulmanes.

Le spectre du terrorisme ouïghour

Dans la vaste province du Grand Ouest chinois se cristallisent aujourd’hui de sévères rancoeurs ethnico-religieuses attisées par la revendication d’indépendance du Mouvement Islamique du Turkestan Oriental dont les connexions avec l’idéologie musulmane radicale à l’œuvre au Moyen Orient et dans les zones tribales pakistanaises est aujourd’hui avérée.

Attisées par les effets pervers des brutalités répressives chinoises qui ciblent tout autant les terroristes que les modes de vie ostensiblement religieux des Ouïghours, les condamnations de la Chine par les mouvements extrémistes se multiplient. Dans ce contexte, le discours de Pékin qui affirme la neutralité de la Chine et ses priorités économiques et commerciales dans un environnement apaisé et harmonieux commence à perdre son efficacité.

Au fil des ans, le volet anti-terroriste de l’OCS qui, pour les Chinois, est devenu la face dure de la lutte contre le séparatisme ouïghour au Xinjiang, s’est développé avec l’organisation régulière de manœuvres armées communes. Cette année, la conférence de Dushanbe faisait suite au plus vaste exercice militaire traditionnellement baptisé « Peace mission » jamais organisé par le groupe.

Tenu en Mongolie intérieure chinoise, il regroupait 7 000 hommes des 6 pays sous les ordres du Général Wang Ning vice-chef d’état-major de l’APL. Au Tadjikistan, accentuant le volet sécuritaire de l’Organisation, la plupart des discours ont d’abord insisté sur la menace islamiste radicale.

L’intervention du Président tadjik Rahmon, hôte de la conférence en poste depuis 22 ans, a sans le nommer, fait allusion à l’État Islamique en Syrie et en Irak dont des ramifications ont déjà contaminé tous les pays de l’OCS y compris les pays observateurs. Selon lui, il était inquiétant que des acteurs non étatiques se soient aujourd’hui dotés d’équipements militaires qui jusqu’à présent n’étaient détenus que par les gouvernements réguliers. « De telles évolutions » a t-il précisé « modifient de manière significative la nature du problème et l’approche que nous devons adopter pour le résoudre ».

Le Président Xi Jinping, lui-même aux prises avec un durcissement très angoissant de la situation au Xinjiang, a certes enveloppé son adresse dans une perspective de coopération et de développement articulée autour de l’accroissement des échanges commerciaux, la coordination énergétique, la résolution du stress hydrique, l’intégration économique et – c’est une constante de plus en plus présente des stratégies chinoises – l’harmonisation financière.

Mais, tout en promettant de porter le fond de coopération Chine - Eurasie à 5 Mds de $ et d’ouvrir 2000 stages de formation administrative et technique aux pays de l’Organisation à partir de 2015, il a placé les objectifs de sécurité anti-terroriste en tête des priorités de la Chine, proposant des coopérations entre les systèmes juridiques, le contrôle d’Internet et la fermeture des sites religieux extrémistes. En même temps, il a exhorté ses partenaires de l’OCS à prendre en main à leur niveau les défis de la menace terroriste.

Les autres évolutions majeures dignes d’attention sont d’abord la soudaine inquiétude de Pékin à la perspective de l’évacuation de l’Afghanistan par les troupes américaines, créant un vide laissant libre cours à la résurgence d’un pouvoir islamiste radical menaçant directement la stabilité du Xinjiang. A cet égard le contraste avec les stratégies chinoises initiales est total. Enfin, les glissements stratégiques en cours influencent la relation de Pékin avec New-Delhi et Islamabad.


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