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›› Chronique

La Chine et ses voisins : sous la surface l’assurance fait place aux inquiétudes

Les retombées négatives des émeutes vietnamiennes

Le 21 mai, le magazine Caixin, dont l’éditeur est Hu Shuli, doyenne de l’Institut de Communication de l’Université Sun Yat Sen et fondatrice du magazine Caijing qu’elle avait dirigée pendant 11 ans, publiait une article sur les coûts des échauffements antichinois au Vietnam, qui ont « compliqué les relations de la Chine avec l’ASEAN » et affaibli l’attractivité économique du Vietnam.

Organisées selon un schéma qui s’est répété en plusieurs endroits simultanément, ce qui laisse supposer une action concertée et contrôlée d’en haut, les violences contre les entreprises étrangères au Vietnam tranchaient avec les précédentes protestations, la plupart du temps localisées et sectorielles. Cette fois la méthode a consisté à rassembler des foules en face des usines qui, sous la menace des violences physiques ont été forcées de fermer leurs portes. Après quoi une deuxième vague de protestataires intervenait pour intimider la direction, suivie d’actes de vandalisme et de pillages y compris l’incendie de plus d’une dizaine de sites industriels.

C’est évidemment le Vietnam qui subira le premier contrecoup des destructions d’établissements taïwanais, sud-coréens, singapouriens et japonais, avec pour conséquence un sérieux brouillage de l’environnement des affaires dans le pays et, déjà, certains signes de possibles de retraits. Des usines ont fermé pour un temps indéterminé, d’autres ont basculé leurs commandes vers la Chine, avec la sombre perspective d’un recul de l’investissement et le risque que les acquis de 20 années d’ouverture soient sérieusement compromis.

Mais la position de la Chine dans l’ASEAN sera également affectée dans la mesure où l’effervescence anti-chinoise est attribuée au refus obstiné de Pékin de reconsidérer ses revendications territoriales sur l’ensemble de la Mer de Chine du sud. Le pacte de libre échange à conclure avec Hanoï en 2015, partie de la stratégie globale de Pékin en Asie du Sud-est pourrait aussi être affecté. Enfin, les relations avec Taipei sont aussi sur la sellette. A Taïwan certains hommes d’affaires et le Parti indépendantiste ont critiqué la politique de rapprochement avec Pékin de Ma Ying-jeou, l’accusant d’être à la racine des déprédations subis par les usines de l’Île.

Des reproches qui, à Taiwan, s’ajoutent à ceux dénonçant le pacte de libre échange dans le Détroit fragilisant ainsi la stratégie de rapprochement inaugurée par Pékin en 2008, avançant masquée vers la réunification, mais dont la condition cardinale est l’apaisement que précisément les événements au Vietnam viennent de bousculer.

Avec le Japon séparer la politique des affaires.


Préserver les investissements high-tech

Avec le Japon dont les relations avec Pékin se sont à nouveau tendues en 2010 après une brève accalmie, la Direction politique chinoise affiche la même assurance, assortie de leçons de morale, entrecoupée de provocations qui répondent à celles de Tokyo. Mais un récent article de l’Asahi Shimbun décrit une image moins assurée. Selon les auteurs, le gouvernement chinois serait préoccupé du très net ralentissement des investissements japonais en Chine. Le sujet était à l’ordre du jour des discussions du 28 mai entre le Vice-Président Li Yuanchao et Hiromasa Yonekura président du Keidanren, le syndicat du patronat japonais.

Signe que l’état d’esprit de la direction chinoise est aujourd’hui tiraillé entre des préoccupations contraires, le China Daily a rendu compte de la rencontre par un article intitulé « à la recherche de meilleures relations avec le Japon », tout en rappelant que, lors des récentes des manœuvres sino-russes deux chasseurs japonais avaient pénétré la zone de défense aérienne, preuve que les tensions étaient encore très fortes, tandis que le vice-président répétait le discours officiel selon lequel l’apaisement des relations nécessitait d’abord que Tokyo « interprète correctement l’histoire ».

Restaurer la confiance affaiblie…

Mais l’article du Asahi Shimbun disait autre chose. Selon un responsable d’une société commerciale japonaise, la direction politique chinoise, soucieuse d’accélérer la modernisation du pays recherche activement les investissements de sociétés de hautes-technologies japonaises. C’est pourquoi, constatant une chute de 46,8% des engagements financiers nippons durant les 4 premiers mois de 2014, elle souhaite établir une distinction entre les affaires et la politique.

…grâce à une impressionnante série de visites

Durant la réunion des ministres du commerce de l’APEC à Qingdao, le 17 mai dernier, Toshimitsu Motegi, le japonais a rencontré Gao Hucheng son homologue chinois, avec en arrière plan l’idée qu’en dépit des récentes controverses ponctuées par la visite de Shinzo Abe au temple Yasukuni et l’exhumation par la justice chinoise de la question des réparations de la guerre auxquelles Pékin avait renoncé en 1972, les relations économiques devaient être protégées.

Cette vision toute théorique, mais partagée par les deux capitales est cependant handicapée par les réticences des investisseurs. Pour rétablir la confiance, Tokyo et Pékin ont, depuis l’automne dernier, entamé une impressionnante série de rencontres.

Yonekura avait déjà effectué une première visite en novembre dernier à la tête de 100 entrepreneurs à la recherche d’opportunités d’affaires, durant laquelle il avait rencontré le vice-premier ministre Wang Yang. Il a été suivi en avril par le gouverneur de Tokyo Yoichi Masuzoe et début mai par Masahiko Koumura, vice-président du Parti Libéral Démocrate. En juin on verra la visite de Tadatomo Yoshida, président du Parti Social Démocrate qui pourrait être accompagné par l’ancien premier ministre Murayama. Le mois suivant ce sera le tour de Banri Kaieda président du Parti démocrate japonais.

En ligne de mire : le sommet de l’APEC à Pékin à l’automne prochain où les deux parties espèrent que les effervescences seront assez retombées pour qu’une rencontre entre Shinzo Abe et Xi Jinping signe la fin de cette dernière période de tensions. Les épisodes mouvementés secouent régulièrement les relations entre les deux pays.

La dernière crise bilatérale sérieuse avait eu lieu entre 2005 et 2006. Après une accalmie, les sévères crispations étaient réapparues en septembre 2010 après l’arrestation d’un capitaine de pêche chinois qui avait éperonné un garde-côte. Mais la fièvre qui dure encore avait atteint un pic quand Tokyo avait décidé se porter acquéreur d’une partie des îlots Senkaku pour éviter leur rachat par le très nationaliste gouverneur de Tokyo.

A chacune des crises, la même contradiction resurgit mettant en balance l’orgueil national et les intérêts d’affaires. Mais cette fois, alors que même les échanges commerciaux qui se montent à 312 Mds de $ sont en baisse 6,5% pour la deuxième année consécutive, le recul des investissements japonais est préoccupant.

Il l’est d’autant plus que, sur le théâtre asiatique les investissements japonais montent en puissance. Selon une dépêche de Reuter du 18 avril dernier, les investissements des compagnies japonaises en Asie du Sud-est se sont élevés à presque trois fois ceux des Chinois, avec 22,8 Mds de $ en Indonésie, à Singapour en Indonésie, en Thaïlande, aux Philippines et au Vietnam, dans un contexte où selon le Directeur de l’agence japonaise pour le commerce extérieur, « l’économie chinoise et la situation politique de la Chine présentent des risques importants ».


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