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La Chine dit être en pointe des technologies de reconnaissance faciale. Ces avancées confèrent au Parti la capacité de contrôler la société grâce, notamment, à ses progrès dans le secteur des logiciels de reconnaissance et à la puissante base de données individuelles accumulées par les services de sécurité.
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A l’automne dernier tous les médias français faisaient état de l’explosion de la reconnaissance faciale en Chine décrivant la dérive politique d’un système de surveillance généralisé ne limitant plus son emprise à la lutte contre la délinquance et le terrorisme, mais visant à un contrôle sans faille et à une « mise aux normes » de la société.
Assez souvent, dans une proportion qui reste cependant difficile à déterminer, la classe moyenne semble approuver ces frénésies de surveillance confinant à un quadrillage de plus en plus serré de la population, laissant parfois percer un arrière-plan moralisateur ne rejetant pas la délation pour dénoncer les déviants. Une enquête sur place des correspondants de Question Chine confirme cette préoccupante démesure de l’esprit de contrôle pesant sur la société.
La Chine en pointe de la surveillance vidéo.

L’explosion du nombre de caméras vidéo s’inscrit dans le souci global de sécurité. En Chine la mission des réseaux de caméras dépasse la simple lutte contre les malfrats et le terrorisme. Ciblant aussi les dissidents et les déviants, elle exprime clairement un souci de « mise aux normes » sociale et politique.
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Première observation, la tendance s’inscrit dans une dynamique globale d’utilisation des caméras de surveillance dont le nombre explose dans les lieux publics et autour des résidences occupées par la classe moyenne aisée, toutes devenues des enclaves barricadées avec gardiens et passes électronique d’entrée tenant à distance les intrus.
Mais en Chine le souci d’efficacité ne s’embarrasse pas des pudeurs françaises pour l’utilisation de la reconnaissance faciale. La mode de la surveillance vidéo assortie de la volonté d’identifier les particuliers quels qu’ils soient déborde le cadre de la police et, sous prétexte de sécurité, se répand au sein des institutions publiques ou privées pour « discipliner » des comportements « inciviques ».
Une de nos équipes de passage à Qingdao a recueilli le témoignage de jeunes employés d’une agence de la Banque HSBC scandalisés par le sort réservé à l’une de leurs collègues, sans que la majorité des employés y voient un problème. Ayant un jour traversé « hors des clous », elle a du subir l’affront de voir sa photo affichée au « tableau de déshonneur » de l’agence assortie de commentaires édifiants sur son attitude « indisciplinée ». Ses collègues disent qu’elle a été sanctionnée par le Directeur.
D’autres correspondants de QC de la région de Wenzhou expliquent que, depuis plus d’une année, les autorités du Zhejiang ont, toujours au prétexte de la lutte contre le terrorisme, fait installer des caméras dans les églises chrétiennes. Les témoignages recoupent un article du site AsiaNews.it donnant la parole à un fidèle : « des agents publics ont imposé aux prêtres l’installation de caméras dans leurs églises, tandis que la police tenait à distance les curés et les fidèles opposés à cette initiative. Des échauffourées ont eu lieu et certains fidèles durent être hospitalisés. »
La communauté chrétienne de Chine perçoit la manœuvre comme la volonté de contrôler les sermons des prêtres et une répression contre l’Eglise sous terraine dont le nombre de fidèles est mécaniquement augmenté par le quadrillage répressif, au point que certains estiment que le nombre de Chrétiens chinois pourrait atteindre 230 millions d’ici 2030.