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La chambre de commerce de l’UE en Chine proteste contre la campagne anti-trust

Les nouvelles technologies de l’information dans le collimateur.

Le 14 août, Zhang Xinzhu chercheur à l’Académie des Sciences Sociales renvoyé de son poste de conseiller à la Commission anti-trust du Conseil des Affaires d’État, a nié avoir reçu un pot de vin de Qualcomm pour prendre la défense du fabricant américain de microprocesseurs. Il a également critiqué les méthodes d’investigation de la Commission. Photo : SCMP.

Le secteur high-tech des communications fait depuis plusieurs années l’objet d’une bataille politique marquée en 2013 et 2014 par les accusations réciproques de cyber-espionnage dont les points d’orgue étonnants auront été les révélations d’Edward Snowden qui, à l’été 2013, a rendu publics les programmes américain et britannique de surveillance et d’espionnage des communications par téléphone et internet, suivies un an plus tard de la publication aux États-Unis de la photo de 4 officiers de l’armée chinoise accusés de piratage informatique contre des groupes industriels américains.

Dans le même temps Huawei, le fleuron chinois des équipements de télécom et des téléphones portables accusé d’être un des vecteurs de l’espionnage officiel, continuait sur le marché américain à se heurter aux blocages pour raison de sécurité.

Attaque contre les groupes américains.

En Chine l’affaire Snowden et les transes politiques avec Washington ont accéléré les campagnes publiques pour supprimer progressivement des équipements informatiques officiels les logiciels et serveurs commercialisés par IBM, Oracle et OMC qui jusqu’il y a peu contrôlaient la totalité du marché chinois.

Cinq ans après le lancement de l’offensive les ventes d’IBM, Cisco System et Hewlett-Packard ont baissé. IBM avoue que son marché des logiciels s’est contracté de plus de 8%, tandis que celui des « hardwares » chutait de 25%, notamment dans les administrations et les sociétés de distribution d’électricité qui comptaient parmi ses plus importants clients. Simultanément les ventes des Chinois Huawei et Inspur ont bondi respectivement de 61% et de 288%.

Le symbole Qualcomm

Il reste que, compte tenu du monopole américain dans l’industrie des semi-conducteurs (dans les 20 premiers fabricants mondiaux 11 sont américains), il a été nécessaire de compléter la manœuvre en Chine par une offensive pour non respect de la loi anti-trust.

Celle-ci fut dirigée contre Microsoft dont les bureaux ont reçu la visite des inspecteurs dans plusieurs villes de Chine et dont le logiciel Window 8 n’est pas autorisé sur les ordinateurs de l’État. Mais c’est Qualcom qui pour l’instant essuie la plus violente offensive. N°3 mondial des microprocesseurs derrière Intel et Samsung et n°1 mondial des cellulaires à transmission en bande de base où il détient plus de 60% du marché, le groupe américain est n°2 (33%) en Chine derrière le Taïwanais Mediatek (52%).

La charge anti-monopole contre le groupe américain qui s’inscrit dans les efforts chinois pour mettre sur pied une industrie nationale des microprocesseurs, avait été lancée à l’été 2013 et confirmée par la CNRD en février 2014 à la suite d’une plainte d’une association de producteurs d’équipements informatiques chinois qui protestait contre le prix trop élevé des microprocesseurs de portables et des royalties exigées par Qualcomm.

Menaces juridiques et politiques.

Le 13 août, l’affaire menaçait de prendre un tour politique et judiciaire avec l’accusation publiée dans la presse portée par les autorités chinoises contre Qualcomm d’avoir soudoyé Zhang Xinzhu, un expert en économie de l’Académies des Sciences Sociales. Ce dernier avait été récemment renvoyé de son poste de conseiller de la commission anti-monople du Conseil des Affaires d’État, officiellement pour avoir « enfreint la discipline de travail de la Commission », mais en réalité et selon toute vraisemblance, pour avoir pris la défense de Qualcomm et avoir rédigé un rapport critique des méthodes de la Commission qu’il accusait « d’abus de pouvoir ».

Christine Trimble, chargée chez Qualcomm des relations avec le gouvernement a affirmé que Zhang n’avait pas été payé directement par le groupe américain mais que ce dernier avait engagé une société de consulting qui a utilisé les services de Zhang comme corédacteur du rapport avec deux de ses collègues. Il reste que pour Qualcomm qui subit des pressions très semblables à celles décrites par la chambre de Commerce de l’UE pour baisser les prix, l’affaire est très sérieuse. La branche du groupe qui gère la vente des licences a en effet réalisé en Chine 29% des revenus des 9 derniers mois et 77% du bénéfice avant impôts.

Une pénalité déjà acceptée…

Selon la presse officielle chinoise Qualcomm heurte la libre concurrence et pratique une inflation des prix pour conserver sa position dominante sur le marché. Selon Derek Aberle, le président du groupe, l’impact négatif de l’affaire durera plusieurs trimestres. Elle est encore aggravée par un défaut de paiement de royalties sur plus de 200 millions de portables vendus en Chine. En toutes hypothèses le groupe sait qu’il devra payer des pénalités qui pourraient s’élever à 1,3 Mds de $ soit 10% de ses revenus qui en 2013 se sont élevés à 12,3 Mds de $.

…qui fragilise le droit sur le propriété intellectuelle.

L’objectif de la CNRD qui modifie les règles du jeu en cours de route est de faire baisser le coût des licences et de favoriser l’émergence d’une industrie chinoise des microprocesseurs. Plus largement la manœuvre qui utilise comme toujours le levier de son marché en croissance rapide, auquel les groupes étrangers ont du mal à résister, porte atteinte au concept même du droit de propriété.

Qualcomm a de la ressource.

Familier depuis plus de 20 ans du marché chinois, le groupe américain qui possède un trésor de guerre de 33 Mds de $, a cependant de la marge. Pour rétablir sa position en Chine, il a commencé à mettre en œuvre une stratégie commerciale à double effet destinée à renforcer son image en Chine : un accord avec un fabricant chinois de microprocesseurs pour la production de « puces » destinées à ses téléphones mobiles Snapdragon et à ses tablettes tactiles ; un investissement de 150 millions de $ en capital risque destiné à financer des start-up chinoises du secteur des portables.


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