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« 11 fleurs » de Wang Xiaoshuai

Un cinéaste se souvient

C’était au temps où des hauts-parleurs crachotant un air martial réveillaient les villageois des unités de travail. C’était au temps d’une révolution culturelle finissante, juste un an avant la mort de Mao qui persuadait encore la Chine qu’elle avait un avenir radieux.

Nous sommes en 1975 et Wang Han avec son foulard rouge de pionnier autour du cou, ressemble beaucoup à l’enfant que fut le cinéaste Wang Xiaoshuai, aujourd’hui 45 ans et réalisateur de Beijing Bicycle et Shanghai Dreams.

L’humidité est partout à Guiyang dans la province du Guizhou où se déroule l’enfance de Wang Han. Celle d’un écolier presque modèle qui devient le chef de gymnastique de son école, fonction qui nécessite l’achat d’une chemise neuve…

Sa sensibilité à fleur de peau et la fibre artistique que lui inculque son père, amoureux des impressionnistes – alors interdits - font du petit Wang Han un enfant un peu fragile.

« Tu t’imagines être né ailleurs, tu n’es que toi, né dans cette famille à cette époque. Tes rêves ne changeront pas l’empreinte de ta vie. Tu dois l’accepter et la respecter. »

L’insouciance propre à l’enfance est battue en brèche par l’intrusion sournoise de la politique dans la vie quotidienne de la famille.

La grande histoire s’installe dans la bande des quatre enfants - allusion à la célèbre « bande des quatre » ? - et bouleverse petit à petit leur vie, sans fracas mais sûrement.

La violence s’immisce par petites touches, peu montrée, plutôt suggérée. On croise dans ce village-usine pas mal d’intellectuels envoyés à la campagne devenir de meilleurs maoïstes. Des affrontements entre garde-rouges et conservateurs et des exécutions sommaires, on verra peu de choses mais on comprendra tout. Le drame semble en suspend tout comme les gouttelettes de pluie dans l’atmosphère saturée d’humidité du sud de la Chine.

Ce film nous fait vivre l’histoire de la Chine à la hauteur du regard d’un enfant de 11 ans qui copie un bouquet de marguerites dans l’espoir de devenir un artiste, qui comme lui a dit son père, est un homme libre.

Première coproduction entre la France et la Chine, 11 Fleurs, porté par la beauté des images et bouleversant de simplicité n’est pas sans évoquer le courant de la littérature de cicatrices - 伤痕文学 - Shang Hen Wenxue - version cinéma.

Voir la bande annonce sur Youtube


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