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La saga olympique chinoise depuis 1952. Sept décennies d’une marche vers l’élite mondiale

Les JO les plus étranges de l’histoire organisés au Japon en dépit de la défiance de l’opinion publique, dans des stades presque vides, au milieu d’une reprise mondiale de la pandémie, ont pris fin le 8 août.

Au palmarès total des médailles, la Chine termine deuxième, assez loin derrière les États-Unis avec 88 médailles contre 113. Mais elle les talonne au nombre de médailles d’or avec 38 contre 39, ayant même été en tête du classement de l’or jusqu’au dernier jour. Le Japon, 3e avec 58 médailles dont 27 d’or, retrouve le rang qu’il avait atteint aux JO de 1964 et 1968. Le Royaume Uni toujours bien classé depuis 2008, termine 4e avec 65 médailles dont 22 d’or (Il était 2e en 2016, 3e en 2012 et 4e en 2008).

Autre étrangeté de ces jeux insolites, juste derrière le Royaume Uni, à la 5e place, ayant récolté 71 médailles dont 20 d’or, figurent, malgré l’exclusion de leur pays pour dopage systémique, les athlètes russes autorisés à participer sous la bannière « Athletes of Russia » (AOR). Les cérémonies de leurs victoires étaient accompagnées non par l’hymne national russe, mais par l’hymne olympique.

*

S’il est vrai que les Américains ont puissamment dominé la natation avec 11 médailles d’or et, dans une moindre mesure, l’athlétisme avec 7 autres premières places, les athlètes chinois furent, presque partout présents à un excellent niveau, souvent en tête, y compris dans des disciplines où les préjugés ne les attendent pas naturellement, mais où ils figurent désormais à chaque édition depuis 2008.

Lors de sa première participation en 1952 à Helsinki [1] où elle n’avait présenté qu’un seul athlète en natation à l’épreuve du 100 m dos, le seul des 40 Chinois à être arrivé à l’heure à son épreuve, la République Populaire se retira des jeux pour protester contre la décision du Comité Olympique d’autoriser la participation des athlètes taïwanais.

Elle fut absente des Jeux de 1956 à 1980. En 1958, en pleine effervescence idéologique du « Grand bond en avant », elle tourna le dos au Comité Olympique. Son retour eut lieu en 1980, lors des JO d’hiver, 9 années après l’entrée de la RPC à l’ONU, mais une année après sa reconnaissance par Washington.

Après les jeux d’hiver, Pékin renoua avec les Jeux d’été en 1984 à Los Angeles. Cette année, elle remporta 32 médailles dont 15 d’or en gymnastique, en haltérophilie, au tir, en plongeon et en escrime. Dès 1988 à Séoul, les Chinois enregistrèrent leurs premières victoires en tennis de table et en natation (argent pour les 50 m et 100 m féminins). En 1992, à Barcelone, les nageuses chinoises confirmèrent leurs progrès avec 4 médailles d’or (200 m 4 nages, 100 m et 50m nage libre, 100 m papillon).

En 1996, à Atlanta, premières victoires au 100 m nage libre hommes, en athlétisme au 5000 m féminin, au tennis de table et au Judo (+72 kg).

Lors des trois JO suivants, le nombre de médailles progressa pour atteindre 58 à Sydney en 2000, dont 28 médailles d’or. En même temps, la liste des disciplines s’allongea. Les athlètes chinois décrochèrent l’or au 20 km marche, à 4 épreuves au badminton et 4 autres en haltérophilie.

En 2004, à Athènes, nouvelle hausse du nombre de médailles à 63. Parmi les 32 médailles d’or de cette année, à noter des percées dans des disciplines athlétiques de premier plan au 110 m haies hommes avec Liu Xiang et au 10 km féminin avec Xing Huina.

Le tournant des Jeux de Pékin.

Les jeux de Pékin en 2008 furent une apothéose. Avec 100 médailles dont 51 d’or, les athlètes chinois qui dominèrent la compétition, furent plus que jamais présents sur les podiums dans la presque totalité des disciplines, y compris le hockey sur gazon, le tir à l’arc, le taekwondo et la boxe.

