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›› Chronique

Mer de Chine et ASEAN, enjeux de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis

L’étroite marge de Hanoi.

Alors que l’abandon en rase campagne du gisement de « l’Empereur Rouge » efface une partie des espoirs du Vietnam de rétablir ses comptes, la marge de manœuvre de Hanoi est étroite. Compte tenu du rapport de forces, l’option militaire est exclue. Quant à l’option diplomatique, elle vire au dialogue de sourds. Après la décision de Hanoi de stopper le projet Repsol, Wang Yi en visite au Vietnam parla de « développement conjoint » ; mais Hanoi continuait à se référer au droit de la mer que Pékin ignore.

Quant à la carte américaine, elle est politiquement difficile à jouer par le parti unique.

Harcelant les dissidents, l’exécutif fait feu de tous bois pour se maintenir au pouvoir et continue à nourrir une profonde méfiance à l’égard de la démocratie américaine. Ce qui ne l’empêche pas de tirer profit de la situation géopolitique qui lui garantit la bienveillance de Washington, pour accentuer ses répressions politiques internes. Lire : L’ASEAN s’aligne progressivement sur la Chine. Volte face et contrepied américains.

Relever le défi chinois en Asie du Sud-est.

La réaction de David Shambaugh évoquée en tête de l’article exhorte l’Amérique à mieux jouer de ses atouts pour rattraper le retard d’influence accumulé face à une Chine jugée omniprésente mais dont les capacités d’action économique n’ont en réalité augmenté que très récemment.

Entre 2012 et 2014 les investissements américains dans l’ASEAN ont été plus de 3 fois supérieurs à ceux de la Chine, tandis que leur stock total se monte à 226 Mds de $, plus que ceux de la Chine, du Japon et de l’UE réunis. De même, l’aide directe prodiguée dans la région par Washington (4 Mds de $ en 2015) était trois fois supérieure à celle de Pékin.

Mais depuis 2010, après l’entrée en vigueur des accords commerciaux Chine – ASEAN, les relations commerciales ont explosé, atteignant 345,7 Mds de $ d’échanges pour la seule année 2015. La même année, les investissements chinois atteignirent plus de 8 Mds de $.

Au point qu’aujourd’hui, La Chine est le premier investisseur au Cambodge, au Laos, en Malaisie, et au Myanmar et le 2e au Vietnam. Parallèlement Pékin a augmenté son assistance militaire et multiplié les initiatives diplomatiques. Mais, dit Shambaugh, là se trouve le principal talon d’Achille chinois.

La présence invasive qui, dans certains endroits, méprise les intérêts locaux, n’utilisant - contrairement au Japon - que la main d’œuvre chinoise importée, reléguant les autochtones à la portion congrue, mal payée et mal formée ; l’installation de zones d’extraterritorialité d’où les locaux sont exclus ;

La priorité commerciale univoque excluant le versant culturel et donnant systématiquement la priorité à la diaspora que les locaux finissent par considérer comme une 5e colonne chinoise, sont autant d’excès déjà perceptibles au Myanmar, au Cambodge et au Vietnam qui déclencheront des réactions adverses des populations locales.

Les incidents ne sont pas rares, comme ce dernier au Cambodge où la population soupçonne les effluents toxiques d’une mine d’or chinoise dans la région de Kratie d’avoir causé la mort de 18 paysans et gravement intoxiqué 300 autres hospitalisés [1].

Note(s) :

[1Au milieu des démentis officiels prenant le contrepied des soupçons des populations locales et dans un contexte où tout indique que la lumière ne sera jamais faite par une autorité indépendante, l’affaire illustre les risques pour la Chine des comportements cupides de certains groupes chinois aux exactions cautionnées sans nuance par le pays hôte dont les finances et l’économie sont imbriquées aux projets des « nouvelles routes de la soie ».

Plus encore, les réactions politiques des autorités locales couvrant les exactions au nom d’une solidarité mal placée avec Pékin pourraient même mettre les gouvernement chinois en porte à faux.

Début mai 2018, à Sre Norn et Aoror, district de Chet Borey dans la province de Kratie,18 personnes ont perdu la vie et 300 autres ont été hospitalisées.

Parmi les causes possibles des décès avancées par la population, mais rejetées par le pouvoir, la contamination de l’eau d’une mare par les effluents chimiques provenant d’une mine d’or exploitée par un groupe chinois depuis 2008 ayant installé une zone protégée fermée aux populations locales hormis quelques douzaines de locaux encadrés par des Chinois.

A la mi-mai, Cham Prasidh ministre de l’industrie du Cambodge avait formellement incriminé le cyanide utilisé par les prospecteurs d’or, présent dans l’eau de la mare et appelé à prendre des mesures pour éviter de nouvelles pollutions toxiques. Mais, à la fin mai, il s’est rétracté.

Désavoué par le chef du gouvernement et plusieurs autres ministres dont ceux de l’agriculture et de l’environnement, il s’est rangé à la version officielle qui incrimine non pas les effluents chimiques mais les pesticides des paysans et l’éthanol (alcool éthylique) présent à trop fortes doses dans l’alcool de riz.


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