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›› Chronique

Les entreprises françaises rachetées par des chinois. Bilan des 10 dernières années

Fin octobre 2014, Jean-Pierre Raffarin était au forum d’affaires de Chengdu auquel ont participé 200 P.M.E.françaises. En Chine la popularité de J.P. Raffarin qui aime à dire « je marcherai toujours à l’affectif », est grande. Elle date de 2003 quand, Premier Ministre, il avait été le seul homme d’État étranger à ne pas annuler son voyage en Chine au moment où Pékin était touché par l’épidémie de SRAS. Très attachés à leur image, les Chinois qui, à cette époque, avaient d’abord tenté de cacher l’étendue de l’épidémie à Pékin, lui en sont toujours reconnaissants.

Équilibrer les échanges commerciaux France-Chine

Entre 2003 et fin 2013, le nombre d’implantations chinoises en France a significativement augmenté, passant de 9 à 33 par an, selon le rapport de l’agence française pour les investissements internationaux (AFII). Le récent rachat de l’hôtel Marriott des Champs Elysée par le fonds d’investissements chinois Kuai Yuan Holdings pour une somme de 344.5 millions d’euros en est le dernier exemple.

Dans son allocution de mars 2014, François Hollande avait fait part à son homologue chinois, Xi Jinping, de la nécessité de rééquilibrer les échanges commerciaux entre les deux puissances économiques. Selon l’AFII, 75% des flux bénéficient actuellement à la Chine, c’est-à-dire que l’on observe majoritairement des entreprises françaises s’installer en Chine plutôt que l’inverse. Les analystes et les autorités françaises y voient une valeur ajoutée seulement profitable à l’économie domestique chinoise. La tendance actuelle dénote donc d’un rééquilibrage de la relation bilatérale.

Quels types d’investissements chinois en France ?

Le bilan des dix dernières années démontre que la Chine s’intéresse en grande partie aux secteurs suivants : les hautes technologies, la chimie, l’énergie, le tourisme et les infrastructures.

Plus encore, le bilan des rachats d’entreprises françaises par la Chine met en avant deux types d’objectifs principaux.

• S’approprier des outils technologiques et du savoir-faire plus rapidement qu’en restant en Chine.

• Développer une stratégie fondée sur l’acquisition de marques et de leurs réseaux de clients afin de pénétrer les marchés occidentaux en appui exportations chinoises.

Le bilan révèle aussi trois modes d’achat de nos fleurons : les acquisitions, les prises de participation, et les implantations.

Acquisitions : les deux plus importantes sont :

• L’acquisition de Marionnaud en 2005 par le groupe AS Watson, filiale du conglomérat Hutchisan Whampoa. Celle-ci a permis à AS Watson de devenir le leader mondial dans la parfumerie pour la somme de 900 millions d’euros. En 2004, lors de la reprise, le bilan de Marionnaud affichait 78 millions d’euros de pertes. Depuis cette acquisition, le Chiffre d’Affaires a nettement augmenté (+4% en moyenne entre 2009 et 2013).

• Le rachat de Rhodia (7 X EBITDA) en 2006 par Bluestar, filiale de ChemChina a permis au groupe de renforcer sa présence sur le marché local. En 2010, Rhodia rachetait Feixian Chemicals.

Les principale prises de participations sont :

• La joint-venture PSA-Dongfeng. Depuis le 31 mars 2014, Dongfeng, la famille Peugeot et l’État français détiennent chacun 14% des actions. La dernière usine créée à Wuhan devrait permettre de produire jusqu’à 750 000 véhicules par an, et de développer une plateforme « low cost ».

• En juin 2013, la prise de participation de 26 millions d’euros du Club Med par le conglomérat chinois Fosun surnommé le « Warren Buffet chinois », a pour objectif pour le groupe touristique d’attirer plus de touristes chinois au sein de ses clubs (voir aussi Le Club Med en Chine).

Concernant les implantations, la présence et les services offerts par la banque ICBC à Paris montre l’importance prise par les investissements chinois. ICBC, qui est une banque entièrement chinoise, offre une gamme de services financiers aux entrepreneurs chinois souhaitant s’implanter tant en France qu’en Afrique.

D’autres rachats attestent que la Chine a pris part à des acquisitions ciblées, afin de palier ses faiblesses technologiques : En 2011, le fonds souverain « China Investment Corporation (C.I.C) » a pris une participation de 30% dans le réseau exploration – production gaz et pétrole de GDF-SUEZ ; la même année, le groupe pharmaceutique Chinois Inner Mongolia Free Han a injecté 20 millions d’euros dans Echosens (diagnostic en hépatologie), tandis que le groupe chinois YTO Group achetait McCormick France SAS pour 8 millions d’€.

Enfin, en 2012, le fonds souverain chinois rachetait 8% des actions de l’opérateur de satellites « EUTELSTAT Communications », pour un montant de 385 millions d’euros.

Quel effet pour les PME françaises ?

Si les grands groupes profitent très largement de ces investissements chinois, le bilan des PME reste plus mitigé :

En 2005, deux ans après le rachat de la branche télévision de Thomson par TCL, à hauteur de 70%, le fonds chinois a été contraint de déposer le bilan. Constat similaire en 2009, avec la PME Plysorol (contreplaqués) rachetée par le chinois Guohua Zhang. Plus récemment, le 9 janvier 2014, Shanghai Electric s’est dessaisi de Goss France (rotatives d’imprimeries) après avoir agressivement racheté la société en 2010, la laissant aujourd’hui dans une situation fragile.

Des problèmes liés à la différence de culture de travail, au dialogue social et au code du travail sont souvent pointés du doigt par les entreprises chinoises lors de ces investissements dans des structures plus modestes où les modes de fonctionnement et la capacité de réaction au changement sont plus indispensables que dans les grands groupes.

Les entreprises françaises, elles, pointent du doigt le risque d’appropriation de brevets, l’incertitude des projets et la vision stratégique difficile à assimiler de leurs homologues chinois.

Mais la croissance des investissements chinois en France et l’expérience engendrée par les deux parties peut permettre à terme de lisser ces différences de vision. De même, des initiatives visent aujourd’hui à favoriser ces relations Franco-Chinoises, notamment en faveur des PME.

On citera notamment le projet de l’ancien Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin, passionné par la Chine et qui a permis de contribuer à la création d’un forum d’entreprises à Chengdu qui s’est tenu fin octobre 2014, dans le cadre de la 15e Foire internationale de l’Ouest de la Chine regroupant plus d’un millier d’entreprises internationales et locales.

Une délégation française composée de plus de deux cents PME, justifiée par les 50 ans des relations diplomatiques franco-chinoises, était présente dans la capitale du Sichuan pendant ces 3 jours de rencontres. Le Ministre français du Commerce extérieur, Mathias Fekl, avait également fait le déplacement.

Lire aussi :
- Les Chinois en France.
- Chine – France. Histoire, politique, coopération et maîtrise des transferts technologiques.


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