›› Politique intérieure
Notes.
• Les ajustements idéologiques.
Modifiant progressivement et régulièrement le contenu de la coquille sans toucher au contenant, les ajustements idéologiques sont le signe du pragmatisme du Parti et de sa volonté de s’adapter aux changements du temps, pour rester en prise avec la société et consolider sa légitimité.
Le processus est celui d’une consultation interne au Parti par des circulaires adressées à différents niveaux hiérarchiques. Une Commission spéciale responsable des amendements et directement rattachée au Comité Permanent collationne les propositions et présente une synthèse au Bureau Politique qui l’approuve.
Avant le Congrès la liste des amendements circule à nouveau pour approbation en compagnie du projet de rapport du Secrétaire Général. Enfin, le Président de l’ANP, n°2 du Régime, présente la mouture finale lors du dernier plenum du Comité Central avant le Congrès.
Au cours des 15 dernières années plusieurs ajustements ont attiré l’attention des médias nationaux et internationaux qui les avaient abondamment commentés.
« Les trois représentativités »
: Proposée par l’équipe Jiang Zemin en 2000, elles ont été adoptées au 16e Congrès en 2002. Enrobée dans une phraséologie ambigüe, leur objectif majeur, opposé au dogme marxiste, dont le Régime se réclame toujours en surface, était la cooptation par le Parti des entrepreneurs proto-capitalistes devenus les chevilles ouvrières de la modernisation du pays.
« Le développement scientifique »
était un appel à la rationalisation humaniste de la croissance et à la modernisation du schéma de développement par l’équipe Hu Jintao. Il a été adopté lors du 17e Congrès.
« La société harmonieuse, dans un monde harmonieux ».
Idéal à atteindre pour 2020, au moins à l’intérieur, il traduit la volonté de recentrage sur les valeurs morales et sociales confucéennes, le respect de l’ordre établi, le confort modeste et le concept du « juste milieu », promu par Hu Jintao. Le moins qu’on puisse dire est que l’état de la société chinoise ne reflète pas cet idéal.
• Les débats de la « nouvelle gauche ».
Au sein du Parti il existe des intellectuels qui théorisent à la fois le retour à la « pensée démocratique maoïste » et l’émancipation par rapport à l’emprise univoque de la pensée de Deng Xiaoping qui, depuis 30 ans, constitue le phare idéologique de la Chine moderne.
Ils réagissent à la dégradation morale dont souffre une partie de la société et à la tentation de certains intellectuels d’en chercher le remède dans les systèmes politiques occidentaux.
Le Général Liu Yuan, aujourd’hui Commissaire Politique du Département de Logistique de l’APL depuis 2010, fils de Liu Shaoqi, président de la RPC de 1959 à 1968, martyrisé et assassiné par Mao, est de ceux-là.
Les références à Mao qui persécuta leurs familles par quelques un des « princes héritiers » les plus en vue, comme Bo Xi Lai et Liu Yuan ou Xi Jinping ne laissent pas d’étonner.
James Mulvenon, spécialiste de l’APL, rappelle que les écrits de Liu Yuan, font référence à un essai de Mao traitant de la « nouvelle démocratie » datant de 1940 qui rejetait à la fois le système parlementaire occidental et l’autoritarisme soviétique.
Se référant aussi aux 3 principes du Peuple de Sun Yat Sen, la pensée démocratique maoïste, qui n’a cependant jamais été mise en œuvre lors du règne du tyran, spécule que la Chine serait, grâce au concept de « démocratie interne », capable de créer un front uni de toutes les classes sous la direction du Parti.
C’est précisément cette 3e voie qui intéresse la nouvelle gauche chinoise. Ni autoritaire, ni totalement démocratique à l’occidentale, elle est aussi caractérisée par la « démocratie interne » qui permet éventuellement de remettre en cause la pensée de Deng.
Mais la référence à Mao, dont le crédit démocratique, même à l’intérieur du Parti, est voisin de zéro, affaiblit considérablement le concept et le fait apparaître comme un expédient.
Sa force principale est de proposer une alternative au dilemme de la réforme politique qui porte en elle les ferments de la remise en cause du Parti à la tête de la Chine, en s’appuyant sur la vénération populaire dont continue de bénéficier le mythe du fondateur de la RPC.
Sources.
jamestown.org
hoover.org
hoover.org
csmonitor.com
hoover.org
english.caixin.com