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›› Chronique

Alibaba : le rêve écorné, mais toujours du potentiel

Début févier, invité par « Our Hong Kong Foundation » centre de recherche créé par Tung Chee-hwa, premier gouverneur chinois de la R.A.S, Jack Ma expliquait qu’il ne fallait pas craindre les actions en justice, normales dès lors qu’on était coté en bourse. Il a également minimisé les critiques contre Taobao la plateforme de distribution en ligne d’Alibaba accusée de vendre des contrefaçons.

Le groupe chinois de vente en ligne Alibaba est depuis une semaine au centre d’événements complètement inédits. Harcelé à l’intérieur par le régulateur du commerce et de l’industrie – en Chinois 国家工商行政管理总局 (Guojia Gongshang Xingzheng Guanli Congu, acronyme anglais S.A.IC) – qui dénonce la forte proportion de contrefaçons proposées à la vente, Alibaba est aussi mis en accusation à New-York par un cabinet d’avocats représentant les actionnaires du groupe pour avoir manqué aux obligations de transparence sur ses démêlés avec le régulateur chinois avant l’introduction en bourse en septembre dernier où Alibaba avait levé 25 Mds de $.

Un symbole de la modernité et de l’ouverture…

L’affaire est d’importance parce que le groupe est un tout nouveau fleuron, symbole de la modernité chinoise dont les actions distribuées à l’oligarchie ont permis l’enrichissement rapide des familles de dirigeants. Les attaques qu’il subit pourraient être partie d’une riposte des conservateurs inquiets de l’incursion de Jack Ma dans les chasses gardées de la finance, bastion s’il en est des tenants de l’ancien schéma de développement, alors que, basé à Hangzhou, Alibaba a également l’oreille du Président Xi Jinping, ancien secrétaire général du Zhejiang. Lire notre article ALIBABA lance 8 Mds de dollars d’obligations et vise le marché des services financiers.

…handicapé par les maladies du système.

La controverse est symbolique des difficultés de la modernisation. Alors qu’Alibaba pourrait, avec l’appui de la banque de Chine, participer au déverrouillage du système bancaire chinois par la mise sur le marché international en octobre de 8 Mds de $ d’obligations – dépassant celles de 6,5 Mds de la Bank of China un mois plus tôt - et la création également en 2014, de sa filiale Ant Finance, épine dorsale des stratégies de conquête du marché financier, le groupe se trouve brutalement handicapé par quelques grands vices internes du système chinois : la contrefaçon, tare endémique de l’usine du monde, les luttes politiques internes, entraves classiques à la modernisation et, enfin, le défaut de transparence, objet de toutes les attentions des régulateurs de la bourse de New-York.

Partie des incompréhensions à la fois culturelles et politiques, le soupçon de dissimulation pesant parfois sur les opérations des groupes chinois à l’étranger, concerne non seulement la structure du capital des entreprises et leurs stratégies, mais également la nature de leurs connexions politiques avec le pouvoir. In fine, le flou installe un doute sur la pertinence même des interlocuteurs chinois chargés des négociations à l’étranger alors que le véritable pouvoir est réfugié dans les entrailles du système.

Dans ce cas précis, la plainte des actionnaires pour dissimulation ne porte, il est vrai, que sur une incidence précise : avant son introduction en septembre, Alibaba n’avait pas mentionné ses démêlés avec la S.A.I.C.

Ils avaient pourtant eu lieu près de deux mois avant l’offre publique au NYSE et leur connaissance par les actionnaires potentiels aurait pu avoir un effet sur l’ampleur des sommes levées. L’accusation de dissimulation s’ajoute aux incertitudes sur l’indépendance politique du Conseil d’administration compte tenu de la nébuleuse des actionnaires chinois liés à l’oligarchie. Lire notre article ALIBABA et les investissements cachés de l’oligarchie.

Même si la croissance ralentira notablement, le potentiel du groupe reste important, favorisé par l’ampleur du marché en ligne et son implication dans les services financiers avec l’appui des autorités de la Banque centrale.


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