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›› Chronique

Han Han, le provocateur

Mais on aurait tort de croire que Han Han est un écervelé superficiel. Ses réflexions sur la vie, le travail, ou le bonheur sont étonnement matures et tranchent avec le matérialisme ambiant : « la popularité ne dure pas si vous n’êtes pas vertueux », ou « la réussite et le bonheur c’est être au bon endroit, à faire ce qu’on sait faire avec la bonne personne ». Lors du tremblement de terre du Sichuan en mars 2008, il s’est rendu sur place incognito pour participer aux secours et distribuer des vêtements collectés par lui et ses amis. Peu après, sur son blog, il n’hésitait pas à prendre la défense de Sharon Stone, insultée par des milliers d’internautes chinois pour avoir lié le tremblement de terre au « karma », et incitait ses compatriotes, qui le prirent également pour cible, à s’intéresser aux « vrais problèmes, comme celui des constructions trop fragiles construite en béton frelaté (ciment dofu) et trop vite effondrées lors du sinistre.

Accepté par ses fans et plusieurs de ses pairs écrivains comme un critique des pouvoirs publics, qui dose habilement ses diatribes pour éviter de se faire épingler par les autorités, il est aussi reconnu par la génération des écrivains plus anciens et la presse contestataire en vogue. Ai Wei Wei, artiste et activiste des droits de l’homme, 52 ans, dit de lui qu’il a l’esprit clair, et qu’il est dynamique et plein d’humour : « il sera le fossoyeur des écrivains de la vieille garde ».

L’hebdomadaire Xin Zhoukan de Canton juge sa pensée « juste et ordonnée » et le désigne comme l’espoir de la génération née après l’ouverture de la Chine, dont on considère en général qu’elle est gâtée, égoïste et socialement irresponsable.

Ces commentaires élogieux, dont certain vont jusqu’à comparer Han Han à Lu Xun (excusez du peu) et à en faire l’écrivain moderne le plus célèbre de Chine, contredisent les appréciations plus critiques et bien sévères de Lynda Liu, professeur de littérature chinoise à l’université de Columbia : « ses rebellions calculées n’expriment que la connivence non dite entre le pouvoir communiste et la jeune génération : - laissez nous nous amuser et nous ne remettrons pas en cause votre pouvoir -. Il s’est taillé une réputation de critique brutal du gouvernement et des pouvoirs en place. Mais en réalité il n’en est rien. Il participe au contraire à la canalisation des jeunes énergies vers la société de consommation. La langue et le style de ses œuvres, comme les histoires qu’il raconte, sont très faciles à lire. En gros c’est toujours le même livre ».

Attendons de voir. Et à cette appréciation, peut-être un peu trop cinglante, préférons pour l’instant celle d’une jeune auteur de nouvelles, Zhang Yueran, de la même génération que Han Han : « le succès et la fortune n’ont pas altéré son honnêteté ni la précision de ses critiques. Pour moi, il est comme l’enfant dans « Les habits neufs de l’Empereur », dont la réflexion provocante - le Roi est nu - nous empêche d’être trop satisfaits de nous-mêmes ».


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