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Les mystères du virus H7 N9

Les embarras politiques de la transparence.

Un article publié dans le magazine Caixin, le 16 avril dernier, expose le dilemme auquel sont confrontées les autorités, toujours partagées entre le souci de protéger l’ordre social menacé par la diffusion de rumeurs alarmantes non vérifiées, et l’exigence de transparence et d’information du public.

L’auteur reconnaît les progrès accomplis depuis l’omerta officielle qui avait entouré l’épidémie de SRAS il y a dix ans.

Cette fois, écrit-il, il ne s’est écoulé que 40 jours entre l’admission, le 19 février, à l’hôpital du Peuple n°5 de Shanghai de trois membres de la famille LI – dont 2 (une dame âgée de 87 ans et son fils de 50 ans), sont décédés de pneumonie, et la reconnaissance le 31 mars par le ministre de la santé de l’existence d’un nouveau virus nommé H7 N9 responsable leur mort. Comparé aux 5 mois de silence des autorités en 2003, il s’agit là, ajoute l’article, d’un progrès important.

Mais, en décrivant les réflexes de suppression de l’information apparus en avril, Caixin laisse entendre qu’on pourrait faire mieux. Au lieu d’informer la population sur les mesures de précaution, les autorités ont en effet cédé à la crainte d’une panique et se sont appliquées à mettre les rumeurs sous le boisseau, ce qui eut pour effet de les aggraver. La police a arrêté de nombreux internautes accusés de diffuser des fausses informations, tandis que les autorités de Pékin, Shanghai, Xi’an, Kunming nièrent l’existence d’un nouveau virus.

La première rumeur assez précise sur le décès des membres de la famille LI apparut le 7 mars sur Weibo : « des décès inexpliqués ont eu lieu à l’hôpital n°5 de Shanghai. Le diagnostic initial était la grippe et les victimes éprouvaient des difficultés à respirer. Nous espérons que l’hôpital dira la vérité ». Le « post » avait été immédiatement supprimé par la censure.

Dans les communications officielles sur son site, le bureau de la santé publique de Shanghai n’a jamais fait connaître les recherches en cours sur un nouveau virus. De même, le 2 avril, la ville de Pékin nia officiellement l’existence d’un cas H7 N9 à l’hôpital de médecine traditionnelle de Dongzhimen, et attendit le 13 avril pour le confirmer.

Mais il est important de préciser que ces réflexes de suppression à caractère politique, obéissant à des automatismes surannés, se manifestèrent alors même que la communauté médicale de Shanghai faisait son travail.

Selon le Dr Lu Hongzhou, vice directeur du Bureau de la Santé Publique de Shanghai, des tests de laboratoire auraient assez vite identifié l’existence d’un nouveau virus apparenté à la famille des virus aviaires.

Depuis le 5 avril, les praticiens du terrain, alertés par les gouvernements locaux, auraient, non seulement accès à des tests leur permettant de détecter en moins de 6 heures la présence du virus chez un patient, mais également à un traitement, qui, selon Lu, serait efficace. Le seul obstacle est le coût du test et du traitement évalué à 2000 Yuans (250 €).

A bien des égards, ce contraste avéré entre, d’une part, les vieilles tendances politiques à l’omerta et à la suppression de l’information, et d’autre part le professionnalisme des médecins conscients de l’exigence de transparence médicale, condition de la maîtrise d’une épidémie, renvoie de manière pressante à l’urgence d’une modernisation du système politique chinois, dont nombre de chercheurs réclament qu’il soit placé sous le contrôle réel du législatif.

Dans ce cas de santé publique le problème est encore plus aigu, car les tendances politiques au maquillage ou à l’occultation sont directement dévoilées à la vigilance inquiète de l’opinion publique, d’autant moins portée à l’indulgence qu’il y a 10 ans elle avait été échaudée par les mensonges et les frayeurs du SRAS.


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Par Caligula Le 20/04/2013 à 19h27

Les mystères du virus H7 N9

Bonsoir,

Je sais que votre site tente de rester neutre et de s’en tenir aux faits de l’actualité sociale politique et économique de la Chine. Exercice d’équilibriste s’il en est.

Je voulais juste vous soumettre une remarque, comme ça, en passant. vous pointez du doigt le fait que le parti - ou ses représentant régionaux - ont été tenté de dissimuler (retarder serait plus exact) l’info sur la, peut-être, épidémie de grippe. Ou du moins ont tut sa provenance aviaire.

Il ne s’agit pas d’une spécificité chinoise, et/ou communiste. En occident les évènements considérés comme potentiellement catastrophiques ont tendance à être passés sous silence ou minimisés. En France, pour ne parler que de ce pays, on a de nombreux exemple :
 Le sang contaminé,
 le nuage de tchernobyl (encore que là, nous avons eu de la chance d’avoir la ligne Maginot, qui, si elle n’arrète pas les Allemands, est tout à fait étanche aux radiations nucléaires...),
 plus proche de nous, la canicule de 2003...

Donc, je vous le redits, ce n’est pas un reproche, mais juste une remarque.

Et encore merci pour votre site.

Salutations.

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