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›› Politique intérieure

La face cachée de « l’incident de Chengdu »

Brèves.

• L’étranger bouc émissaire. Début janvier, le magazine du Parti Qiushi publiait le texte d’un discours du Secrétaire Général Hu Jintao qui appelait les cadres à résister aux menaces contre l’idéologie et la culture chinoises posées par la « culture internationale occidentale ». Il ajoutait que la situation actuelle, où « l’Occident était fort et la Chine faible » créait un défi « complexe et préoccupant, appelant une réaction vigoureuse ».

Alors que la situation mondiale globalisée devient volatile, marquée par un affaiblissement général des Etats mis sur la sellette, y compris en Occident, cet appel apparaît comme une volonté de préserver le statuquo et le pouvoir sans partage du Parti, en le protégeant des critiques internes et externes. L’année qui vient verra la multiplication de ce type de discours dans un contexte où se cristalliseront les défis de la modernisation sociopolitiques du pays.

• Livres Blancs. Pour se conformer à la mode internationale de la transparence, la Chine a publié le 6 janvier dernier un document présentant les 9 Livres Blancs préparés par le Conseil des Affaires d’état en 2011 : « Défense Nationale », « Aide internationale », « 60 ans depuis la libération pacifique du Tibet », « Le développement pacifique de la Chine », « le système juridique socialiste aux caractéristiques chinoises », « Nouveaux progrès dans la lutte contre la pauvreté des zones rurales par le développement », « les politiques et initiatives chinoises pour faire face aux changements climatiques », « le commerce extérieur chinois », « le programme spatial chinois ».

A la fois effort de transparence, propagande politique et réel souci d’explication, la liste recoupe presque exactement les défis internes et externes auxquels la Chine est confrontée. Ces derniers vont des inquiétudes internationales soulevées par le doublement du budget de la défense chinois tous les 6 ans au rythme moyen de + 13% par an, liées aux questionnements sur le développement pacifique du pays et aux soupçons de militarisation de l’espace, en passant par la question tibétaine, les écarts de développement entre villes et campagnes, la lutte contre la pollution et la politique commerciale.

• Lutte contre la corruption. Début janvier la Commission de discipline du Parti a annoncé que 4843 fonctionnaires au-dessus du niveau de district ont été sanctionnés pour violations disciplinaires en 2011.

Parmi les plus graves, le rapport cite les cas de Zhang Jieming, vice président du Comité Permanent (CP) de l’Assemblée populaire du Zhejiang, Song Chenhuang, vice-président du CP de l’Assemblée Consultative du Peuple Chinois du Jiangxi, et Liu Zhuozhi, Secrétaire Général adjoint de la province autonome de Mongolie intérieure.

2 vice gouverneurs de province (Jilin et Shandong) et l’ancien ministre du rail, Liu Zhijun font encore l’objet d’investigations complémentaires. Au total plus de 140 000 enquêtes ont été diligentées qui donnèrent lieu à plus de 130 000 condamnations.

• Controverse autour d’une peine de mort. Après que la communauté d’affaires chinoise, les intellectuels et les avocats de droits de l’homme aient protesté contre la sentence de mort pour corruption infligée en 2009 à Wu Ying (35 ans), femme d’affaires millionnaire. Récemment confirmé par la cour de justice provinciale du Zhejiang, le jugement est repris par la Cour suprême, conformément à l’amendement de la loi sur la peine de mort adopté en 2007.

Depuis 2007 la procédure de condamnation à mort a en effet été révisée, obligeant à un premier appel par une cour provinciale et, si la peine capitale est confirmée, à un autre par la Cour suprême. Par ailleurs, le code de justice criminelle a été révisé en 2011, mettant 13 catégories de crimes non violents hors de portée de la peine de mort. Depuis 2007, le nombre d’exécutions capitales a été divisé par deux pour atteindre chaque année, en moyenne 4000.

• Préparation de la réunion annuelle de l’ANP. Le 31 janvier, le Conseil des Affaires d’état a annoncé qu’il enverrait son projet de rapport annuel aux SG de provinces et à quelques ministères pour révision. Comme chaque année le rapport du gouvernement sera présenté par le PM à la réunion plénière dont l’ouverture est prévue le 5 mars.

Des rumeurs courent cependant, qui font état d’un probable retard, à la suite de désaccords politiques. Récemment Wen Jiabao a répété que les procédures de contrôle des travaux du gouvernement par les assemblées populaires devaient être améliorées et institutionnalisées.

Il a également rappelé qu’il s’en tiendrait à ses priorités, de lutte contre la spéculation immobilière et les produits alimentaires frelatés, de soutien aux PME, aux entreprises privées, au monde rural et au secteur agricole.

• La Chine et Internet. Dans son livre publié en janvier 2012, « Consent of the Networked : The Worldwide Struggle For Internet Freedom » (ISBN 978-0465024421), Rebecca Mac Kinon, diplômée de Harvard, professeur d’histoire chinoise et ancienne correspondante de CNN à Pékin, explique que le développement d’Internet ne conduira pas automatiquement à plus de démocratie dans le monde et en Chine.

Tout dépend de la manière dont ces nouvelles technologies sont structurées et utilisées. Les gouvernements ainsi que les grands groupes industriels et commerciaux s’appliquent aujourd’hui à modeler et contrôler la toile en fonction de leurs priorités. La pire des situations pour la liberté de la toile surgit quand ces deux pouvoirs font pression simultanément sans contrôle ni contre pouvoir.

Elle conclut « si les utilisateurs ne prennent pas conscience de ces risques, ils ne devront pas être étonnés qu’un jour leurs intérêts soient totalement spoliés, enfermés dans des législations extrêmement restrictives ».

Le réseau mondial est actuellement à un tournant, marqué par des pressions pour plus de contrôle, tandis que les sociétés civiles des pays développés et de quelques pays émergents militent pour une gestion globale qui les associerait aux gouvernements et aux grands groupes industriels et commerciaux.

La Chine fait partie de ceux qui favorisent un contrôle plus serré par le gouvernement des réseaux sociaux et d’internet, mais elle n’est pas la seule. A des degrés divers des contrôles existent un peu partout, et la tendance se renforce.

Alors que la censure bloque des sites jugés sensibles et ferme parfois l’usage d’Internet, comme ce fut le cas au Xinjiang et au Tibet, les auteurs de micro-blogs sont désormais tenus d’enregistrer leurs noms réels. En dépit des techniques de contournement de la censure mises en œuvre par une partie des internautes chinois, à moyen terme, les barrières érigées par le pouvoir en Chine freineront l’effet subversif du net.

Plus encore le gouvernement réussit à tourner le net à son avantage en l’utilisant pour diffuser ses messages et ses slogans, donnant aussi aux internautes la liberté de critiquer les responsables locaux, dont la faible qualité est un des talons d’Achille de l’administration du Parti.

Certains responsables ont même mis en avant que l’existence des réseaux sociaux comme Weibo pourrait dispenser la Chine de sacrifier à la démocratie, au multipartisme et à l’indépendance de la justice.

Comme ailleurs, une partie des préoccupations légitimes des internautes – protection des enfants, lutte contre les trafics et la pornographie - sont instrumentalisées par le pouvoir pour censurer le net et augmenter les contrôles. (Lire aussi).


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