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Les arcanes compliqués de l’économie chinoise

A terme, les risques d’éclatement de la bulle immobilière seront encore limités par la politique très volontariste du gouvernement qui, pour répondre à la grogne de la classe moyenne ne trouvant plus à se loger à des prix acceptables, vient de lancer un vaste plan de logements à prix modérés, qui concernerait 25 à 30% des nouveaux logements urbains. Au pire, la dimension de l’épargne chinoise et la capacité de garantie de l’Etat, parapluie ultime des banques, sont telles que la Chine pourrait éponger sans trop de dommages l’éclatement d’une bulle immobilière.

Mais ce que les finances publiques ne pourront plus se permettre pendant très longtemps, c’est bien la mauvaise utilisation du capital, que beaucoup d’analystes assimilent à du gaspillage, à une époque où la main d’œuvre bon marché se réduit de plus en plus, alors que l’urgence de mener à terme les chantiers sociaux (système de santé, éducation, retraites) se fait toujours plus pressante et que leur coût pèsera de plus en plus lourd sur les ressources financières du pays.

De ce point de vue, rien n’est gagné. Sur le long terme, la tendance lourde des imbrications compliquées entre le Parti, les administrations, les hommes d’affaires et les banques, schéma traditionnel de l’implantation politique du Parti dans les provinces, ne disparaîtra pas facilement. C’est bien là le souci exprimé par Wen Jiabao.

A mesure que les bénéfices du secteur manufacturier se réduisent avec la hausse des coûts salariaux, les gouvernements locaux tirent de plus en plus leurs ressources du secteur immobilier.

Alors que les authentiques entreprises privées, considérées comme trop fragiles et peu solvables, ont trop peu d’influence politique pour bénéficier des crédits, les prêts consentis par les banques nourrissent surtout le secteur public lié au pouvoir. S’il est vrai que les ressources de ce dernier sont plus sûres - notamment celles issues des ventes foncières qui permettent d’apurer les dettes -, l’utilisation du capital ne s’y fait pas toujours en fonction du strict intérêt public.

Dans ce schéma très imbriqué de l’état et des affaires, encore compliqué par les lourdes habitudes de corruption, nombreux sont ceux, y compris au plus haut niveau, qui n’ont pas intérêt à la hausse des taux d’intérêt, pourtant une des mesures clés pour éviter un accident économique. Ceux-là font aussi obstacles aux restructurations trop drastiques des secteurs en surcapacité et à la redistribution des ressources pour rééquilibrer l’économie.

C’est à ces difficultés - raréfaction de la main d’œuvre bon marché, déséquilibres villes - campagnes, limitation des terres cultivées suite aux spéculations foncières, risques financiers, et urgence des chantiers sociaux -, que faisait allusion Wen Jiabao en mars dernier :

« Alors que les besoins augmentent partout, la main d’œuvre est limitée ; notre capacité à maintenir la croissance de la production agricole et des revenus des campagnes est faible ; les risques qui pèsent sur les banques et les finances publiques augmentent ; les graves problèmes liés au système de santé, à l’éducation, au logement, aux écarts de ressources, et à la réforme de l’Etat exigent des solutions urgentes. »


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