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La hausse du Yuan. Obstacles, hésitations et calculs

Enfin, l’article rajoutait que la récente chute de l’Euro constituait déjà une dévaluation de fait du RMB. Si la situation s’aggravait en Europe, une réévaluation du RMB deviendrait dangereuse. C’est pourquoi, si on décidait un décrochage par rapport au dollar, le Yuan devrait pouvoir fluctuer à la hausse comme à la baisse, « ce qui donnerait à la Chine une plus grande marge de manœuvre », dans une période d’incertitude des finances mondiales.

Cette phrase exprime peut-être le deuxième volet de la stratégie de Pékin. Après avoir désamorcé les critiques en amont du G20, il se pourrait bien que les intentions chinoises soient maintenant de tirer parti de la forte appréciation de fait du RMB par rapport à la monnaie européenne et celle des autres pays émergents - Inde et Brésil - pour diviser le front des critiques antichinoises et isoler Washington.

La vérité est que la direction chinoise, qui a d’autres soucis, n’entend pas se laisser dicter sa politique monétaire par l’idée un peu trop simple que la réévaluation de sa monnaie résorberait le déficit budgétaire et le chômage américains.

Il est vrai qu’en théorie, un taux de change du Yuan à la hausse réduirait les bénéfices des exportations et tirerait le pouvoir d’achat des consommateurs chinois vers le haut. Mais la main d’œuvre des sociétés exportatrices devrait se recaser ailleurs, tandis que la faiblesse des filets sociaux chinois freinerait le décollage de la consommation intérieure. A ces obstacles il faut encore ajouter la fragilité du tissu des PME, auxquelles les banques prêtent peu et la surproduction de certains secteurs tels que l’acier, dont le marasme est source de chômage potentiel.

Autant d’entraves qui limitent la marge d’initiative du gouvernement, dans un contexte où une brutale hausse du Yuan, telle que la souhaitent certains à Washington, risquerait d’aboutir d’abord, non pas à un décollage de la consommation intérieure, mais à une explosion du chômage.

Une calamité que le régime, déjà aux prises avec la flambée sociale des usines à forte intensité de main d’œuvre dans le sud du pays, veut éviter à tout prix. Après deux années de blocage la Banque Centrale chinoise laisse à nouveau flotter sa monnaie.

Comme en 2005, elle le fait de manière prudente et mesurée, bien décidée à ne pas brusquer les choses, dans une situation économique mondiale incertaine, marquée par la crise de la monnaie européenne, dont elle redoute les conséquences.

Et tant que ne seront pas levées les hypothèques qui pèsent sur la structure de l’économie chinoise - faiblesse financière du secteur privé, poids des entreprises d’Etat qui monopolisent les crédits, secteurs en surproduction, raréfaction de la main d’œuvre bon marché, risques de chômage - toutes liées à la stabilité d’une société, dont de larges pans sont encore privés de fonds de retraite et d’assurance maladie, il est illusoire de croire que le Bureau Politique autorisera une hausse substantielle et rapide du Yuan et, à fortiori, sa convertibilité totale, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il en mesure encore très mal les effets pervers.


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