Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Economie

La Chambre de commerce de l’UE en Chine, nouvel acteur politique ?

NOTE de CONTEXTE.

Hypothèse de crise financière en Chine.

Ce schéma publié par « The Diplomat » montre la puissance des moyens de contrôle du parti (en rouge), du gouvernement (en vert) et des organismes de surveillances spécifiques (en jaune) sur le système financier chinois. La densité de ces moyens d’action directe permet d’évacuer la possibilité d’un effondrement brutal avec des effets de panique. En revanche une crise pourrait être attisée par la chute de l’immobilier, directement connectée à la croissance par le truchement des industries afférentes.

*

Dans un article publié le 17 novembre 2015 dans « The Diplomat », Patrick Hess, expert financier à la banque centrale européenne explorait les risques d’une crise financière en Chine et ses conséquences possibles sur l’économie global.

Situation générale

La chine est aujourd’hui confrontée à trois risques majeurs, tous enracinés dans la relance massive mise en œuvre par Pékin en 2008 : la dimension de la finance grise que certains analystes estiment à 70% du PNB ; la bulle immobilière et les dettes des gouvernements locaux. Intimement connectés entre eux, ces risques sont aussi liés aux banques publiques par les facilités que celles-ci se sont autorisées (prêts non garantis aux sociétés fiduciaires et créances toxiques non remboursables) et portent le risque d’une contagion aux finances publiques.

Le ralentissement économique qui raréfie les ressources en capital elles-mêmes sous la pression des obligations sociales de l’État non financées, aggrave le potentiel de secousse. Par le truchement de « produits financiers » parfois douteux, les « banques grises » destinent les capitaux ainsi levés aux budgets des collectivités locales et au secteur immobilier aggravant la dette et attisant le phénomène de « bulle » qui, en dépit des mesures correctives mise en œuvre par le pouvoir persiste et produit un excès de l’offre, dont les « cités fantômes » sont l’expression la plus emblématique.

Cumulés ces dysfonctionnement ont produit une forte inflation de la dette (lire Risques financiers et pilotage macro-économique. Entre relance et rigueur). Le risque posé par cette inflation est aggravé par les décalages entre les dettes à court terme et la durée des investissements dont le retour, pas toujours garanti, n’est envisageable qu’à moyen terme, augmentant la charge de la dette, tandis que les mauvaises garanties aggravent les risques de défaut.

Conscient de ces défis le pouvoir a pris des mesures pour en limiter les effets. En janvier 2015, une loi budgétaire adoptée par le groupe dirigeant pour l’approfondissement des réformes dirigé par Xi Jinping lui-même a autorisé les pouvoirs locaux à émettre des obligations pour financer leur budget, tout en augmentant le contrôle exercé par le Centre sur leurs finances.

Trois mois plus tard, lors de la réunion annuelle de l’ANP, le ministre des finances Lou Jiwei annonçait le projet de « défaisance » de 13% des dettes locales à hauteur de 500 Mds de $ (sur une valeur totale estimée à 3700 Mds de $ à la fin 2014). Même partielle la mesure allait dans la bonne direction, de même que la mise en place au printemps 2015 d’une assurance des dépôts dégageait les pouvoirs publics de la responsabilité de venir au secours d’un banque mal gérée. Le dispositif d’assainissement et d’ouverture au marché était complété par la suppression du plafond des dépôts et la libéralisation des taux d’intérêt autorisant une salutaire compétition entre les banques et réduisant – il est vrai à la marge – l’attractivité de la finance grise.

Mais, dans le même temps, les entreprises publiques, autres piliers de la finance grise générateurs de dettes, ne connurent que peu de réformes, tandis que la baisse de leur compétitivité augmentait les risques de l’accumulation des créances toxiques non remboursables.

Dans ce contexte, les schémas de crise possibles sont suspendus à l’efficacité des réformes et aux délais de leur mise en œuvre contre les vents adverses des intérêts corporatistes. Ils sont également liés aux risques politiques eux-mêmes connectés aux réformes et aux potentiels de crises sociales dont la probabilité pousse les pouvoirs publics à inverser le cours de l’élan réformiste. D’autant qu’en juin 2015 et en janvier 2016, les secousses de la bourse ont affaibli la crédibilité du pouvoir, désormais moins enclin à prendre des mesures impopulaires d’assainissement.

Risques de crise.

Il est vrai qu’une crise en Chine ne prendrait pas l’allure d’une panique dont l’ampleur serait réduite par l’extraordinaire niveau de contrôle que le régime exerce sur le système financier et les flux de capitaux. Mais elle pourrait être initiée par la chute des prix immobiliers créant de graves difficultés aux institutions de la finance grise qui utilisent l’immobilier pour garantir leurs prêts. Parallèlement, les administrations locales qui se financent en partie sur le marché foncier seraient fragilisées. Le tout aggravant la chute de la croissance du fait que celle-ci est en partie nourrie par l’immobilier et les activités des industries afférentes (ciment, constructions, acier, métaux non ferreux).

Le freinage pourrait s’étendre par contagion à l’économie globale par le truchement de 3 facteurs : d’abord les liens commerciaux de la Chine avec le reste du monde et l’affaiblissement de la confiance. Les deux impactant d’abord les voisins proches (Japon, Corée, Taïwan et les pays de l’ASEAN). Ensuite, 3e facteur, la baisse des prix des matières premières, conséquence du freinage de la demande chinoise aurait des conséquences directes sur les pays fournisseurs.

Quant à l’Europe et les États-Unis, ils ressentiraient également les effets d’une crise chinoise, mais avec moins d’acuité. La banque centrale européenne a par exemple calculé qu’un ralentissement de 1% de la croissance chinoise n’aurait qu’un effet de 0,1 à 0,15 % sur l’économie de l’EU.

A ces effets directs et indirects s’ajoutent les conséquences sur les marchés financiers que la secousse chinoise de janvier 2016 à directement impactés. En arrière plan surgit le défi d’une baisse de la confiance globale ayant un effet direct sur les émergents dont certains sont déjà affaiblis pas la chute du prix des matières premières.

La conclusion de Patrick Hess est qu’une crise financière chinoise est possible et qu’elle aura probablement un impact global. La complexité des réformes tirées à hue et à dia par une longue séries de facteurs et d’intérêts politiques et économiques contraires augmente la probabilité d’une crise, dont les prémisses sont aggravées par les inerties bureaucratiques, effets pervers de la campagne anti-corruption.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Restaurer la confiance des Occidentaux, l’insistante priorité du régime

La reprise est difficile et le chemin du réajustement socio-économique laborieux

Dans l’urgence d’un branle-bas, He Lifeng prend la tête de la Commission Centrale des finances

Freinage. Causes structurelles ou effets de mauvais choix politiques. Doutes sur la stratégie de rupture avec la Chine

Essoufflement de la reprise. Coagulation des vulnérabilités systémiques. Baisse durable de la confiance