En 2012 à Londres (91 médailles, 2e rang) et en 2016 à Rio (70 médailles, 3e rang derrière la Grande Bretagne) les jeux confirmèrent à la fois le haut niveau des athlètes chinois classés dans le trio de tête et la difficulté de détrôner les États-Unis, toujours loin devant au classement des médailles. Cette année, le 8 août, beau joueur, Qin Gang, le nouvel ambassadeur de Chine à Washington l’a reconnu en félicitant les athlètes américains par un tweet.

Après l’exploit de 2008 à Pékin, 2012 fut l’année du triomphe de la natation masculine avec les victoires de Sun Yang (400 m et 1500 m) [2] et de sa compatriote Ye Shiwen (400 m et 200 m 4 nages). La même année, le gymnaste Zou Kai, décrochait deux médailles d’or et une de bronze, devenant, après ses trois médailles d’or de 2008, l’athlète chinois le plus titré de l’histoire avec un total de six médailles olympiques.

En 2016, à 31 ans, 12 ans après son premier titre à Athènes, la plongeuse Wu Mingxia, remportait la cinquième médaille d’or de sa carrière au plongeon synchronisé à 3 m. La même année, le tandem des cyclistes Gong Jinjie et Zhong Tianshi obtenait la médaille d’or de vitesse sur piste. Une discipline où les Chinois n’avaient jamais percé.

Petit à petit, ils se frayèrent une place dans les disciplines emblématiques de l’athlétisme. Exemple, l’épreuve du 110 m haies où Liu Xiang, médaille d’or, avait créé la sensation à Athènes en 12,91s, égalant le record du monde du Britannique Colin Jackson.

L’exploit fut une émulation sans précédent pour le sprint chinois. A Tokyo, cette année, Su Bing fut le premier asiatique à figurer dans le cercle très fermé des finalistes du 100 m des JO. S’il a terminé 6e de l’épreuve, il n’en reste pas moins qu’au cours de la compétition, il a battu le record d’Asie en 9,83s. Les entraîneurs chinois l’ont récompensé en lui confiant le drapeau national pour la cérémonie de clôture.

Pour autant, s’il est vrai que la Chine se hausse progressivement dans le peloton des grands de l’athlétisme, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Au nombre de médailles obtenues, l’athlétisme se classe selon les années au 7e ou 8e rang, derrière la natation et les épreuves de plongeon, le tir, la gymnastique, l’haltérophilie, le tennis de table, le badminton et les arts martiaux.

Note(s) :

[1Avant 1952, les Chinois avaient participé aux JO de 1924 à 1948 sous la bannière de la République de Chine.

[2Sun Yang, 31 ans, originaire de Hangzhou est l’un des athlètes chinois les plus titrés. Entre 2011 et 2019, il a été trois fois champion olympique et onze fois champion du monde sur 200m, 400 m, 800 m et 1 500 m nage libre (dont il détient toujours le record du monde).

Mais le moins qu’on puisse dire est qu’en Chine et sur la scène mondiale, parmi ses pairs de la natation, il ne fait pas recette. Fin 2013, à Hangzhou, la fédération chinoise de natation l’avait privé de toutes compétions pendant deux ans après sa condamnation à sept jours de détention pour conduite sans permis au volant d’une Porsche Cayenne avec laquelle il avait provoqué un accident.

Peu après, l’agence Chine Nouvelle révélait qu’il avait été testé positif à un contrôle anti-dopage. La nouvelle déclencha une épidémie d’incidents qui heurtèrent sa réputation de champion et compliquèrent les relations avec ses pairs de la natation mondiale de haut niveau.

À la suite de ses victoires sur 200 m et 400 mètres nage libre aux mondiaux de natation 2019, l’Australien Mack Horton et le Britannique Duncan Scott refusèrent de rester sur le podium avec lui. En février 2020, le Tribunal arbitral du sport lui a infligé la peine maximale de 8 ans de suspension, dont Sun a fait appel, déclarant qu’il se préparait aux JO de Paris de 2024.


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