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La puissance financière de la Chine : une carte maîtresse économique, politique et diplomatique

Aux critiques qui l’accusent de manquer d’éthique, de prêter main forte à des régimes condamnés par les Occidentaux ou de mépriser les droits de l’homme, notamment en Afrique, où ses échanges commerciaux ont dépassé ceux de la France avec 70 milliards d’euros annuels contre 50 milliards, la Chine rappelle à ses détracteurs qu’elle n’est pas la première ni la seule à exploiter les ressources du continent noir ou d’autres zones sensibles de la planète. Elle a aussi beau jeu de rappeler que les réserves de pétrole dans les zones stables et développées, politiquement acceptables par la morale internationale, sont presque inexistantes.

Au demeurant, Pékin affirme agir de manière équitable, à l’avantage de toutes les parties, en apportant capitaux et expertise, en phase avec les besoins des pays pauvres, y compris dans l’agriculture et les infrastructures, chantiers que les Occidentaux ont depuis longtemps délaissés. Elle ajoute que ses investissements redonnent de la vigueur à des secteurs atones et apportent une plus grande stabilité aux régimes et populations fragilisés, en quête de sécurité.

Mais la route de la Chine vers le statut de superpuissance n’est pas aussi aisée qu’il y paraît à première vue. En Afrique notamment, elle commence à rencontrer des difficultés. Le mois dernier une offre de Petrochina (CNPC) pour le rachat d’une concession de Royal Dutch s’est heurtée à un refus libyen. Au même moment la compagnie nationale angolaise annonçait qu’elle bloquerait la vente à CNOOC de 20% des parts d’un champ pétrolier exploité par l’Américain Marathon Oil Corp. Fin septembre un groupe de militants nigérians du Mouvement pour l’Emancipation du Delta du Niger, s’est opposé à une offre chinoise qui visait à s’assurer près de 50% des réserves d’un champ de pétrole pour une valeur de 20 milliards d’Euros, représentant 6 milliards de barils. Peu avant, une compagnie chinoise contrôlée par le fils du Président Hu Jintao, était impliquée dans une affaire de corruption et de trafic d’influence en Namibie, en marge d’un contrat d’équipements de sécurité pour les aéroports, financé par un prêt préférentiel de Pékin.

Ailleurs, comme le soulignent Serge Michel et Michel Beuret, auteurs de « la Chinafrique » (éditions Grasset mars 2008), on constate que l’action de la Chine en Afrique commence à ressembler à celle des anciens acteurs coloniaux, avec ses chantiers qui s’enlisent, ses cohortes de gardes de sécurité, ses scandales de corruption et, quoi qu’elle en dise, son mépris pour la population locale, souvent motivé par les accès de cupidité de ses compagnies.

A cela s’ajoute que, depuis quelques temps, les dirigeants africains, dont certains bénéficient de la manne pétrolière, deviennent plus méfiants et plus exigeants, tandis que d’autres, comme l’Afrique du Sud, s’inquiètent du creusement du déficit commercial, dans un contexte où apparaissent de nouveaux investisseurs (Brésil, Inde, Corée du Sud, Japon) là où, il y a seulement quelques années, la Chine était seule en lice.

Sur les autres théâtres, comme par exemple celui des voisins asiatiques (Asie du Nord, Inde) ou celui de l’ASEAN, l’intérêt que suscite la puissance financière chinoise est, depuis des lustres, mêlé de la crainte née des exorbitantes ambitions hégémoniques de Pékin en Mer de Chine du Sud, des ramifications de ses réseaux financiers et politiques, capables de s’infiltrer jusque dans les hautes sphères du pouvoir et d’en influencer les décisions, avec, en fond de tableau, la montée en puissance des capacités de sa marine et la multiplication inexorable de ses missiles sol-sol braqués sur Taïwan.


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