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Mises en garde occidentales contre la force intrusive des réseaux sociaux chinois

Lorsqu’en 2013, à 29 ans, Zhang Yiming cherchait des capitaux pour créer ByteDance, les investisseurs étaient sceptiques et doutaient que ce jeune homme sans expérience puisse en créant une application utilisant l’intelligence artificielle, concurrencer Tencent, le champion des réseaux sociaux chinois.

Six ans plus tard, sa société est évaluée à 75 Mds de $, mieux que UBER. Alors que l’originalité de ByteDance dit Bloomberg, est qu’elle est un croisement entre Facebook et Google, Zhang lui-même voit sa société comme une plateforme de recherche sur l’intelligence artificielle.

Il est remarquable, ajoute Bloomberg, que Zhang ait réussi à créer sa start-up – c’est la première sortie du lot de ce genre en toute indépendance - sans emprunter ni chercher le parrainage des jumeaux géants de l’Internet chinois que sont Alibaba et Tencent.

Bytedance est devenu un Goliath en débutant par le site d’information « Jinri Toutiao 今日头条 – Titres du jour » (infos basées sur des vidéos) malgré les rappels à l’ordre de la censure, contrecarrant sa volonté de faire mieux que Baidu – ce qui n’est pas difficile - (en avril 2018 Toutiao avait été bloqué pendant 3 semaines).

Dès que ses revenus furent suffisants, Zhang procéda à une série d’acquisitions intelligentes, dont Musical.ly, spécialisé dans l’aide à la création vidéos musicales. Au cœur de l’activité de Tik Tok cette expertise est la clé de la pénétration des marchés américain, japonais, d’Asie du sud-est et européen, dont la France.


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Alors que le président Xi Jinping a, le 25 septembre dernier, inauguré sous une avalanche de superlatifs, le très remarquable nouvel aéroport de la capitale chinoise à Daxing, 50 km au sud de Pékin (voir notre article : Le très beau et très vaste nouvel aéroport de Daxing.) plusieurs grands journaux anglo-saxons, dont le New-York Times, Bloomberg et The Guardian sont revenus sur le risque de contagion hors de Chine de la norme politique chinoise véhiculée par la puissance invasive des réseaux sociaux.

Au cœur du soupçon : « ByteDance - 字节跳动 – littéralement : la danse des octets ». Créé en 2012 par Zhang Yiming, 36 ans, diplômé de micro-électronique, titulaire d’une licence d’architecture de logiciels de l’Université de Tianjin et ancien de Microsoft, ByteDance utilise pour une de ses applications musicales baptisée Tik Tok, un logiciel articulé à l’apprentissage automatique déjà exploré par Google et Microsoft dont le but est la reconnaissance à des fins commerciales de la parole, de l’image et des sons.

Souci connexe, certains parents s’inquiètent de l’influence néfaste du site TIK TOK développé par ByteDance de mise en ligne de fonds musicaux pour vidéo-clips. Incitant souvent les adolescentes à adopter des poses lascives stéréotypées, l’application, dit Pauline Vallée sur Télérama, entretient chez ce public en pleine construction identitaire, une hypersexualisation tendancieuse. Sans compter que leur exhibition peut en faire la cible de prédateurs pédophiles, également utilisateurs du site.

Zhang Yiming et son « réseau musical intelligent »

Avec un logo ressemblant à une note de musique Tik Tok ou Douyin 抖音 a pris pied sur le marché américain grâce à la reconnaissance des sons ayant permis de tracer automatiquement les goûts musicaux des usagers qui créent leurs vidéos. Succès foudroyant. A la tête de la plus grande start-up mondiale, Zhang oriente ses projets vers l’éducation en ligne des enfants de la classe aisée. L’année dernière, il a lancé l’application Gogokid, proposant des cours d’anglais individuels en ligne avec des professeurs américains. Le marché en plein essor. VIPKid, son rival, soutenu par Tencent et Sequoia China, a été évalué à plus de 3 milliards de dollars US (12,5 milliards de RMB) en avril dernier.


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A la clé de ces projets, la puissance despotique des algorithmes et des logiciels cherchant à simuler le cerveau humain qui ne s’en approchent cependant que de très loin. Avec toujours des lacunes nécessitant l’intervention humaine.

Dans le domaine de la « reconnaissance », ces machines, même celles dotées d’une capacité d’apprentissage automatique - « machine learning » - ne sont pour l’instant parvenues qu’à détecter des formes, des sons et, à la rigueur, des situations simples.

Le « trou noir », reste la conscience. Un article du journal Les Echos de février 2018, résumait ces lacunes souvent passée sous silence : « Quel que soit leur domaine, les chercheurs s’accordent sur un point : ce n’est pas une question de puissance de calcul. “Et un ordinateur quantique ne serait pas plus conscient“, ajoute Pierre Uzan, professeur de philosophie à l’université Paris Diderot et auteur de “Conscience et physique quantique“ (Vrin, 2017) ».

Appuyant sa publicité sur la mode de la puissance supposée de l’Intelligence Artificielle très en vogue en Chine, Zhang Yiming a, en septembre 2016, lancé, sur le concept d’un réseau social une application de partage de vidéos devenue « virale » aux États-Unis et dans le monde. Baptisée Tik Tok, son nom chinois est Douyin : 抖音短视频 - Dǒuyīn duǎnshìpín, littéralement « courte vidéo – vibrato ».

Utilisée mensuellement par 1 milliard d’adeptes dans le monde (doublement du nombre d’adeptes en une année) Tik Tok a fait exploser la valorisation de ByteDance qui, fin 2018, atteignait 75 Mds de $, faisant aussi de Zhang la 9e fortune mondiale à 13 Mds de $.

Appuyée par l’engouement narcissique pour les vidéos musicales et la création par les adeptes de leurs propres « clips » de 60 secondes, partagés en ligne où ils se filment eux-mêmes chantant en play-back, Tik Tok, version musicale de Facebook et principal réseau social de ce type en Asie, utilise pour augmenter son audience, - pour l’instant avec un succès foudroyant -, un logiciel de reconnaissance de sons, identifiant les goûts musicaux des utilisateurs.


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