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›› Chronique

Du col Mao au col romain

A travers la vie quotidienne de deux évêques chinois, nous pouvons avoir un aperçu très parlant des relations contradictoires que les Chinois entretiennent avec le catholicisme. Plus loyal à un parti politique dont l’athéisme est inscrit au programme qu’à Dieu tout-puissant, Mgr Fu Tieshan, placé par les autorités à la tête du diocèse officiel de Pékin, a la chance d’occuper depuis 2003 le poste très honoré et très honorifique de vice-président de l’Assemblée nationale populaire. A l’opposé, Mgr Jia Zhiguo, parce qu’il officie dans une Eglise non reconnue par l’Etat chinois, dans la province de Hebei, doit affronter toutes sortes des pressions en provenance du gouvernement et subir de fréquentes interpellations de police. Entre ces deux extrêmes, la population chrétienne continue à croître dans le pays pour atteindre, selon les diverses estimations, un chiffre de dix à vingt millions, alors qu’elle n’était que trois millions au début des années 1980. Avec ce rythme de croissance en nombre de baptisés, la Chine serait dans vingt ans le plus grand pays catholique du monde.

Vraisemblablement, la christianisation rapide en Chine résulte de la conjonction de deux facteurs : un affaiblissement de l’idéologie marxiste et l’ouverture du pays au monde extérieur, bien qu’elle se limite essentiellement au domaine économique.

Les autorités gardent toujours une certaine méfiance vis-à-vis de cette religion de provenance occidentale, elles se rendent compte également de l’influence réelle du Vatican dans les affaires internationales. Au lieu de s’exclure volontairement de l’Eglise romaine, Pékin semble avoir récemment assoupli sa politique dans ce domaine, notamment après l’élection du Pape Benoît XVI. Ainsi, l’Eglise (officielle) de Chine lui a adressé un télégramme de félicitation au moment de son élection. De même, les nominations récentes de deux évêques auxiliaires, Mgr Xing Wenzhi à Shanghai et Mgr Dang Mingyan à Xi’an, auraient obtenu préalablement l’approbation de la Curie romaine.

La perspective d’un concordat entre Rome et Pékin peut certes donner aux Chinois un double avantage : couper l’herbe sous le pied d’une Eglise de Chine fidèle au Pape et jusqu’à maintenant interdite par les autorités chinoises et avoir une présence chinoise (bien entendue docile aux dirigeants de Pékin) au Vatican. La réalisation de ce schéma idéal reste cependant incertaine. L’histoire, surtout celle de Pologne, montre qu’il difficile d’exercer un contrôle efficace dans le domaine spirituel et religieux et que dans certaines circonstances, des élans de la foi peuvent se transformer aisément en forces d’opposition politique. Insondable est la voie du Seigneur.


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