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›› Politique intérieure

Le Parti purge Bo Xilai

Cette année la réunion annuelle de l’ANP s’est achevée par un coup de tonnerre. Le 15 mars, un communiqué laconique de l’agence Xinhua annonçait que Bo Xilai était relevé de ses fonctions de Secrétaire Général de la municipalité de Chongqing.

Il s’agit de l’événement politique le plus dramatique depuis la destitution, en 2006, de Chen Liangyu, Secrétaire Général de Shanghai. Comme Bo Xilai, Chen était également membre du Bureau Politique. Comme cette fois, le scandale de Shanghai avait éclaté en amont du Congrès du Parti.

Accusé de corruption, de fraude et d’abus de pouvoir le SG du Parti de Shanghai avait été condamné à 18 ans de prison en avril 2008. Mais chacun savait qu’à côté de ses malversations avérées, liées aux trafics fonciers dont il a fait profiter sa famille et ses amis, ce membre de la mouvance Jiang Zemin s’était aussi directement opposé aux idées de l’équipe Hu Jintao – Wen Jiabao, arrivée au pouvoir en 2002.

Un bilan controversé.

Depuis l’affaire de Chengdu, le 8 février dernier, où Wang Lijun, l’un de ses plus proches adjoints, artisan avec lui de l’opération anti-mafia en 2009 et 2010 et vice maire de Chongqing avait tenté de se refugier au consulat américain, l’avenir politique de Bo Xilai s’est brutalement obscurci.

Les rumeurs de corruption ont alimenté les blogs chinois avec les réminiscences controversées d’une carrière de 20 années dans le Liaoning et à Dalian, où ses performances comme maire, gouverneur puis secrétaire général de la province sont diversement appréciées. Les uns, séduits par son style, reconnaissent son efficacité, son aisance et ses talents d’orateur. Ses détracteurs le voient en revanche comme un politicien superficiel, plus doué pour le paraître que pour les actions en profondeur, opportuniste et adepte de l’autopromotion.

A quoi s’ajoutent les accusations de cruauté sans scrupules dans la lutte contre membres de Falungong, encore assombries par des rumeurs d’assassinat en vue de trafics d’organes, dont la publicité néfaste a franchi les frontières du pays. (Lire l’article de The Australian)

En 2004, alors qu’il était sous le coup d’une accusation au Canada pour crime contre l’humanité, autorisée par la « compétence universelle », Bo Xilai, alors ministre du commerce, aurait même été retiré d’une délégation accompagnant Wu Yi en voyage officiel à Ottawa.

A Chongqing, dont il était le Secrétaire Général depuis 2007, après avoir été ministre du commerce pendant trois ans, sa vigoureuse campagne fortement médiatisée, aux méthodes expéditives contre la mafia avait suscité intérêt en même temps que méfiance et jalousies. Le Parti, qui n’aime pas trop la pleine lumière, était en général resté stoïque et réservé en face de l’effervescence suscitée par la manière décomplexée de Bo Xilai, devenu une vedette de la presse internationale.

En dépit de son indiscutable efficacité, marquée par 3000 arrestations, dont 87 fonctionnaires de la mairie, assorties de 9 condamnations à mort, le style parfois brutal et sans nuances, accompagné à l’occasion de manipulations de témoins et de pressions sur les avocats, sa recherche constante de l’approbation populaire personnelle par le truchement des réminiscences révolutionnaires, heurtaient la haute direction du régime hérissée par l’utilisation populiste de la mémoire maoïste.


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