Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Politique intérieure

Coïncidences et pétitions

Pékin censure Wen Jiabao sur CNN.

Pour la 2e fois depuis son accession au pouvoir le Premier Ministre a, le 2 octobre dernier, accordé une interview à CNN. La prestation de Wen Jiabao a attiré l’attention des médias internationaux pour deux raisons. La première est la manière avec laquelle il a, encore une fois, insisté sur la nécessité des réformes politiques et loué les vertus de la liberté d’expression. (Lire l’article de QC du 3 septembre 2010 « Qui est Wen Jiabao ? »)

La deuxième raison de l’intérêt des observateurs est la censure qui a frappé l’émission, non diffusée en Chine, mais dont la propagation a échauffé le net : « le monde entier peut écouter notre Premier Ministre, sauf nous ». Beaucoup ironisaient sur « l’harmonisation de la parole du Premier ministre par le Parti », brocardant le slogan de Hu Jintao qui prône une « société harmonieuse ».

Un autre commentaire, lu plus de 10 000 fois en quelques heures, se montrait enthousiaste : « Les trois grands Chinois du siècle dernier furent Sun Yat-sen, Mao Zedong et Deng Xiaoping. Si Wen arrivait à promouvoir les réformes politiques, il serait le premier grand chinois du XXIe siècle.

Il y eut aussi la collection des sceptiques : « Ne soyons pas naïfs. Quels sont ceux qui perdraient le plus d’une réforme politique ? Croyez-vous qu’ils creuseraient leur propre tombe ? Ou qu’ils ne craignent pas d’avoir à rendre des comptes ? »

Au fil des mois l’idée maîtresse de l’insistante campagne de Wen Jiabao pour les réformes politiques s’est précisée. Aujourd’hui, il affirme que, sans évolution politique, les principales tares qui accablent la situation socio-économique du pays ne pourraient pas être corrigées. Disant cela, il rejoint l’analyse de nombreux chercheurs chinois estimant que l’obsession du Parti pour la stabilité sociale étouffe la vitalité de la société.

Devant cette incongruité d’un premier ministre ouvertement censuré par son Parti - qui pourrait bien signaler quelques cafouillages internes, sinon un désarroi ou même des rivalités plus ou moins fortes -, les commentaires redoublent, et les experts sont perplexes : « C’est une opération de communication du Parti destinée aux étrangers », disent les uns ; ou « une entreprise d’autopromotion avant la retraite », affirment les autres. Quelques uns croient y voir les prémisses de craquements sur la scène politique chinoise, en amont du 18e Congrès.

Il reste que rares sont ceux qui estiment que ce fonctionnaire appliqué au regard vaguement inquiet et à l’allure rigide possède le charisme, l’influence et l’audace d’un Mao ou d’un Deng, pour bouleverser l’ordonnancement politique de la Chine, gouvernée depuis 1949 par le dogme immuable du rôle dirigeant du Parti.

Chen Ziming qui a purgé une peine de 13 ans de prison après Tian An Men estime « qu’il est peu probable qu’un changement politique majeur se produise en Chine. Bien que les Chinois moyens et quelques voix au sein du Parti souhaitent des réformes, l’oligarchie ne se laissera pas dépouiller si facilement ».

Mais les conjonctions d’événements ont parfois une vertu multiplicatrice, favorisant les métamorphoses. Qui sait si le combat de Wen Jiabao ne bénéficiera pas du contrecoup psychologique et politique de ce prix Nobel de la paix qui embarrasse tellement le Régime et mobilise de nombreux chinois, intellectuels, chercheurs et fonctionnaires, autour de l’idée de la nécessité des réformes politiques.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

L’appareil fait l’impasse du 3e plénum. Décryptage

A Hong-Kong, l’obsession de mise au pas

Pour l’appareil, « Noël » est une fête occidentale dont la célébration est à proscrire

Décès de Li Keqiang. Disparition d’un réformateur compètent et discret, marginalisé par Xi Jinping

Xi Jinping, l’APL et la trace rémanente des « Immortels » du Parti