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Le poids de la Chine au Cambodge

Il n’a pas fallu bien longtemps aux autorités cambodgiennes, qui, depuis une dizaine d’années, font progressivement glisser leur pays vers une dictature à parti unique, pour renvoyer en Chine 20 des 22 Ouïghours ayant demandé asile à Phnom Penh, après une équipée clandestine de plusieurs milliers de kilomètres. Les fugitifs, arrivés au Cambodge le mois dernier, ont été expulsés par avion spécial dépêché par la Chine, qui a décollé de l’aéroport militaire de Phnom Penh dans la nuit du 19 au 20 décembre. L’expulsion a eu lieu après un simulacre de négociations des autorités cambodgiennes avec les correspondants du Haut Commissariat aux réfugiés à Phnom Penh, et en dépit des protestations de l’Union Européenne des Etats-Unis et de l’ONU.

L’argument des Européens, des Américains et des représentants des Nations-Unies se fonde sur le fait que Phnom-Penh est, avec les Philippines, le seul pays du Sud-est asiatique ayant ratifié la convention des NU de 1951 sur le statut des réfugiés, qui enjoint aux signataires d’accorder asile aux fugitifs victimes de persécutions politiques. Après les émeutes au Xinjiang du 5 juillet 2009, déclenchées par des groupes de Ouïghours révoltés, ayant provoqué la mort de 200 personnes et blessé près de 2000 autres, pour la plupart des Han, Pékin avait engagé une répression féroce qui s’est déjà traduite par l’exécution de 17 personnes jugées responsables des troubles, et par l’emprisonnement de milliers d’autres, tandis que les organisations internationales des droits de l’homme accusent Pékin, qui dément, d’avoir fait disparaître des centaines de membres de la communauté Ouïghour.

Mais dans cette affaire le Cambodge s’est résolument aligné sur la position de Pékin considérant, après de courtes hésitations, que les fugitifs étaient des criminels. Il faut dire que le gouvernement de Phnom Penh avait été placé sous la très forte pression du Parti Communiste chinois, en amont de la visite du Vice-président Xi Jinping, arrivé au Cambodge dès le lendemain de l’extradition. Ce dernier a d’ailleurs chaleureusement remercié Phnom Penh pour la diligence avec laquelle il s’est conformé aux injonctions de Pékin. Pour faire bonne mesure, il a signé 14 accords de coopération et d’investissements, que les déclarations officielles évaluent à plus d’un milliard de dollars, sans qu’il soit possible d’en vérifier l’exacte teneur. Mesurant à quel point la proximité avec Pékin permet à son pays de résister aux pressions de ses donateurs occidentaux et aux lourdes influences rémanentes de Hanoï, le Premier Ministre Hun Sen, autocrate de plus en plus dominateur, a d’ailleurs qualifié la Chine de « meilleur amie du Cambodge ».


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