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Les États-Unis et l’Occident face à la Chine et la Russie. Quels risques de montée aux extrêmes ?

Pékin, l’œil sur ses JO, entre solidarité et distance.

En dépit des démonstrations de force dans le Détroit, le même état d’esprit privilégiant la stabilité règne à propos de Taïwan. « Il n’y a aucune indication que la Chine profiterait de la crise ukrainienne pour mener une action majeure contre Taïwan. Le pays fait face à trop de défis intérieurs, et en premier lieu celui de réussir ses Jeux » souligne Shi Yinhong, professeur à Beida, cité par Le Figaro.

Le 22 janvier, alimentant la rumeur d’une attaque russe imminente contre l’Ukraine, Bloomberg qui répétait la confidence d’un diplomate chinois resté anonyme, publiait un article faisant état d’un échange entre Vladimir Poutine et Xi Jinping.

Au milieu des perspectives d’une rencontre au sommet des « deux amis », le 4 févier, à l’ouverture des JO d’hiver, au cours de laquelle Vladimir Poutine a promis qu’il informera Xi Jinping sur l’évolution de la situation en Ukraine, le Président chinois, soucieux que ne soit pas troublé le faste de l’événement, vitrine de l’efficacité de l’appareil à huit mois du 20e Congrès, aurait demandé à son homologue russe de s’abstenir de créer une crise internationale majeure en attaquant l’Ukraine.

Xi Jinping, se souvient qu’en 2008 - il était alors vice-président chinois en charge des jeux de Pékin - que le jour même de la cérémonie d’ouverture éclata la guerre en Géorgie qui obligea Poutine à rentrer en urgence à Moscou. Six ans plus tard, les forces russes prenaient possession de la Crimée, au moment de la cérémonie de clôture des jeux d’hiver de Sotchi.

La rumeur de la demande chinoise a aussitôt été démentie par le Kremlin et par le Waijiaobu.

Mais, preuve que Pékin a de la suite dans les idées et répugnerait à une déflagration militaire entre Moscou et Washington appuyée à l’Ouest par les alliés européens de l’OTAN, le 2 décembre dernier, six semaines avant l’article de Bloomberg, Pékin avait fait adopter à l’unanimité aux Nations Unies une résolution obligeant au respect de la trêve olympique durant une période courant du 28 janvier, sept jours avant le début des jeux, jusqu’au 20 mars, une semaine après la clôture des jeux paralympiques.

Bloomberg commentait avec raison que la période couvrait le dégel de la « Raspoutiza », provoquant une liquéfaction des sols transformés en épaisse boue, rendant impossible une attaque blindée de grande envergure.

Un fois la perspective d’une attaque russe retardée au-delà de mars, Pékin s’est empressé d’apporter son soutien diplomatique à Moscou. Le 27 janvier, Wang Yi, le MAE a téléphoné à son homologue américain pour plaider en faveur des intérêts stratégiques russes dont Washington devrait tenir compte.

Le discours était celui tenu depuis 2012 à propos des tensions dans le Pacifique occidental, d’où la Chine tente de tenir les États-Unis à distance de ses annexions en mer de Chine du sud et de ses démonstrations de forces dans le détroit de Taïwan, « La sécurité d’un pays ne peut se faire au détriment de la sécurité des autres 一 国安全不能以损害他国安全为代价 et la sécurité régionale ne peut être garantie par le renforcement ou même l’expansion d’une alliance militaire. 地区安全更不能以强化甚至扩张军事集团为保障 »

(…) « Aujourd’hui au XXIe siècle, 在21世纪的今天 toutes les parties doivent complètement se défaire de la mentalité de guerre froide 各方应当彻底摒弃冷战思维 et construire pour l’Europe un mécanisme de sécurité équilibré, efficace et durable par le biais de négociations 通过谈判形成均衡, 有效, 可持续的欧洲安全机制, tandis que les préoccupations raisonnables de sécurité de la Russie doivent être prises au sérieux et résolues. 俄罗斯的合理安全关切应当得到重视和解决. »

Au passage, preuve que Moscou et Pékin s’alignent soigneusement quand ils communiquent avec un pays occidental, au cours de son échange téléphonique du 28 janvier avec le Président français, Vladimir Poutine lui a tenu exactement le même langage. Le ton était aigri par la déception que Washington n’a pas jugé nécessaire de répondre favorablement à ses exigences de respect des « lignes rouges » russes, que Wang Yi appelle « les préoccupations raisonnables de sécurité ».

En réalité, les exigences de Moscou - engagement de l’OTAN à cesser tout élargissement vers l’Est, notamment en Ukraine et à réduire sa présence militaire dans les nouveaux États membres de l’Alliance à l’est de l’Europe -, visent à créer une zone tampon aux frontières occidentales de la Russie.

Les revendications sont certes fondées par l’histoire récente des empiètements atlantiques dans l’ancien pré-carré soviétique. En même temps, force est de reconnaître qu’elles sont une gesticulation, tant il est vrai que l’Allemagne et la France ont déjà mis leur veto à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.


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