Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Economie

Menaces financières chinoises. Un pavé dans la mare du Père Ubu

La Chine commence à être excédée par les incessantes pressions à la réévaluation de sa monnaie, répétées comme une incantation depuis des lustres par les Etats-Unis. Ces derniers y voient la solution miracle à leur déficit commercial abyssal avec la Chine (856 milliards de dollars), qui, par les temps qui courent, augmente au rythme de 10 milliards de dollars tous les mois. Comme si une seule mesure, dont les effets internes sur les fragiles équilibres socio-économiques chinois seraient catastrophiques, pouvait régler un différend aussi complexe.

Il y a une semaine deux éminents chercheurs chinois, spécialistes des questions financières, XIA Bin, du centre de recherche et développement gouvernemental et HE Fan de l’Académie des sciences sociales, ont envoyé un pavé dans la mare en suggérant que la Chine pourrait provoquer un effondrement du dollar en jetant sur le marché tout ou partie des 400 milliards de dollars de bons du trésor américains qu’elle détient. XIA Bin, qui se voulait conciliant, à précisé qu’à la différence d’autres pays comme la Suisse ou la Russie, qui réduisent déjà leurs réserves en dollars, la Chine, attachée à la stabilité du système financier international, n’en a pour l’instant rien fait. Mais - a t-il ajouté - , si le Yuan était contraint à une forte hausse, la banque centrale chinoise serait obligée de vendre massivement ses dollars pour limiter ses pertes.

La menace a porté puisque, dans une situation financière internationale déjà très fragilisée par l’abus des crédits hypothécaires et immobiliers américains, le dollar a encore été affaibli, tandis que le Président Bush réagissait en soulignant que la décision de se débarraser des bons du trésor américains serait « téméraire ». Henry Paulson, le secrétaire d’Etat au trésor, qui rentre à peine d’un voyage en Chine où il n’a pas obtenu un réajustement de la monnaie chinoise, va plus loin et parle « d’absurdité », arguant que l’initiative heurterait encore plus l’économie chinoise que celle des Etats-Unis.

La Chine ne mettra pas sa menace à éxécution. Mais en mettant le doigt sur la fragilité bien connue des finances américaines et sur le rôle que joue Pékin dans la stabilité de plus en plus fragile du Dollar, le pouvoir chinois vient d’introduire une considérable incertitude qui ne laissera pas le Congrès indifférent. Elle obligera Washington à reconsidérer sa stratégie de pressions et peut-être à remettre de l’ordre dans ses finances, pour diminuer sa dépendance extérieure. Une exigence déjà reprise par les candidats démocrates à la succession de Georges Bush.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• Vos commentaires

Par Richane Le 28/08/2007 à 13h08

> Menaces financières chinoises. Un pavé dans la mare du Père Ubu.

Il n’est que temps que la Chine réagisse avec fermeté sur cette demande insistante de modifier le rapport de change entre le yuan et les monnaies occidentales. Car à force de ne rien dire, les occidentaux finissent par penser que les bons sont de leur côté et que les méchants sont du côté de ces pays émergents (Chine et Inde, notamment) qui exploitent leurs peuples avec de bas salaires et entretiennent un chômage élevé dans les pays riches. En fait les pays occidentaux - déjà riches - cherchent à devenir toujours plus riches, quitte à demander aux pays pauvres à renoncer à leur développement. En habillant cette demande égoïte et monstrueuse par des discours généreux sur la defense des droits de l’homme et de la démocratie dans les pays émergents, comme si le premier droit de l’homme n’était pas celui de sortir du sous-développement. Face à la brutalité d’un goujat, il n’y a que le langage de la fermeté pour faire comprendre que l’on ne se laissera pas dépouiller.

• À lire dans la même rubrique

La reprise est difficile et le chemin du réajustement socio-économique laborieux

Dans l’urgence d’un branle-bas, He Lifeng prend la tête de la Commission Centrale des finances

Freinage. Causes structurelles ou effets de mauvais choix politiques. Doutes sur la stratégie de rupture avec la Chine

Essoufflement de la reprise. Coagulation des vulnérabilités systémiques. Baisse durable de la confiance

Inquiétudes