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Sans faiblir, Pékin relance son influence dans l’ASEAN par le détour des riverains du Mékong

A Manille, après Duterte, Pékin promet « un âge d’or » de la relation.

Toujours dans l’ASEAN, la constance chinoise, jamais démentie en dépit des contretemps, se lit aussi dans les récents efforts de séduction diplomatique de Pékin en direction des Philippines et de la Thaïlande, riposte à la stratégie indopacifique de Washington.

Le 7 juillet, avec le tout nouveau président des Philippines Ferdinand Marcos Jr qui dit cependant ne pas vouloir aller jusqu’à privilégier le rapprochement avec Pékin aux dépens de la souveraineté de l’archipel, Wang Yi a évoqué un « nouvel âge d’or de la relation ».

Au milieu des anciennes controverses sur la souveraineté nées des incursions chinoises dans la ZEE des philippines dont la dernière manifestation en date est l’arrêt le 22 juin par Manille des négociations sur l’exploration et l’exploitation partagées des ressources d’hydrocarbures (lire un exemple des tensions datant de 2016 : Mer de Chine du sud. La carte sauvage des hydrocarbures. Le dilemme de Duterte) les deux ont décidé d’insuffler à leur relation un style moins heurté que celui de Rodrigo Duterte, marqué par une succession d’embardées alternant les rapprochements entre Washington et Pékin.

En arrière-plan de l’intention de rééquilibrage de Manille, la force des relations commerciales où la Chine est de loin le premier marché d’exportation des Philippines avec 13 Mds de $ annuels, contre seulement 8 Mds vers les États-Unis.

A Bangkok, dernière main au réseau TGV Chine - ASEAN.

Poursuivant son périple dans l’ASEAN destiné à relancer les projets et l’élan de l’influence chinoise, Wang YI a, le 5 juillet, obtenu de la Thaïlande qu’elle renouvelle son engagement à achever son tronçon du TGV qui la reliera à la Chine via le Laos d’ici 2028.

Longtemps retardé, le projet long de 600 km d’une valeur de 12 milliards de dollars, proposé pour la première fois en 2014 dans le cadre des nouvelles routes de la soie, constituera l’épine dorsale d’une infrastructure de transport terrestre reliant la Chine à une grande partie de Asie du sud-est.

*

Ainsi, prend forme le vaste projet de contrôle par Pékin de l’espace stratégique de l’ASEAN. A l’Est par le grignotage régulier de la souveraineté chinoise sur toute la mer de Chine du sud ;

Au sud par la mainmise chinoise sans partage sur le Cambodge où la marine chinoise qui s’en défend, est soupçonnée de vouloir installer un point d’appui militaire sur la base de Ream ; Au centre par la connexion TGV vers la Thaïlande par le Laos ; A l’ouest par le Myanmar où, en dépit des résistances locales, Pékin projette de doubler les deux conduites de gaz et de pétrole par une liaison ferrée qui reliera Kunming au golfe du Bengale.

La « carte sauvage » de Hanoï.

Dans ce panorama de la projection de l’empreinte chinoise vers ses arrière-cours méridionales, la réticence du Vietnam est une exception. Hanoi qui n’a pas complètement oublié le vieux rêve d’Hô Chi Minh d’une solidarité indochinoise, commence en effet à s’alarmer de l’emprise grandissante de la Chine sur ses voisins directs. Les réserves sont d’autant plus sensibles pour Pékin que le Vietnam qui a gardé des liens avec New-Delhi est aussi courtisé par Washington.

Le 26 septembre 2021, à l’initiative de Nguyen Phu Trong, secrétaire général du parti communiste Vietnamien, président de l’Assemblée nationale ancien Président de la République, a eu lieu à Hanoi la réunion des trois chefs d’État, de l’ancienne Indochine.

Nguyen a accueilli le laotien Thongloun Sisoulith, chef du Parti révolutionnaire Lao, premier ministre depuis 2016 puis président de la République depuis 2021 et Hun Sen, ancien Khmer Rouge, à la tête du parti du peuple cambodgien, plusieurs fois premiers ministre du Royaume, puis installé à demeure et sans opposition à la tête de l’État depuis 1997 par un coup d’État sanglant ayant brutalement éliminé toute contestation politique.

Dans une analyse de Foreign Policy du 28 septembre 2021, Stebastien Strangio écrivait que la rare réunion des chefs de parti rappelait la forme unique de relations « de parti à parti » liant encore les États communistes restants du monde.

Le Vietnam a précisément des liens historiques, politiques et idéologiques particulièrement étroits avec ses deux voisins occidentaux, qu’il a aidés à prendre le pouvoir dans les années 1970 et avec lesquels il entend bien conserver des relations « fraternelles ».

Quoi qu’il en soit, la réunion inhabituelle des chefs de parti témoigne de l’inquiétude croissante à Hanoï que ses deux anciens alliés révolutionnaires se laissent attirer dans l’orbite de la Chine sur le mode du clientélisme et de la corruption. Lire à ce sujet : Dans le sillage scabreux des routes de la soie.


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