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Conférence économique centrale. Alerte à l’évasion de capitaux. Un objectif : rétablir la confiance

Fraudes et canaux parallèles.

Le graphe publié par le site Zero Hedge, montre le flux des capitaux entrants et sortants de Chine. On constate une forte accélération des sorties, correspondant pour partie à la nouvelle expansion hors de Chine de l’économie chinoise. A partir de l’été 2015 la proportion de fuite des capitaux (en bleu) augmente, jusqu’à constituer au premier semestre 2016 une part anormale des sorties de capitaux.

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Attentifs aux indices, les contrôleurs notèrent un écart de 10% entre les statistiques d’exportation vers la R.A.S du ministère chinois du commerce comparées à celles des douanes de Hong Kong. En mars dernier, le différentiel représentait 1,4 Mds de $ cumulés équivalant à de fausses factures correspondant à des exportations factices. Ces fraudes viennent s’ajouter à d’autres canaux légaux favorisant la fuite des capitaux, tels les achats d’assurance-vie par des Continentaux de passage à Hong Kong dont le montant a atteint 3,9 Mds de $ au cours des 6 premiers mois de 2016 (soit +116% par rapport à 2015). Pour le seul mois de septembre 2016, les contrôleurs de la R.A.S estimaient la fuite à 78 Mds de $.

Enfin, en octobre Blomberg faisait état d’une analyse de Goldman Sachs anticipant que la fuite de capitaux pourrait être encore plus importante depuis que les devises quittent la Chine libellées en Yuan, le change en $ se faisant à l’étranger ce qui épargne les réserves et rend le phénomène moins directement perceptible.

Au cours du seul mois d’août 27,7 Mds de Yuan (soient 3,9 Mds de $) ont ainsi quitté la Chine dans un relative discrétion, dans un contexte général où, depuis 5 ans, la moyenne mensuelle des sorties de capitaux est de 4,4 Mds de $ qui ne peuvent pas seulement s’expliquer par des opérations commerciales, tandis que la nouvelle mode des conversions hors de Chine affecte la stabilité offshore de la monnaie chinoise.

Le phénomène ne faiblit pas. Au 3e trimestre 2016, dopée par l’anticipation d’une hausse du $ après l’élection de Trump, les sorties de capitaux ont atteint 207 Mds de $. Pour l’enrayer, jusqu’à présent sans trop de succès, les pouvoirs publics n’ont pas ménagé leurs efforts.

Au cours du seul 3e trimestre 2016, ils ont, après une pause au 2e trimestre d’abord augmenté notablement le poids des réserves de change investies pour freiner la dépréciation de la monnaie (129 Mds au 1er trimestre 2016, 34 Mds au 2e et 136 Mds au 3e), tandis que le déficit du compte financier prévisionnel hors réserves (bilan entre création de valeur ajoutée et les engagements financiers publics qui définissant un seuil de rentabilité à moyen et long terme de l’action du gouvernement) s’alourdissait à 206 Mds de $ en hausse de 110% par rapport au 2e trimestre.

Le mouvement s’accompagnait d’une double tendance inverse et symétrique : l’augmentation de 45% de juin à septembre des investissements directs chinois à l’étranger (I.D.E) et la contraction de 44% sur les 9 premier mois de 2016 des investissements entrants en Chine, source supplémentaire d’inquiétude pour les pouvoirs publics.

La difficile reconstruction de la confiance.

Pour restaurer la confiance dégradée dans l’économie, cause de la fuite des capitaux, le gouvernement a mis en place un système d’alerte des dettes locales avec obligation faite aux responsables locaux de restructurer leur budget si la charge de la dette dépasse 10% du budget. Depuis 2010 on constate 1) une augmentation de la part de « finances grises » dans les budgets locaux et 2) une inflation de la dette. Graphe publié par The Economist. (Source FMI, banque des règlements internationaux).

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La détermination du pouvoir qui entend reconstruire la confiance en conciliant les contraires, se lit aussi dans des mesures visant d’une part à freiner la montée du risque spéculatif dans l’immobilier, autre facteur de défiance des investisseurs, par le durcissement des freins aux achats de logements dans de nombreuses villes de 1er et 2e rangs (Pékin, Shenzhen, Chengdu, Jinan, Wuhan, Zhengzhou, Hefei, Nanjing, Hangzhou, Wuxi) et, d’autre part, à mettre sur le marché à des fins de relance économique rurale, 137 hectares de nouvelles surfaces constructibles.

Simultanément, le ministère du logement a annoncé son intention de lancer des actions en justice contre 45 promoteurs ou agents immobiliers accusés « d’incitation à la spéculation », dans un contexte où les prix des logements s’envolent à nouveau avec, de janvier à août, des hausses de 48% à Hefei, de 40% à Pékin, de 37% à Shenzhen et de 20% à Tianjin. (Source Bulletin économique de l’ambassade de France, novembre 2016).

Dans le même esprit de précaution destiné à rétablir un sentiment de sécurité dans l’avenir de l’économie, la Banque Centrale a mis en garde les banques commerciales du Zhejiang contre les évasions de capitaux opérées par le truchement de la zone sous douane de Shanghai en les déguisant en investissements directs étrangers chinois. Surtout, depuis le 27 octobre, le Conseil des Affaires d’État a mis en œuvre un plan d’action en cas « d’incident de crédit sur la dette des gouvernements locaux » que le gouvernement tente de juguler pas toujours avec succès (lire Dettes des provinces : Pékin reprend la main).

Le plan signalé par le Bulletin économique de l’Ambassade de France définit plusieurs critères de risques articulés pour les districts menacés de faillite dont la probabilité est évaluée sur une échelle de 1 à 4. La volonté du Centre de ne pas perdre le contrôle et de tout faire pour restaurer la confiance est manifeste.

Elle est assortie du rappel de la responsabilité des pouvoirs locaux à qui le pouvoir réitère que le gouvernement ne garantira pas leurs faillites tout en les obligeant à procéder à la restructuration de leurs dépenses – y compris par des ventes d’actifs, la suspension des crédits d’impôts et la réduction des investissements - dès lors que les intérêts de la dette dépasse 10% de leur budget. Notons au passage qu’il s’agit d’une bascule complète et radicale de l’ancienne culture d’investissements publics démesurés dont l’arrière plan malsain était souvent gouverné par un souci d’affichage.


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