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La prudence et les fluctuations contraires traduisent d’abord la volonté des autorités chinoises de tenir à distance les spéculateurs. Pour faire bonne mesure, la Banque Centrale a, dès le 20 juin, en effet décidé d’alléger les pressions sur le Yuan en faisant acheter d’importantes quantités de dollars par les quatre grandes banques d’Etat.
Les va et viens de faible ampleur soulignent également les hésitations des experts chinois, dont les craintes avaient été résumées dans un article du Quotidien du Peuple, publié 10 jours avant le décrochage du 19 juin.
L’analyse, qui préconisait précisément une fluctuation à la hausse comme à la baisse, indique bien que la manœuvre chinoise était soigneusement calculée. L’analyse des risques d’une réévaluation trop rapide était précédée d’un préambule expliquant que la proximité du G 20 et la crise de l’Euro avaient compliqué les débats opposant les ennemis farouches de la réévaluation à ceux qui préconisaient de profiter de la faiblesse de la monnaie européenne pour instaurer la convertibilité complète de la monnaie.
Mais cette perspective qui exprimait plus l’agacement de la Chine d’avoir à dépendre d’une Banque Centrale étrangère qu’une véritable intention à court terme, était renvoyée aux calendes grecques, tandis que la teneur de l’article plaidait clairement pour la plus extrême prudence, voire l’immobilisme. Les principaux arguments étaient liés à la complexité et la volatilité de la situation intérieure chinoise.
La hausse du Yuan, qui abaisserait le coût des importations porterait un coup sévère aux secteurs déjà en surproduction comme l’acier ; elle bénéficierait plus aux couches aisées de la société et élargirait le fossé entre riches et pauvres ; elle augmenterait le flux de capitaux en Chine, menaçant l’équilibre financier du pays ; surtout la réévaluation favoriserait l’importation de produits agricoles, créant une situation désastreuse pour les 500 millions de paysans.