›› Editorial
Le 15 avril, il avait signé un étonnant éditorial dans le Quotidien du Peuple en souvenir de son mentor Hu Yaobang, réformateur emblématique sanctionné par Deng Xiaoping et jusque là systématiquement ignoré des médias officiels. Depuis, il a multiplié les signaux en faveur de l’ouverture politique. Les observateurs avaient remarqué son absence à la cérémonie d’inauguration de l’Exposition Universelle de Shanghai, symbole éclatant de la réussite économique et du retour d’influence de la Chine sur la scène internationale. Pour bien marquer que son attention allait d’abord aux victimes et aux défavorisés, Wen avait préféré retourner sur les lieux du séisme de Yushu au Sichuan.
Peu après, on le voyait à Beida, en compagnie des étudiants, commémorant avec eux l’anniversaire du 4 mai, date historique du nationalisme chinois, né de la fureur de la jeunesse après que le traité de Versailles eût attribué au Japon la concession allemande du Shandong. Il y parla d’éducation, de démocratie et d’indépendance de la justice : « la justice doit briller plus fort que le soleil ».
Enfin, à la fin août, il était à Shenzhen, une destination mythique de la Chine moderne, où, en 1992, Deng Xiaoping relança avec panache sa politique de réformes économiques menacée par les conservateurs. Là aussi Wen Jiabao évoqua l’urgence d’une réforme politique en définissant ses objectifs sous forme de « 4 exigences » :
La réforme - précisait-il - devrait : « 1.- protéger les droits légaux et démocratiques du peuple ; 2.- permettre sa large participation aux affaires économiques, sociales et culturelles ; 3.- résoudre le problème de l’excessive concentration des pouvoirs, punir la corruption et créer les conditions permettant au peuple de contrôler et de critiquer le gouvernement ; 4.- créer un système judiciaire juste et indépendant, condition de la confiance du peuple dans le développement de la Nation ».
Les médias officiels n’ont que discrètement rendu compte du discours de Wen à Shenzhen. Mais l’événement, relayé par Internet, a reçu de larges échos en Chine et hors de Chine. L’effervescence provoquée signale à quel point d’importantes portions du public chinois attendent des initiatives concrètes du pouvoir, alors qu’il y a trois ans le rapport du 17e Congrès promettait déjà « la construction d’un socialisme démocratique ».