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›› Chronique

Le nouveau visage d’un régime présidentiel

L’un des problèmes inhérents à ce type de présidentialisme, non le moindre, est qu’il ne prévoit aucune règle du jeu lors d’un renouvellement du pouvoir. Le Président peut certes placer ses hommes de confiance au sein du Parti, du gouvernement et de l’Armée. Il ne lui appartient pourtant pas de désigner son successeur. Depuis la mort de Deng Xiaoping, plus personne dans le Parti ne peut se targuer d’être « faiseur de roi ». Il existe bien une procédure formelle d’élection présidentielle dans la Constitution chinoise, mais aucun texte d’application n’existe sur les modalités de dépôt des candidatures.

Dans la pratique, le président en place use de tout son pouvoir pour constituer une « garde rapprochée » dans les hautes instances du Parti afin de s’assurer une majorité de voix lors d’élections à ce niveau. Cette stratégie signée de Jiang Zemin lors du XVIe congrès du Parti (2002) est battue en brèche par Hu Jintao. Une fois élu, ce dernier s’est attaqué à changer de fond en comble l’édifice du pouvoir laborieusement construit par son prédécesseur. S’il a réussi, après plusieurs années d’intenses luttes, à se débarrasser du groupe de Shanghai, ses arrières ne sont pas pour autant assurés. Il sait pertinemment que ses adversaires n’attendent que son départ prévu en 2012-2013 pour éliminer ses proches, dans un autre round de lutte de pouvoir.

Si la stabilité du système peut être assurée par les hommes d’un président élu, de violentes secousses politiques sont à prévoir dans les périodes préélectorales. Sans débat public sur l’orientation politique du pays, tous les moyens sont bons pour discréditer les adversaires, voire les envoyer en prison. Le délit de corruption a ainsi été utilisé par Jiang Zemin contre Chen Xitong (ancien maire de Pékin), et par Hu Jintao contre Chen Liangyu (ancien secrétaire du Parti de Shanghai) et la plupart des membres appartenant au groupe de Shanghai. Ce genre de pratiques n’est pourtant pas sans inconvénients. L’idée que les plus grands criminels du pays se trouvent au sommet du Parti ne fait que discréditer la nature du pouvoir dans l’opinion. Mais l’opinion pèse peu, du moins à l’heure actuelle, sur l’échiquier du pouvoir.

Reste que le président doit encore savoir composer avec différents courants et clans dans le Parti et jouer le rôle d’un arbitre entre ceux-ci. Il doit s’assurer le soutien de ses pairs au sein du Bureau politique et veiller à ce que ses ordres soient entendus dans les régions comme dans l’Armée. Au fils du temps, se trace une nette tendance de fond où l’institution et ses jeux recommenceront à primer sur la volonté des individus. Certains croient voir là la maturité du régime, d’autres déplorent l’absence d’hommes forts de nos jours. Voilà le nouveau visage d’un régime présidentiel.


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