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Energie teintée d’arrogance d’une jeune génération qui ne renie pas le passé

Réflexion d’ambiance

La semaine dernière un des plus grands groupes de médias chinois Tian Wei, sur le point d’être introduit à la bourse de Hong Kong, a organisé une conférence de presse pour se faire connaître et pour présenter son association avec Guillermo Mordillo, un dessinateur argentin, ayant fait une bonne partie de sa carrière en France. Cet artiste est assez connu pour avoir illustré les contes de Perrault et publié des bandes dessinées humoristiques dans Paris Match, Pif Gadget, Marie-Claire etc.

Projetée sur de gigantesques écrans plats, ponctuée par une musique tonitruante de Verdi ou de Tchaikowski, à moins que ce ne soit le Zaratoustra de Richard Strauss qui, dans le temps de notre jeunesse ouvrait également les concerts « live » d’Elvis Presley à Hawai, tapissée de grands dessins humoristiques modernes, tous occidentaux, et hantée par une faune de jeunes Chinois aux cheveux longs, barbus, qui croisaient les vice-ministres invités pour la face et le « guanxi » et les PDG en costumes trois pièces, cette messe médiatique se déroulait à Da Shan Zi, au Nord-Est de Pékin, dans une ancienne usine d’armement désaffectée.

Sur les murs et les toits du hangar, voisinant avec les écrans plats du XXIe siècle, s’inscrivaient en grandes lettres rouges encore intactes, des slogans maoïstes rappelant les sagesses et les exploits du « Grand Timonier » ou du « Grand soleil rouge de l’Orient ». Ici et là des machines outils allemandes des années 50 parsemaient l’espace de leurs silhouettes incongrues et démodées.

Selon les organisateurs de la fête, ces réminiscences ne seront pas effacées ni enlevées. De l’avis de tous, elles rehaussent en effet le décor en faisant référence à la grande histoire culturelle et nationale de la Chine moderne. On peut en sourire en soulignant l’extraordinaire aptitude des Chinois à tout intégrer dans une vaste synthèse sinisée, qui n’a de réalité que celle que lui accorde la propagande ou la publicité, à moins qu’il ne s’agisse des rêves confus de ces jeunes esprits, devenus nationalistes, mais manquant un peu de recul, et n’ayant pas encore le sens des proportions.

On peut également s’en inquiéter en notant la part d’arrogance et de nationalisme exacerbé qui transpirait au travers des discours, où il n’était question que de « dépasser l’Europe et les Etats-Unis », de « millions de dollars », de « chiffres d’affaires en croissance exponentielle » et, sans rire, de « triomphe de la culture chinoise ».

Le problème est que dans cette mise en scène bruyante, grandiose et hétéroclite, on focalisait bien plus sur l’argent et la quantité des productions que sur leur qualité, tandis qu’il était impossible de déceler le moindre indice de « culture chinoise » : La musique était franchement occidentale, les dessins une aimable collection de couleurs et de rondeurs animalières caratéristiques des dessins de Mordillo, sans graphisme puisque les dessins parlent d’eux-mêmes, tandis que les logiciels qui permettent de réaliser ces fameux dessins animés en 3D, qui font la fortune de Tian Wei, sont américains et évidemment tous piratés.


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