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Le 11 novembre 2020, s’appuyant sur le récent « décret patriotique » passé par l’ANP, autorisant l’exécutif de Hong Kong à démettre un parlementaire jugé « déloyal » envers la Chine sans décision judiciaire, 4 parlementaires ont été expulsés du Legco.
De gauche à droite Alvin Yeung, Kwok Ka-ki, Kenneth Leung et Dennis Kwok. Tous ont été accusés de manquer de loyauté patriotique envers la Chine. Les trois premiers pour n’avoir pas manifesté clairement leur opposition au séparatisme et avoir critiqué la loi sur la sécurité nationale. Denis Kwok pour avoir cautionné une tactique politique de harcèlement parlementaire contre la majorité pro-Pékin lors de l’élection de son successeur à la vice-présidence du comité politique du Legco. Photo : SCMP.
La décision de faire expulser des parlementaires élus révèle que l’objectif de Pékin est d’éliminer les voix critiques et d’effacer l’empreinte démocratique du pouvoir législatif de Hong Kong. Au passage, les raisons invoquées révèlent l’extrême sensibilité du Parti au surgissement de la mouvance « séparatiste » portant un projet de rupture avec la Chine.
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Après l’été 2019, les premières protestations contre la loi sur l’extradition – plus tard retirée par Carrie Lam - se dilatèrent en de très violentes émeutes dont l’épicentre fut, il y a tout juste un an – les 18 et 19 novembre 2019 -, l’Université Polytechnique.
A ce moment, accompagnant le vote du 30 juin 2020, par l’Assemblée Nationale de la loi sur la Sécurité Nationale, le discours public chinois, était que Pékin respecterait le schéma « Un pays deux systèmes ». Depuis le 11 novembre pourtant, le récit officiel dont chacun pouvait déjà percevoir le biais politique, ne peut plus se prévaloir de l’excuse de préserver la R.A.S. du chaos.
Éliminer la démocratie.
Le doute n’est plus permis. Au-delà de l’impératif de sécurité, l’objectif du Parti est bien d’effacer l’empreinte démocratique, comme le montre l’expulsion le 11 novembre par Pékin de quatre parlementaires du Legco accusés de « manquer de loyalisme ». L’éviction a été décidée après l’adoption par l’Assemblée Nationale Populaire d’un décret dit « patriotique » autorisant le gouvernement de Hong Kong à démettre sans jugement des parlementaires dissidents [1].
La manœuvre a aussitôt provoqué la démission des 19 élus démocrates, transformant le Legco en une assemblée purement formelle aux ordres de Pékin, dont le pouvoir de contrôle et de contestation a disparu.
Le 15 novembre le WSJ publiait un long article retraçant « La Chute de Martin Lee et de son rêve démocratique pour Hong Kong ».
Note(s) :
[1] Il s’agit de :
(1) Dennis Kwok, 42 ans, avocat membre du parti civique de la mouvance démocrate, élu au sein du quota législatif des circonscriptions professionnelles. Ancien vice-président de la Comité du Legco et et de sa commission des lois.
Il était dans le collimateur de Pékin depuis qu’à partir de son poste de vice-président du comité du Legco il avait, d’octobre 2019 à mai 2020, cautionné une stratégie de harcèlement contre la majorité pro-Pékin en faisant systématique obstacle à l’élection d’un successeur à son poste.
En mai 2019 Andrew Leung président du Legco l’avait relevé de ses fonctions de vice-président du Comité du Legco.
(2) Alvin Yeung, 39 ans, avocat, président du parti civique, député des Nouveaux Territoires.
(3) Kwok Ka-ki, 59 ans, urologue, ancien député des Nouveaux Territoires, disqualifié pour les mêmes raisons que Alvin Yeung.
(4) Kenneth Leung, 58 ans, conseiller fiscal, ancien député de la circonscription électorale professionnelle des comptables et fiscalistes.
Les trois précédents avaient été disqualifiés par Pékin de se représenter en mai 2020, sous l’accusation d’avoir critiqué la loi sur la sécurité nationale et de ne pas s’être assez sincèrement opposés au mouvement séparatiste.