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L’Azalée de Jacques Pimpaneau

Alors que l’actualité chinoise multiplie les scénarios apocalyptiques, un mince ouvrage de 139 pages « En quête d’Azalée, Editions Picquier, 2020, 14 € » nous plonge dans un univers où l’intelligence et la beauté, la liberté et la contestation, l’amour et la nature s’incarnent dans une femme au nom de fleur qui vécut au XIe siècle.

A travers elle, l’immense héritage spirituel dont la Chine a fait preuve au cours de son histoire devient une réalité vivante. La découverte de ce livre extraordinaire était à l’origine un manuscrit qu’un libraire de Hong Kong a donné à Jacques Pimpaneau, à l’époque où il habitait à Happy Valley et enseignait à l’Université.

C’est sous cette forme, écrit-il, que le livre aurait circulé pendant des siècles, car il revenait moins cher de faire copier un livre que de l’imprimer à partir de planches xylographiques ou plus tard de caractères mobiles.

L’auteur n’a pas laissé de nom sur le manuscrit et Azalée, son héroïne, dont on ne connaît que le nom d’artiste ne fait pas partie des peintres répertoriés dans les annales, mais elle est restée bien présente dans la mémoire de ceux qui l’ont connue.

Aucune de ses œuvres n’a survécu, mais il arrive parfois au fil du récit de les voir naître sous nos yeux. L’auteur la fait revivre à travers des témoignages qui nous transportent dans des milieux très divers.

La première qualité de ce livre est de faire partie de ce que Kundera appelait les romans à idées. La vision du monde d’Azalée est nourrie de la culture de son temps dans laquelle se côtoient bouddhisme, taoïsme et confucianisme, mais elle sait choisir dans chacun de ces enseignements ce qui lui convient le mieux.

Elle fréquente les moines des monastères de Yangzhou, lit Zhuangzi et Liu Zongyuan, récite les poèmes de Li He, mais admire aussi Confucius. En revanche, elle n’a guère de respect pour les gens au pouvoir et traite les lettrés engagés dans la vie politique de « merdes de Confucius ».

La conception de la vie de cette femme du XIe siècle est étonnamment moderne. On voudrait que toutes les femmes du XXIe siècle lui ressemblent. Les lecteurs les plus curieux se mettront peut-être en quête des auteurs dont elle fait l’éloge, car dans tous les domaines elle fait preuve d’un goût très sûr.

Au chapitre de l’amour, les jeunes Chinoises d’aujourd’hui devraient faire d’Azalée leur modèle et de ce récit leur livre-culte. Azalée aura multiplié les aventures amoureuses tout en tenant les hommes à distance. Féministe avant l’heure, elle aura surtout été une femme « libre » au sens où Annie Le Brun emploie ce terme par opposition aux femmes « libérées ».

Au terme de cette lecture, qui se transforme parfois en film, comme certains des romans de van Gulik, on se demande comment ce petit chef d’œuvre, recopié puis photocopié de siècle en siècle a pu rester secret pendant si longtemps.

N’est-ce pas en fait une fiction sortie de l’imagination d’un brillant écrivain chinois. Quoi qu’il en soit ce livre mériterait d’être publié en Chine pour aider les jeunes générations à retrouver le goût de la liberté.


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