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›› Chronique

Alibaba : le rêve écorné, mais toujours du potentiel

Pratiques illégales et vente de produits contrefaits.

Fausse bicyclette de la marque Dahon proposée par Taobao, le site de vente en ligne d’Alibaba (photo WSJ). La prolifération des contrefaçons devient un des obstacles majeurs au développement de la vente en ligne. Pour Taobao et Alibaba le plus grand défi est de corriger la mauvaise image qui les associe à des produits frelatés de faible qualité.

L’effervescence autour de Jack Ma qui tente de se défendre en exliquant que les attaques sont normales dès lors qu’on s’inscrit en bourse, date du 28 janvier quand la S.A.IC mit en ligne sur son site une enquête visant directement les méthodes et le style d’Alibaba – une incidence publique très rare quand il s’agit d’une entreprise nationale de cette envergure –. Alors, que le personnel de direction était blâmé pour son « arrogance », le groupe était accusé de « multiplier les opérations illégales », d’autoriser les opérations sans licences de distributeurs et de boutiques et de mettre sur le marché des contrefaçons de marques célèbres. Dans la foulée un journal de Hong Kong accusait aussi Alibaba de vendre en ligne des faux diplômes.

Fébrilités new-yorkaises.

Mais le détail qui, le 30 janvier, a mis en branle les avocats new-yorkais fut la mention par le site de la S.A.I.C d’une réunion à huis clos fin juillet tenue secrète par Jack Ma entre les régulateurs et Alibaba, précisément à propos des ventes de contrefaçons et autres soupçons de pratiques illégales de la compagnie.

Prenant conscience de l’émoi juridique provoqué par sa révélation, la S.A.IC s’est empressée d’effacer l’information, ce qui accrédite l’hypothèse d’une querelle interne. Pour en atténuer la portée légale utilisable par les avocats new-yorkais contre Alibaba, le régulateur chinois explique aujourd’hui que la réunion était informelle et ne comportait aucune injonction explicite et légale de mise aux normes.

Mais le doute persiste. Jack Ma a beau se démener pour expliquer que « les compagnies chinoises cotées en bourse ne devraient pas être effrayées par l’éventualité d’un procès » et que les produits mis en ligne par la plateforme Taobao « participent d’un esprit innovant », l’épisode fait resurgir toutes les appréhensions réelles ou fantasmées qui accompagnent souvent les affaires chinoises. Parmi elles, le serpent de mer de la contrefaçon difficile à nier, l’opacité de la structure du capital et l’enchevêtrement inscrit dans l’ADN du régime entre affaires et politique.

L’ambition planétaire de Jack Ma, freinée par les quelques vieilles tares des affaires chinoises a brutalement télescopé les obsessions de transparence de la bourse américaine. La collision a provoqué une sérieuse chute des cours d’Alibaba. Cotée à 92 $ le 19 septembre, à l’introduction, l’action avait bondi à 115 $ le 14 novembre. Le 4 février elle plafonnait à 90 $.

Perspectives.

Une publicité du bras financier d’Alibaba 蚂蚁 金服 (mayi jin fu – services financiers de la fourmi, Ant Financial) créé en 2014 dont les activités concurrencent celles des banques publiques. (Photo Global Times)

Mais, s’il est vrai que le rêve écorné est retombé sur terre, le potentiel du groupe n’a pas disparu, même s’il est peu probable que l’action s’envole à nouveau. En tête : les perspectives chinoises du marché des achats en ligne dont la croissance est estimée à +24% d’ici 2019.

Alibaba en tirera profit, à condition qu’il relève les défis de la qualité, de la compétition interne et des goulots étranglement des transports. Les bénéfices du groupe seront cependant handicapés par les investissements nécessaires pour remédier aux difficultés de la distribution en Chine, corriger la mauvaise presse née des accusations de la S.A.I.C et faire face aux revendications salariales de la pléthore d’intermédiaires et des livreurs qui sillonnent les villes chinoises en vélos électriques.

L’autre perspective à laquelle il faut prêter attention concerne l’implication du groupe dans les services financiers. Créé l’année dernière, « Ant Financial », le bras financier du groupe qui englobe le système de paiement en ligne Alipay, a rapidement pris de l’ampleur en ciblant essentiellement les services financiers au profit des PME et la pléthore des usagers insatisfaits des services des banques publiques. Le potentiel de croissance est d’autant plus probable que la démarche d’Alibaba s’inscrit exactement dans les projets de la Banque de Chine de bousculer par la concurrence le monopole des banques publiques.


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