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›› Editorial

Dix ans après DENG Xiaoping, reconnaissance... avec réserves

En cette fin de février 2007, la direction chinoise a marqué assez discrètement le dixième anniversaire de la disparition de DENG Xiaoping. La presse, un peu plus. Pourtant, le bond en avant que la Chine a fait depuis 1979 et encore plus depuis 1992, elle le devait pour l’essentiel au “petit timonier”, dont le testament a été respecté jusqu’en 2004-2005.

Dès les années 1980-1990, DENG avait su imposer la “Réforme-Ouverture” : réforme de l’économie planifiée, à bout de souffle ; ouverture vers les Etats-Unis, l’Europe et le Japon, apporteurs d’investissements et de technologies. A partir de 1992, DENG a été l’initiateur de “l’économie socialiste de marché”, avec la priorité donnée à la croissance de l’économie, l’acceptation des inégalités sociales et régionales, un régime économique d’ultra-libéralisme mâtinée d’un reste de dirigisme.

Ses plus grandes réformes politiques, informelles, datent du début : l’abandon de l’éducation politique de masse, la libération du comportement individuel, le réalisme économique (d’abord avec l’abandon des communes populaires), étaient à l’opposé des dix années de Révolution Culturelle (1966-1976).

En 1986-1988 cependant, DENG installa puis lâcha HU Yaobang, un n°1 réformateur du parti. En 1989, il réitèra avec ZHAO Ziyang et c’est lui qui décida la répression armée pour maîtriser les événements de Tian’anmen.

Conservateur en politique, DENG a cependant voulu libérer le système économique de tout a-priori idéologique et gouverner avec pragmatisme : “Nous devons traverser la rivière en tâtant les pierres avec nos pieds” disait-il. Autre choix fondamental, le principe d’inégallité, renoncer à vouloir développer toute la Chine au même rythme, “permettre à certaines régions et certaines personnes de devenir riches les premiers”

Après 1986, DENG a voulu se retirer de la vie politique au sommet et remplacer les postes à vie de dirigeants par un mécanisme de retraite qui serait respecté par lui-même et ses successeurs. Au passage, dès 1991, il régla (et jusqu’en 2003) les problèmes de rivalités pour la succession au sommet, en particulier en désignant HU Jintao, le n°1 actuel, en place depuis 2002.

A l’extérieur, DENG voulait éviter tout affrontement grave avec les Etats-Unis. Il recommandait une politique étrangère relativement modeste et entièrement au service du développement économique et technique de la Chine, ainsi que le choix de la mondialisation, de l’entrée future à l’Organisation mondiale du Commerce et un abandon temporaire des ambitions chinoises dans le Tiers-Monde.

Le succès de la ligne DENG Xiaoping ne prêtait guère à discussion. L’économie chinoise est devenue la quatrième du monde... en attendant mieux. Mais, à partir de 2004-2005, la direction HU Jintao / WEN Jiabao s’est sentie obligée de rectifier ces orientations malgré leurs résultats extraordinaires. Pourquoi ? D’abord en raison même de sa réussite économique : croissance forte et continue, montée des revenus, gouvernement central et provinces riches. Mais aussi à cause de trois facteurs nouveaux créés par le changement : le dérapage inquiétant vers toujours plus d’inégalités sociales et régionales ; les dizaines de milliers d’incidents locaux dans les zones rurales et chez les 150 millions de migrants ; enfin la difficulté croissante du Centre à se faire obéir par les provinces dans le domaine économique.

Aujourd’hui, sous le slogan de la “société harmonieuse”, il y a la lutte contre les inégalités, l’aide sociale aux ruraux, l’obligation de protéger et de réparer l’environnement, la nécessité d’arrêter les gaspillages d’énergie, de minerais et d’eau. En même temps les successeurs de DENG se sont lancés dans une politique extérieure plus ambitieuse, notamment en Asie centrale, dans le SE asiatique et en Afrique. Une page est donc tournée et c’est peut-être pourquoi les dirigeants chinois actuels célèbrent DENG Xiaoping avec reconnaissance, mais aussi avec modération.


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