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›› Politique intérieure

Avantages et risques politiques du syndicalisme

Alors que la crise sociale dans le sud chinois n’est pas résorbée, la Fédération Nationale des Syndicats, proche du pouvoir, vient de déclarer qu’elle « accentuerait son action pour protéger les droits des ouvriers et faciliter des relations de travail harmonieuses, afin que les travailleurs puissent vivre plus dignement, condition de la stabilité de la main d’œuvre et de la société ».

Compte tenu des liens directs entre le Parti et la Fédération syndicale, la prise de position peut être considérée comme une déclaration officielle du pouvoir chinois et une mise en garde adressée aux entreprises. Désormais, le pouvoir lie officiellement la sacro-sainte stabilité sociale, priorité cardinale du régime depuis la prise de pouvoir par Deng Xiaoping, à la dignité des conditions ouvrières.

Dans un article mis en ligne le 15 juin, sur le site China Media Project, le professeur YU Jianrong, Directeur du Centre de recherches sur les conflits sociaux à l’Académie des Sciences Sociales (voir l’article de QC du 5 septembre 2009), établit un lien direct entre la fermeté de cette déclaration, qui tranche avec l’habituelle prudence du syndicat officiel, et le recadrage du 17e Congrès, appelant à plus de justice sociale, et où le Président Hu Jintao mettait l’accent sur la nécessité de promouvoir les droits des travailleurs.

Le professeur YU s’attarde aussi sur les responsabilités politiques des troubles actuels. La mise en garde aux entreprises est en effet étendue aux cadres locaux, longuement et vertement pris à partie : « pour augmenter les profits, certains responsables ont sacrifié les droits des travailleurs (...). Lors de la réforme des entreprises publiques, ils se sont approprié les biens de l’Etat, créant leurs entreprises privées, où la main d’œuvre était cruellement exploitée... Il y a des usines où les travailleurs ne sont rien d’autre que des esclaves ».

Plus loin il dénonce les méthodes répressives : « Au prétexte de garantir la stabilité sociale, les cadres locaux ont durement réprimé les manifestations légitimes des travailleurs pour protéger leurs droits ».

Enfin, abordant le vif du sujet, il ajoute : « Dans l’Europe du XIXe Siècle, la radicalisation des conflits prenait toujours racine dans le refus des pouvoir publics de reconnaître les syndicats ». Alors que jusqu’ici les manifestations ouvrières étaient étroitement surveillées, et si nécessaires réprimées (mise à pied et arrestation des meneurs, utilisation de la force publique, parfois avec le concours du syndicat lui-même), un intellectuel, membre d’un des plus puissants « Think Tank » du régime, les réhabilite avec une étonnante force de conviction.

Au point que le texte, qui présente l’organisation des travailleurs comme une nécessité, n’est ni plus ni moins qu’une apologie du syndicalisme moderne, jusque là tenu à longueur de gaffe par le régime. « Il existe dans tous les pays développés des grands syndicats bien organisés. Les pays en développement devraient les imiter, et accepter qu’ils deviennent des éléments à part entière de la dignité nationale, aussi indispensable qu’une armée, une compagnie aérienne nationale, ou un ministère des Affaires étrangères ».


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