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›› Technologies - Energie

Huawei aux Etats-Unis, un concentré de la guerre commerciale et technologique

Soupçons d’espionnage.

Revenant sur l’histoire agitée de Huawei aux États-Unis Caixin se demande pourquoi, si l’intention du groupe était de pénétrer en toute bonne foi le marché américain et sachant que l’origine militaire du PDG Ren Zhengfei faisait déjà dresser l’oreille des contrôleurs, avoir d’emblée formé le projet de racheter une entreprise comme 3Com, fournisseur des systèmes anti-intrusion du Pentagone et des renseignements militaires des 3 armées ? Fausse naïveté ou fausse manœuvre ? En tous cas la sécurité nationale américaine ne pouvait pas prendre le risque d’une captation des logiciels sensibles.

Les soupçons ont aussi été alimentés par la nature et la structure du financement du groupe ayant la particularité d’être la seule entreprise des 500 premières mondiales à ne pas être cotée en bourse. Adepte du profil bas, ne parlant pas aux médias, n’ayant jamais rendu publique la structure du financement de la société, Ren explique, mais aux États-Unis personne ne le croit, que la totalité du capital est détenu par les personnels de la société, tous actionnaires du groupe.

Lire notre article HUAWEI, le flambeau du succès High Tech, pilier de la captation de technologies ?

Le rêve américain de Ren Zhengfei.

Une chose est sûre, le PDG Ren Zhenfei qui a de la suite dans les idées et évite de se disperser dans une myriade d’activités commerciales comme nombre de groupes chinois, n’abandonnera pas son rêve américain. Ayant déjà réussi à réduire à néant les soupçons d’espionnage en Inde et aux Pays-Bas, attendant des jours meilleurs dans le secteur des équipements de téléphonie mobile, il attaque le marché américain des smartphones par le point faible de tous les consommateurs : l’avantage des prix associé à une qualité très honorable en amélioration constante.

Pour l’Américain moyen, « les téléphones Huawei sont beaucoup moins chers et presqu’aussi bons que ceux des grandes marques Apple ou Samsung ». Plus encore, Ren a récemment décidé de faire l’impasse sur les coûteuses campagnes publicitaires pour affecter d’importants crédits à la R&D (50% des personnels du groupe travaillent à la recherche). Dans les tiroirs, la mise sur le marché d’un téléphone entièrement étanche, le perfectionnement des commandes vocales et les progrès de la photographie, déjà visibles avec le modèles p10 et p10 plus.

La variante européenne.

En février dernier au congrès mondial des portables à Barcelone, la trajectoire éclair des portables Huawei a impressionné les spécialistes. Tous estiment que le Chinois portant attention aux détails et proposant des innovations sophistiquées est aujourd’hui le concurrent le plus sérieux de Samsung et Apple.

Travaillant avec les meilleurs experts mondiaux de la couleur (l’Américain Pantone) et de la photo (Leica), pour donner à ses appareils une qualité d’image exceptionnelle, Huawei a aussi équipé ses derniers modèles de microprocesseurs fabriqués sous licences américaines par le Chinois HiSilicon – en Chinois Haisi – 海 思 - n°1 des circuits intégrés en Chine qui produit le Kirin 960. Puissant et rapide, le circuit intégré fabriqué à Shenzhen confère à ses appareils une grande réactivité, très appréciée des utilisateurs.

Commercialisés en Europe, les modèles de Smartphone « p 10 » et les « p 10 plus » tous deux à 64 gigabits, aux prix voisins de 550 € avec une variante à 128 gigabits à 734 €, sont les concurrents directs des modèles Iphone 7 de Apple et Galaxy S8 de Samsung. En vente depuis mai 2017 aux États-Unis, les deux modèles font l’unanimité des spécialistes : ils sont l’un des meilleurs compromis qualité – prix sur le marché.

Pour l’instant Ren 73 ans, le PDG discret de Huawai tient son pari de rester sur le marché américain, malgré les vents adverses. Il lui reste à reprendre pied dans le secteur des équipements. Compte tenu de la méfiance rémanente dont souffre la marque aux États-Unis, il y faudra du temps et de la patience. Ren, fils d’un couple d’enseignants qui furent proches du Kuomintang, ancien ingénieur des télécom de l’armée qu’il a quittée en 1982 à 38 ans, n’en manque pas, comme il ne manque pas d’idées. En attendant de faire céder les réticences américaines, le marché européen est une option.

Avec un quartier général à Düsseldorf le groupe a, en juin 2016, ouvert son 4e centre de recherche en France. Situé à Boulogne Billancourt le nouveau centre qui emploie 74 chercheurs, (il y a 16 centres de R&D Huawei en Europe) est spécialisé dans la recherche mathématique appliquée et les algorithmes. Son directeur est Merouane Debbah un jeune mathématicien français d’origine algérienne.

Pour mémoire, Ren avait fait un détour par la France en septembre 2014 où il avait annoncé un plan d’investissement de 1,5 Mds d’€ sur 5 ans prévoyant de recruter 600 personnes dont 200 dédiés à la R&D. Les 3 autres centres R&D en France sont à Boulogne Billancourt (terminaux), Sophia-Antipolis (traitement numérique de l’image) et Paris (design industriel), rue Saint-Dominique.


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