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›› Editorial

Les chiffres, l’intention politique et le talent de l’habillage

Le grand art de l’habillage politique.

Le premier objectif renvoie au centième anniversaire du Parti en 2021, date à laquelle la Chine aura atteint son ambition déjà ancienne d’une « société dans son ensemble modérément prospère – 全面 小康社会 - », avec l’objectif chiffré par le 13e plan quinquennal de doubler le PNB des villes et les revenus des campagnes par rapport à 2010.

Quant au deuxième objectif renvoyant au centenaire de la prise du pouvoir par le Parti, Xi Jinping en a fixé les étapes, d’abord en 2035, date à laquelle le régime sera parvenu à « moderniser le socialisme » ; puis en 2049, année qui verra la Chine accéder au statut de « grande puissance socialiste moderne », s’étant, au passage, doté d’un outil militaire « de classe mondiale ».

Si le but du centenaire 2049, date à laquelle, au passage, la R.A.S de Hong Kong sera depuis 2 ans complètement revenue dans le giron chinois après la période de transition d’un demi-siècle des « deux systèmes », n’est pas assorti d’objectifs chiffrés précis, ni de la définition de ce que signifie « moderniser le socialisme », il est cependant entouré du parfum de l’épopée, toute entière contenue dans défi que la Chine sera la première à hisser, à sa manière, le « socialisme aux caractéristiques chinoises » à la hauteur d’une puissance de la sphère occidentale démocratique.

Quand à l’objectif à court terme « de la société modeste », chiffré en doublement du PNB en 2021, tout indique qu’il sera atteint, sans difficultés, au moins dans l’affichage, même si la croissance des revenus des ménages et du PNB freinent à 6% entre 2018 et 2020 comme le prévoient nombre d’économistes (Barry Naughton).

Marges de manœuvre et pouvoir du Parti.

La bonne nouvelle est que le Parti bénéficie de conditions favorables avec le tassement de la main d’œuvre diminuant la pression sur l’emploi et sur le chômage, autorisant un ralentissement de la croissance, favorisant une bascule vers plus de qualité et les efforts d’innovation.

Toujours selon Naughton, l’éloignement des risques sociaux grâce au marché de l’emploi moins tendu, laisserait aussi quelques marges de manœuvre politiques pour poursuivre la remise en ordre du secteur financier, dégager des ressources pour diminuer la pauvreté et s’attaquer au très vaste chantier du redressement écologique du pays.

Mais au-delà des conditions techniques et sociales du défi que se fixe Xi Jinping, l’objectif politique central de renforcer le pouvoir du Parti n’est jamais perdu de vue.

Il a même figuré en tête des conclusions de la réunion du groupe dirigeant pour l’approfondissement concerté des réformes (全面深化 改革 领导小组) immédiatement après le congrès : 1) Garantir le contrôle centralisé et solidaire du Parti sur les réformes ; 2) Mettre en œuvre le socialisme aux caractéristiques chinoises en modernisant la gouvernance et les capacités de direction du Parti ; 3) Donner au peuple un rôle central dans le processus réforme.

Lors de son discours au Congrès, le souci du peuple avait été longuement exprimé par Xi Jinping qui en a fait un des principaux leviers de la légitimité du Parti:« Dans la société nous devons sans cesse promouvoir l’équité (公平), la justice (正义) et l’ordre (治理), afin de donner au peuple le sentiment (感) durable (持续) de bonheur (幸福) et de sécurité (安全).

*

La référence à la volatilité du sentiment populaire renvoie aux inégalités évoquées plus haut dont le Parti est bien conscient avec une acuité accrue depuis 2012. Elle fonde l’arrière plan d’une inquiétude elle-même à la racine de la lutte contre la corruption et des efforts de Xi Jinping pour renforcer son pouvoir et celui du parti sur la société. C’est là que le bât blesse au moins à deux endroits.

Le glissement du style de gouvernance vers un pouvoir du président omniprésent ayant tendance à utiliser la lutte contre les corrompus pour éliminer les rivaux, à quoi s’ajoute le contrôle de la société étouffée par la censure et la mise eux normes, pourraient provoquer une réaction politique adverse.


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