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›› Editorial

Compétition stratégique mondiale. L’envers du décor et l’indigence de l’Europe

Le style consensuel de Hu Jintao a, jusqu’à il y a peu, préservé l’unité du Parti. Plus encore que Jiang Zemin et Zhu Rongji, il rassure les cadres du sérail et éloigne le spectre des batailles de pouvoir, autorisant les débats et l’expression d’exigences politiques nouvelles, tout en tenant sous le boisseau les risques d’embardée. Quand elles sont mises en œuvre, les réformes politiques sont en effet prudemment confinées et soigneusement contrôlées par Pékin, avant d’être étendues au reste de la Chine. Jugées trop sensibles, elles sont simplement mises en attente, ou reportées aux calendes grecques.

Le tout baignant dans un système politique collégial, toujours vertical, mais de plus en plus soumis à d’autres influences, qui mêle rigidité doctrinale et pragmatisme, peuplé de haut en bas de technocrates souvent compétents, mais à la fois pointilleux et prudents, effrayés par les conséquences d’une ouverture politique du régime. S’il s’agissait seulement de préserver les acquis d’une « harmonie » sociale et politique déjà consolidée, ce système équilibré de partage d’influences entre les diverses sensibilités du pouvoir aurait pu convenir.

Mais la société bouge vite, et parfois violemment, dans un contexte où s’accumulent les défis, que le pouvoir n’a cessé de répertorier au cours de l’année 2010 : bouleversements créés par l’exode rural massif, casse-tête des planificateurs ; nouvelles attentes sociales dans les bassins d’emploi du sud, remettant en cause les bas salaires et le schéma ancien de développement ; creusement des inégalités ; corruption rampante ; justice sous influence politique ; exigence pressante de la réforme de l’outil industriel, gourmand en énergie et pollueur.

L’inquiétude des élites commence à déborder le rassurant filet consensuel mis en place par le couple Wen Jiabao - Hu Jintao. Elle s’exprime par la renaissance des conflits de références politiques, d’idées et de méthode. Ces derniers opposent les réformateurs audacieux, réclamant d’urgence plus d’ouverture politique, aux conservateurs soucieux de la sécurité politique du Parti, tandis qu’une fraction notable des élites, à laquelle le futur président Xi Jinping prête une oreille complaisante, s’inscrit dans une ligne résolument sociale, au parfum populiste. Ponctuée de références révolutionnaires, elle s’appuie sur les entreprises d’état pour le financement d’importants investissements sociaux, notamment dans le secteur des logements.

Critiquée à la fois par les adeptes de l’ouverture politique et par les thuriféraires de la libre entreprise, cette ligne, mise en œuvre avec quelques succès à Chongqing par le Secrétaire du Parti Bo Xilai, ambitionne d’être le moyen terme entre la rigidité doctrinale fermée, exprimée par le 5e Plenum et les appels pressants pour une évolution démocratique. Elle exprime à la fois les tâtonnements et la souplesse du Régime confronté au défi de la réforme politique, dont beaucoup, y compris le premier Ministre lui-même, ont expliqué qu’elle serait la condition indispensable à la solution des contradictions socio-économiques et à la poursuite sans heurts de la croissance.


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