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Volatilité de la bourse, ébranlement de la confiance

La bourse de Shanghai depuis la fin 2007. Plus de volatilité que de pertes, mais la confiance continue à fléchir.

Les bourses chinoises ont à nouveau été secouées en janvier 2016. Pour autant, une mise en perspective sur les 7 dernières années montre que les caractéristiques récentes du marché ne sont pas les pertes, mais la volatilité, due au manque d’expérience des opérateurs et à leurs tendances grégaires facilement enthousiastes ou paniquées.

Les écarts sont aussi le résultat des réactions des pouvoirs publics qui, connaissant les fragilités du système financier, accumulent les mesures conservatoires dont certaines nourrissent la méfiance.

Depuis juillet 2015, les secousses furent le symptôme de plusieurs faiblesses cumulées de l’économie révélées par le freinage de la croissance (à 6,9% en 2015, la plus faible depuis 1990) qui vont de l’accumulation des dettes à plus de 280%, du PIB (ménages, entreprises et administrations) à l’extrême enchevêtrement des affaires et de la politique, dans une situation où se croisent les soupçons de délits d’initiés destructeurs de la confiance et la crainte politique de laisser libre cours au marché.

Enfin, la brutalité de la chute des cours attisée par la panique a préfiguré le cauchemar des réactions en chaîne, premier souci socio-politique de la direction chinoise qui craint une contagion favorisée par l’accumulation de la dette des entreprises (en hausse de 400% depuis 2007, et estimée à 22 000 Mds de RMB ou 3000 Mds d’€ à la fin 2014) à quoi s’ajoutent le retour des créances toxiques des banques dont les profits stagnent, et les arriérés des administrations publiques évalués par le gouvernement à 2300 milliards d’€.

Mauvais début d’année.

Chute des marchés financiers mondiaux à la suite de la secousse de Shanghai le 4 janvier 2016. Les commentateurs qui désignaient la Chine comme un « risque global » n’étaient pas rares.

Les inquiétudes sont anciennes, mais elles s’exacerbent avec la crise mondiale et le ralentissement de l’économie. Elles sont palpables et ont donné lieu à une série de mesures conservatoires au début de l’année après une chute de 7% de la bourse de Shanghai à l’ouverture du 4 janvier 2016.

Craignant une redite de l’effondrement de juillet 2015, la Commission de régulation boursière avait mis en place un mécanisme d’interruption automatique des cotations qui suspendit les transactions deux fois en une semaine. Peu après, elle limitait les transactions trimestrielles des sociétés de courtage et des investisseurs publics à seulement 1% des actions des groupes publics côtés en bourse.

Simultanément, la Banque Centrale injectait 18 milliards d’€ de prêts à court terme dans le marché financier et laissait filer le yuan en fixant le point de référence au niveau le plus bas depuis mars 2011, déclenchant immédiatement une série de commentaires négatifs sur les arrière-pensées de la direction chinoise soupçonnée de s’engager dans une guerre des changes pour relancer ses exportations.

Enfin, la baisse des réserves de change de plus 500 milliards d’€ en 2015 (chiffre de la Banque de Chine) – record de chute annuelle – révélait un effort important du pouvoir pour freiner une évasion de capitaux sur laquelle les autorités financières communiquent mal, mais que les experts les moins pessimistes situent à plusieurs centaines de milliards d’€ par an, expression évidente d’un effritement de la confiance rendu inquiet par un marché très volatil.

Contrairement aux soubresauts de juillet 2015, la secousse de Shanghai qui commença si mal l’année 2016, eut des répliques sur tous les marchés occidentaux inquiets du ralentissement chinois, tandis que la succession des mesures de sauvegarde décidées par le régime entamait sérieusement la confiance des investisseurs. En décembre, l’index des directeurs d’achats publiés par Caxin à 48,2, en baisse de 0,4 % signalait une nouvelle contraction de la production.

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Mesures correctives.

Le 8 janvier, les autorités réussirent à stabiliser les embardées en rehaussant le cours de référence du Renminbi dont la baisse avait probablement accéléré la fuite des capitaux. En même temps, elles « débranchaient » le système d’arrêt automatique des cotations et demandaient aux sociétés publiques de courtage de racheter les titres publics les plus menacés.

A la fermeture, la bourse de Shanghai avait regagné 1,98% tandis que les bourses de Shenzhen et de Hong Kong étaient respectivement en hausse de 1 et 0,59%. Simultanément, le 8 janvier, la Banque Centrale bloquait la chute du Yuan en rehaussant son point de référence journalier à 6,56, contre 6,59 la veille.

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La secousse de janvier venait 3 mois à peine après un sévère rappel à l’ordre du FMI qui, en octobre 2015, mettait en garde les émergents, et en particulier la Chine, contre les risques d’assèchement du crédit pouvant entraîner des faillites. Le FMI incitait aussi le gouvernement chinois à s’engager dans une stratégie ordonnée de désengagement de l’État de la gestion des groupes endettés, mais maintenus artificiellement en vie par des injections d’argent public.

Il reste que la méfiance que le Politburo continue à nourrir à l’égard du marché - panacée du FMI - est le principal obstacle à l’ouverture complète du compte de capital toujours strictement contrôlé et à la restructuration des grands groupes déficitaires que le pouvoir maintient artificiellement à flot par crainte des conflits sociaux.


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