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›› Technologies - Energie

L’énergie globale, selon China State Grid

Méfiances politiques allemandes.

le 23 mai, veille du voyage d’Angela Merkel en Chine, la photo était en première page du “Frankfurter Allgemeine” avec le commentaire suivant. “Alors que les Chinois font leur marché en Allemagne, la Chine impose d’importantes restrictions. C’est pourquoi il est probable que les échanges entre Xi Jinping et A. Merkel pourraient ne pas être vraiment harmonieux”. La deuxième tentative de China State Grid d’acheter 20% du capital de 50Hertz a soulevé une polémique en Allemagne. En cause, la capacité du groupe d’État chinois soutenu par les finances publiques de remporter par la surenchère financière n’importe quel appel d’offre y compris dans le secteur sensible de l’énergie.


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Le 22 mai, après un premier échec en mars dernier, CSGC aujourd’hui encore absent du continent nord-américain et de l’Afrique est revenu à la charge pour acheter 20% des parts du petit gestionnaire du réseau allemand 50Hertz à l’effectif de 760 employés.

Un des 4 opérateurs allemands, 50Hertz est la propriété d’Eurogrid lui-même appartenant à l’opérateur belge Elia Systems qui, pour contrer l’offre chinoise en mars, avait porté sa part de 45,37% à 80% en rachetant une partie des parts du fond d’investissements immobilier australien IFM pour près d’1 milliard d’€ (six fois plus que leur valeur à l’achat en 2010). Cette fois China Grid vise les parts restantes mises sur le marché par IFM.

Réticent à laisser faire une nouvelle acquisition chinoise dans une ambiance déjà crispée par la succession d’achats de 2016 (lire : La nouvelle agressivité des groupes chinois à l’international mise en perspective., et La Chine, l’Europe, l’Allemagne et la France.), le ministre allemand de l’industrie Peter Altmaier a tenté de persuader Elia Systems d’exercer son droit de préemption. Mais après la première passe à près d’1 milliard de $ et, compte tenu de la puissance de frappe financière de la Chine, les enchères risquent d’être difficiles à suivre.

En Allemagne, l’affaire est devenue politique autour de débats sur les moyens juridiques de l’exécutif permettant de refuser l’intrusion dans un secteur stratégique d’un acteur non européen dont la plupart des observateurs considèrent que les intentions sont la captation de technologies.

En l’occurrence, l’intérêt du groupe public chinois porte sur les projets des 4 opérateurs allemands inscrits dans la prochaine phase de la révolution verte allemande financée par des milliards d’Euros, de construire des lignes capables de transporter l’énergie éolienne des régions venteuses du nord de l’Europe vers le sud.

Une autre inquiétude allemande porte sur la capacité chinoise de pénétration oblique. La filiale du Shandong de China Grid subventionnée par l’État et fabriquant des équipements de réseau n’aurait en effet aucune difficulté à être la mieux-disante d’un appel d’offre face à des concurrents européens privés, ce qui lui donnerait directement accès aux technologies convoitées.

Le 19 avril dernier, moins de 2 ans après avoir exprimé sa vision futuriste de réseaux intégrés planétaires connectant les sources d’énergie verte aux principaux foyers de consommation de la planète, Liu Zhenya aujourd’hui à la retraite donnait une conférence à Harvard devant un parterre d’universitaires, d’hommes d’affaires, d’hommes politiques et d’ingénieurs.

Liu à Harvard. Un quadrillage du monde.

Liu Zhenya, en conférence à Harvard, le 19 avril 2018. Pour lui un quadrillage planétaire Nord-Sud et Est-Ouest de 18 lignes UHT connectant les sources d’énergie verte aux centres démographiques permettrait de résoudre les problèmes globaux d’énergie, de pollution et sous-développement.


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Abandonnant son discours sino-centré de PDG public chinois, Liu a, après avoir rappelé la percée et les performances capacitaires de la très haute tension en Chine, exprimé sa vision du futur énergétique de la planète d’un réseau global intégré et interdépendant reliant les centre urbains voraces en énergie aux gisements d’énergie hydraulique, éolienne et solaire.

A cet égard, il a donné quelques chiffres édifiants, comme par exemple celui du potentiel solaire du Sahara dont seulement 7,7% de la surface équipée en panneaux suffiraient à satisfaire les besoins énergétiques du monde.

La solution technique serait d’abord l’harmonisation des réseaux existants aujourd’hui incompatibles par exemple entre les États-Unis, le Canada ou le Mexique. Il s’agirait ensuite de construire un quadrillage planétaire de 18 lignes à très haute tension (9 dans le sens Est-Ouest, 9 nord-sud) permettant aux pays en développement de sauter d’emblée l’étape de l’énergie carbone.

Les sommes nécessaires donnent le vertige, mais, dit Liu, elles contribueraient à réduire le prix de l’énergie et seraient le moyen de solutions globales et pérennes à la pauvreté et à la pollution. 38 000 Mds de $ dont 70% seraient consacrés à la production d’énergie et le reste à la construction des lignes.

Avec un optimiste proche de l’utopie, Liu qui n’évoque pas le principal verrou du stockage de l’électricité et dont la vision semble héritée de la vieille légende du vieux Gong déplaçant les montagne – 愚公移山 – , a même considéré que les problèmes techniques, politiques et de sécurité sources de la vulnérabilité globale d’un système à ce point intégré finiraient par être surmontés en vertu des nécessités auxquelles le monde sera bientôt confronté.


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