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Visite du ministre de la défense chinois au Japon

Le ministre de la Défense Chinois CAO Gangchuan s’est rendu au Japon les 29 et 30 août derniers. Cela faisait neuf ans qu’un ministre de la Défense chinois ne s’était pas rendu au Japon. La visite s’inscrit dans le réchauffement formel des liens entre les deux pays, après une période de crise qui avait connu un paroxysme en 2004 et 2005, à la suite de deux controverses majeures sur des sujets ultra sensibles en Chine : les visites répétées de l’ancien premier ministre Koizumi au temple Yasukuni, où sont inhumés des criminels de guerre japonais et les ambiguïtés de la position japonaise à propos de Taiwan.

Après le départ de Koizumi, bête noire des Chinois, son successeur Shinzo Abe fit l’effort de venir en Chine dès sa prise de fonction, à l’automne dernier. WEN Jiabao lui rendit très vite la politesse en se rendant au Japon en avril 2007. Dans ce contexte de bonnes volontés réciproques les relations se sont détendues, d’autant que les visites au temple Yasukuni ont pour l’instant cessé. Au cours de son voyage CAO a donc sondé son homologue sur le deuxième point qui préoccupe les Chinois : la question de Taiwan. Sans surprise il lui a demandé de reconnaître la politique « d’une seule Chine » et de donner à Pékin des assurances sur la mise en sommeil de visites officielles taiwanaises au Japon.

La question n’était pas anodine, car l’ancien ministre des affaires étrangères japonais Taro Aso, nationaliste radical du parti de Shinzo Abe, était coutumier des remarques sur la menace chinoise et sur Taiwan qui excitaient les ressentiments de Pékin. La Chine n’a par exemple pas oublié que Taro Aso avait qualifié l’île « d’Etat démocratique, avec qui le Japon devrait avoir des liens officiels ». Elle se souvient aussi de sa vision de la sécurité en Asie qui incluait Taiwan dans un « arc d’Etats démocratiques encerclant la Chine ». Son remplaçant, Nobutaka Machimura, que CAO a également rencontré avant d’être reçu par Shinzo Abe, s’est montré plus prudent et plus complaisant, assurant que Tokyo ne favoriserait pas l’indépendance de Taiwan. Cette mise au point formelle, quoiqu’assez sobre, avait son importance, dans un contexte où les tensions montent autour du projet de référendum concocté par le pouvoir taiwanais, et durement condamné par Pékin et Washington, sur l’entrée de l’île à l’ONU, sous le nom de Taiwan.

Il reste un long chemin à parcourir avant que les relations sino-japonaises, encore handicapées par de nombreux contentieux stratégiques et territoriaux, soient débarrassées de cette lourde méfiance réciproque qui prend sa source dans la géographie et dans l’histoire (cf article de QC d’avril 2007 : « Relations Chine- Japon. Les non dits de l’irrationnel »). Mais du moins les dirigeants actuels semblent-ils décidés à ne plus jouer le jeu des provocations publiques qui fermaient la porte à toute embellie.

Il est probable que, dans les mois qui viennent, les deux gouvernements chercheront à focaliser leur attention sur l’excellence des relations économiques et commerciales, preuve de la complémentarité des deux pays. Il est vrai que cette perspective offre une très intéressante marge de manoeuvre aux partisans d’un rapprochement politique sincère entre Tokyo et Pékin. En 2006, le stock d’investissements japonais en Chine atteignait 18 milliards de dollars et le Japon devenait le 1er fournisseur de la Chine. Le commerce bilatéral passait la barre des 200 milliards de dollars (soit les 2/3 des échanges de la Chine avec l’UE, mais sans déficit japonais, alors que celui de l’UE pourrait atteindre 170 milliards d’euros en 2007, selon les chiffres de Bruxelles).

Les deux ministres de la défense ont également esquissé la possibilité de mettre en place une ligne de téléphone directe, évoqué les prochaines visites au Japon de navires de guerre chinois et la venue en Chine, en 2008, de l’homologue de CAO Gangchuan, Masahiko Komura.


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