Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Taiwan

Elections 2020 : Tsai Ing-wen en tête. Fortes incertitudes pour les législatives

Pékin manœuvre entre séduction et brutalité.

Début novembre, Pékin réagissait à ces écarts en rendant publiques 26 mesures destinées à faciliter les investissements et le séjour des hommes d’affaires taïwanais en Chine. Parmi les plus commentées : l’octroi de passeports temporaires et l’accès à des services consulaires.

Avec les 31 autres facilités décidées en 2018, la décision porte au total à 57 les dispositions administratives nouvelles destinées à séduire les Taïwanais et leurs entreprises désireux de vivre et investir sur le Continent.
Celles-ci pourront désormais émettre des obligations et investir dans des secteurs qui leur étaient fermés jusque là, tels la 5G et l’aviation civile.

Pour autant, et prenant en même temps le risque de réduire à néant le bénéfice de ses manœuvres pour attirer les Taïwanais, Pékin accompagnait ses mesures de séduction sur le Continent par des fortes pressions, suspendant les autorisations de voyage des particuliers vers Taïwan, tandis qu’en septembre, attirés par les promesses de financement chinois, Kiribari et les îles Salomon basculaient leurs relations diplomatiques de Taipei vers Pékin.

A la fin octobre eut lieu une nouvelle manifestation de l’obsession normative du Parti à l’affut de la moindre manifestation suggérant la capacité de l’Île d’exister par elle-même. La marque automobile de luxe Maserati dont le marché en Chine est considérable au sein de la nouvelle classe moyenne, dut, sur injonction du gouvernement chinois, déclarer qu’elle cessait son appui financier au festival du film taïwanais du « Golden Horse » devenu un événement majeur du cinéma mondial.

A Pékin, le festival évoque le mauvais souvenir de l’année dernière quand, chiffon rouge agité contre le projet de réunification, la jeune cinéaste taïwanaise Fu Yue récompensée pour son documentaire sur la jeunesse taïwanaise, avait déclaré « j’espère que notre pays sera considéré comme un véritable pays indépendant. Tel est mon souhait le plus cher en tant que Taïwanaise. »

L’affaire s’était envenimée quand, réagissant aux pressions chinoises, Tsai Ing-wen avait rappelé que Taïpei ne reconnaîtrait jamais l’appellation « China – Taiwan » que Pékin impose à l’Île pour la désigner dans les événements internationaux.

L’incident Maserati fait suite à une série d’autres pressions du même type, exercées sur Christian Dior et Zara ainsi que sur une série de compagnies américaines dont la documentation laissait entendre que Taïwan était une entité séparée de la Chine.

*

Bien qu’agissant moins directement, Washington entend ne pas être en reste. Le 8 novembre, Tsai Ing-wen accueillait à Taipei, Patrice Harris, psychiatre américaine, première afro-américaine a avoir été élue en 2019 présidente de l’American Medical Association dont l’objet vertueux et très humaniste est de « promouvoir l’art et la science médicale pour le bien de la santé publique ».

L’inconnue des législatives.

En attendant de savoir à quel point la 4e candidature de James Soong fervent défenseur de la réunification du Monde Chinois aura une influence sur le scrutin de janvier prochain et sur l’audience déjà affaiblie de Han Kuo-yu à Taïwan, il faut s’intéresser à l’élection législative dont il faut rappeler que la dernière édition en 2016 fut un cataclysme pour le KMT.

Ayant réussi à battre le KMT dans ses bastions électoraux de Taichung, Hualien et Taipei, le DPP avait remporté 68 sièges sur 113, tandis que le parti nationaliste n’avait réussi qu’à préserver 35 sièges.

En même temps le scrutin avait vu surgir la mouvance de rupture du Nouveau Parti de Pouvoir, (5 sièges) fondé par de jeunes activistes radicaux, soutenus par Lee Teng-hui, prêts à défier les menaces de Pékin.

Dans ces conditions où une fois de plus le KMT n’a pas réussi à choisir un candidat digne de son histoire, instillant la crainte d’une nouvelle grave défaite, les législatives de 2020 prennent pour certains l’importance d’un combat pour la survie même de l’appareil.

En tous cas, une victoire aux législatives serait pour lui la garantie de rester efficace dans la mouvance du pouvoir, tandis qu’une nouvelle défaite pourrait commencer à signifier un déclin irrémédiable. Pour l’instant, les pronostics sont hésitants.

S’il est vrai que la campagne de Han Kuo-yu n’est pas brillante, la vague de mécontents contre le KMT née au moment des « Tournesols » s’est affaiblie. Lire : Taïwan : Craquements politiques dans l’accord cadre. Les stratégies chinoises en question.

Les résultats catastrophiques du DPP aux élections de mi-mandat montrent en effet le risque que son avantage au Yuan législatif pourrait fondre dangereusement. Un récent sondage confirme ces craintes. 34,5% des sondés donnaient la préférence à des députés du KMT, contre 25,4% au DPP. De toute évidence le parti nationaliste se refait une santé. Ses positions sont en tous cas moins fragiles qu’il y a 4 ans.

Quant au nouveau parti de rupture (New People’s Party – NPP -) issu des « tournesols », l’engouement qui l’avait porté en 2016 semble faiblir, peut-être gêné par les controverses internes très médiatisées ayant poussé le chanteur de rock Freddy Lim, membre fondateur, à claquer la porte. Le point clé est sa volonté ou non de faire alliance avec le DPP.

Dernière inconnue dans ce paysage politique en mouvement, le poids du Taiwan People’s Party (TPP), récemment créé par Ko Wen-je, le maire de Taipei, dont le surgissement provoque une fracture dans la mouvance opposée à l’establishment.

Beaucoup d’analystes placent en effet le Taïwan People’s Party et le NPP dans la même mouvance politique. En réalité, les deux sont radicalement différents, notamment dans leur manière de voir leurs relations avec le Continent. Si le NPP s’affirme dans un défi de rupture avec Pékin, Ko Wen-je cherche au contraire une voie d’apaisement.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Regards sur l’inquiétude des aborigènes et le durcissement de la Chine

Manoeuvres législatives

Présidentielles. Victoire de Lai Qing De ; net recul législatif du Min Jin Dang. Souple et pragmatique, Ko Wen-je renforce sa position d’arbitre

Présidentielles 2024 : Lai toujours favori. L’écart avec Hou se resserre. Les perspectives du scrutin législatif se brouillent

Promouvoir la démocratie et les libertés pour échapper au face-à-face avec Pékin