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›› Editorial

Feu sur les néo-maoïstes. Premières escarmouches politiques

Tirs croisés des intellectuels

Dans un des discours les plus remarqués, le Professeur Jiang Ping (81 ans), principal artisan du Code Civil chinois, et ancien Président de l’Académie des sciences juridiques, dénonçait les excuses que se donnait le pouvoir pour ne pas initier des réformes politiques : celle de la priorité cardinale donnée à la stabilité sociale et politique et celle qui spéculait sur « les circonstances exceptionnelles » dans lesquelles se trouvait la Chine.

Ces deux idées, dont la pertinence était largement exagérée, aboutissaient, selon le professeur Jiang Ping, à des manquements graves aux droits de l’homme et aux valeurs universelles : « ceux qui s’arrogent le droit de faire de la stabilité une priorité ont leurs propres critères et une manière particulière de considérer la situation ».

Dans la même veine, Yu Jianrong, de l’Académie des Sciences Sociales, se plaignait des restrictions du droit d’expression depuis 30 ans et de la mise sous le boisseau de tous les débats sur les valeurs universelles. « Le système politique et la philosophie du pouvoir qui devraient avoir pour objectif de protéger les droits des citoyens, n’ont jamais été remis en question (…). Quels recours pour le peuple si le Parti contrevient lui-même à sa propre conception d’un état de droit ? ».

Il était suivi par Gao Dehui, ancien éditeur du magazine des sciences juridiques qui, lui aussi, blâmait le rétrécissement de la liberté d’expression et la censure de la presse, en même temps que l’étouffement des débats politiques sur le chaos de la Révolution Culturelle.

Sur le respect de la constitution, Yu Jianrong recevait aussi le renfort brutal de Zhang Weiying (52 ans), ancien Doyen de l’Ecole de gestion de l’Université de Pékin, révoqué en 2010 pour ses vues jugées trop radicales : « le Parti n’a jamais mis en œuvre qu’un seul principe de la constitution : celui qui affirme absolument son « rôle dirigeant » ».

Quant à Wang Changjiang, professeur à l’Ecole Centrale du Parti, auteur d’un article remarqué sur Xinhuanet en 2009, traitant de la démocratie comme source de légitimité politique, et dont les vues très critiques sur la mauvaise gestion du TGV ont été publiées le 22 août dans le Global Times, il regrettait la puissance sans limites de la bureaucratie, dont l’action n’était bridée par aucun contre pouvoir.

Une autre contribution à souligner, dénonçant les néo-maoïstes, fut celle du fils de Hu Yaobang, Hu Deping, vice-président du sous-comité pour l’économie, de la Conférence Consultative du Peuple Chinois.

Pour lui, qui interrogeait aussi le Parti sur la constante marginalisation des forces pro-démocratiques et le triomphe sans partage du centralisme, le retour du Maoïsme et ses tentatives ultraconservatrices pour manipuler les enseignements de la Révolution Culturelle étaient le signe d’une sérieuse régression politique. Il soulignait en effet que « les représentants de la « gauche ultra » tentaient de se placer au-dessus du Comité Central du Parti », évoquant les dérapages des années de plomb du maoïsme.

Il était appuyé par une des plus sévères et des plus audacieuses charges du séminaire, lancée par Yang Jisheng (68 ans), ancien journaliste de Xinhua, - célèbre pour son livre « Pierre Tombale – Mu Bei », publié en 2008 à Hong Kong, à ce jour une des plus dramatiques et plus précises descriptions des grandes famines chinoises de 1958–1962, initiées par les aberrations idéologiques du Grand Bond en Avant -.

« C’est la vérité que le Parti craint le plus, lui qui est habitué à manipuler l’histoire pour tromper son propre peuple et dont le passé est, à bien des égards, si peu glorieux ».


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