Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Société

La politique de l’enfant unique en question

Viellissement et déficit de femmes

La politique de l’enfant unique, que la Chine baptise abusivement « planning familial » - l’expression chinoise serait en fait mieux traduite par « fécondité planifiée » -, est en effet jugée brutale et porteuse de lourds effets pervers par de nombreux experts chinois. En janvier dernier, une étude de l’Académie des Sciences Sociales estimait que le déséquilibre filles - garçons qu’elle induit était « le plus sérieux problème démographique auquel la Chine était confrontée ».

En même temps, Wang Feng, professeur à l’Université de Fudan publiait un article sur internet, dans lequel il dénonçait la frilosité et l’inconscience des responsables, dont la première phrase était un cri d’alarme : « la Chine est confrontée au risque imminent d’une décroissance démographique ». L’article accusait les autorités du Parti de méconnaître les lois de la démographie et en particulier la rémanence à long terme des errements actuels, ainsi que la difficulté d’inverser les tendances, soupçonnant la bureaucratie d’attendre que la croissance démographique soit nulle pour commencer à inverser l’engrenage néfaste de la dénatalité.

Déjà en 2005, le même Wang Feng avait publié aux Etats-Unis une étude analysant les graves effets pervers, bien connus et ceux moins souvent évoqués de cette politique à l’emporte pièce, tels que le vieillissement rapide, socialement insoutenable, le dangereux déséquilibre entre filles et garçons, le brouillage des statistiques démographiques, et le coût économique et politique de ce qu’il appelait « la plus vaste et plus extrême expérience de contrôle des populations jamais tentée par un Etat, dans le domaine de la reproduction des humains » (East-West Center, Asia Pacific Issues, Mars 2005).

Il affirmait notamment que, grâce à un vrai planning familial, plus souple et plus sophistiqué, différencié entre villes et campagnes, mieux adapté aux situations - au demeurant déjà mis en œuvre dans certaines provinces par des cadres plus ouverts -, il serait possible de mettre fin à la politique de l’enfant unique, et d’autoriser les couples à avoir deux enfants, sans provoquer l’emballement des naissances que craignent beaucoup de bureaucrates. Ajoutant que les décisions devaient être prises d’urgence si la Chine voulait éviter une aggravation difficilement réversible des tendances déjà observées.

Si l’actuel taux de vieillissement de la population n’était pas freiné, près de 300 millions de Chinois auront plus de 60 ans en 2050 avec, dans les villes, 35% de séniors. Une situation difficilement tenable avec un système de retraite indigent et l’absence de filet social, tandis que le déficit d’enfants rend problématique la prise en charge des vieilles personnes par les familles. En Chine le problème a un nom : « 4 - 2 - 1 ». Il désigne une situation où les enfants uniques auront à prendre soin de deux parents et de quatre grands parents.

Suite à une longue habitude d’élimination des filles, indésirables dans les zones rurales - soit par homicide direct après la naissance, soit par avortement -, (aujourd’hui on compte 119 garçons pour 100 filles), en 2000, 27% des hommes de 40 ans habitant la campagne étaient célibataires, conséquence d’un brutal déclin de la natalité dans les années 60 et 70. Alors que, dans cette tranche d’âge, la proportion nationale de célibataires n’était que 4%, et seulement de 1% pour ceux ayant reçu une éducation supérieure.

Les sociologues s’interrogent sur les conséquences à long terme de tels déséquilibres pour la stabilité de la société, traversée par les inévitables tensions lies aux trafics de femmes, et où le déficit de femmes ferait que la famille traditionnelle ne serait plus la base de l’intégration sociale et de l’éducation des enfants.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Suicide d’une interne à l’hôpital public

Orage nationaliste sur les réseaux sociaux

Réseaux sociaux : La classe moyenne, l’appareil, les secousses boursières et la défiance

L’obsession des jeux d’argent et les proverbes chinois

Les tribulations immobilières de Liang Liang et Li Jun