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›› Chronique

Le retour en grâce de l’Eurasie et toujours la quête d’énergie

La soif d’énergie détermine les stratégies chinoises

Le trimestre a encore une fois révélé l’insatiable appétit d’énergie de la Chine au milieu des controverses commerciales avec IBM et des tribulations de l’accord sur les investissements avec l’UE, à quoi s’ajoute le blocage, début juin, par le ministère du commerce chinois de l’alliance des trois grands du transport mondial, le danois Moeller-Maersk, le Suisse Mediterraneen Shipping Co.S.A et le Français CMA CGM. Ce raidissement anti-monopole révèle à la fois les ambitions globales de Pékin et l’inquiétude du secteur des transports maritime chinois, dont plusieurs sociétés, et en premier lieu COSCO, connaissent des difficultés financières.

L’accord sur le gaz passé le 21 mai avec Moscou pour la livraison pendant 30 ans de 38 Mds de m3, et un autre un mois plus tard avec Londres et BP pour la livraison chaque années pendant 20 ans de 1,5 Mds de tonnes de gaz liquéfié s’ajoutent aux tensions graves avec le Vietnam survenues le 9 mai autour de la position d’une plateforme pétrolière, pour rappeler l’extrême dépendance de la Chine à ses importations d’hydrocarbures, avec une implication de plus en plus lourde sur le marché global, les prix et les positionnements stratégiques des grands acteurs.

La demande extérieure chinoise en énergie qui, compte tenu des difficultés techniques de la filière schiste en Chine ne faiblira pas avant dix ans, a, depuis 2000, été multipliée par trois. Elle a en partie fondé la politique extérieure de Pékin, favorisé son rapprochement avec Moscou, resserré ses liens avec Téhéran et Bagdad, appuyé le développement économique de plusieurs pays d’Amérique Latine dont le Brésil et l’Équateur, d’Afrique dont le Soudan, le Nigeria et l’Angola et poussé la Chine à se tenir à égale distance entre les pays du Golfe et Israël, en dépit de ses liens très anciens avec Tel-Aviv.

Lire aussi :
- Explosion de violences anti-chinoises au Vietnam.
- Chine / Etats-Unis : une nouvelle guerre froide ? Ou la résurgence des « Valeurs asiatiques » ?.
- Chine – Europe : « Unis mais différents ».
- Chine – France. Histoire, politique, coopération et maîtrise des transferts technologiques.

L’Europe et l’Allemagne

Alors qu’en Asie, la cohabitation avec les États-Unis et le Japon est tendue, l’Europe est devenue avec la Russie un objectif privilégié des relations économiques extérieures de Pékin. Cette accélération fut marquée au printemps par les visites de Xi Jinping en Europe (Sommet sur la sécurité nucléaire à La Haye), avec des escales à Paris, Bruxelles et Berlin).

En Belgique furent évoquées nombre de questions économiques et commerciales, y compris l’accord croisé sur les investissements Chine – Europe ; A Paris, Xi Jinping signa près d’une vingtaine d’accords (aéronautique, télécoms, espace, automobile, urbanisme, traitement des eaux, agro-alimentaire) ; à Berlin fut inauguré un axe logistique Chongqing - Duisburg par le plus long chemin de fer du monde, assorti d’un accord pour l’extension de la JV Daimler-Benz – SAIC et de négociations pour la création à Francfort d’une chambre de compensation pour permettre les échanges directs en monnaie chinoise.

Cette tournée très riche a été suivie à peine trois mois plus tard par une nouvelle série de visites de Li Keqiang. A Londres d’abord où fut conclu l’accord sur le gaz liquéfié tandis que la City suivait l’exemple de Francfort et lançait elle aussi les négociations pour l’ouverture à Londres d’une chambre de compensation financière.

Le lendemain à Athènes, Li Keqiang poussait les feux pour consolider les intérêts logistiques de la Chine en affirmant les visées de Pékin pour l’extension de l’emprise de COSCO sur un 3e terminal du port du Pirée et sur plusieurs installations portuaires et aéroportuaire grecques. Objectif : faciliter la pénétration des produits chinois vers le marché d’Europe Centrale et Orientale.

Tout juste 15 jours après ce 2e périple européen de la haute direction chinoise en moins de 4 mois, Angela Merkel accomplit en Chine sa 7e visite depuis 2005.

Arrivée directement à Chengdu où elle a visité le 6 juillet une usine de la JV Volkswagen – FAW (First Automobile Works – 第一汽车集团 -), la Chancelière allemande était à Pékin le 7 juillet pour un séjour de trois jours. Exportant en Chine des automobiles de luxe, des engins de chantier, des machines outils et des appareils ménagers high-tech, Berlin peut se prévaloir d’être un des seuls pays développés au monde à avoir avec la Chine un commerce quasi équilibré (en 2013 : 67 Mds d’€ d’exports en Chine contre 73 Mds d’€ d’imports). En retour, la Chine est intéressée par les hautes technologies allemandes et par l’appui de Berlin dans ses négociations commerciales avec l’UE. Pékin espère aussi une prise de position allemande sur sa querelle avec le Japon.

Photo Angela Merkel à l’usine Volkswagen de Chengdu le 6 juillet 2014.


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