›› Politique intérieure
Dans le foisonnement touffu du net chinois envahi par les dithyrambes olympiques et quelques délires nationalistes, on peut aussi lire des réflexions nostalgiques ou désabusées, parfois lyriques, qui tranchent avec l’ambiance du moment. Ainsi celles de Liu Xiaoyuan, avocat exerçant à Pékin, qui retrace sur son « blog » l’histoire avortée de la démocratie constitutionnelle entre 1901 et 1911 en Chine.
Ces réminiscences d’un échec annoncé par le raidissement xénophobe du début du XXe siècle, en réaction aux invasions occidentales, sont pour l’auteur d’autant plus douloureuses qu’il exerce une profession sinistrée en Chine, où les avocats sous contrôle sont soumis à l’arbitraire du pouvoir, régnant toujours sans partage sur l’appareil juridique.
« Il y a cent ans », raconte notre avocat, le « Quotidien de la Jeunesse de Tianjin » posait trois questions qui étonnèrent le pays : Quand la Chine enverra t-elle un athlète au JO ? Quand sera-t-elle en mesure d’y envoyer une équipe représentant le pays ? Quand organisera t-elle elle-même les JO ?
Les premières réponses arrivèrent 24 ans après : En juillet 1932, la Chine, pays le plus peuplé du monde, envoyait un seul athlète nommé Liu Changchun aux Jeux de Los Angeles. Quant à l’équipe chinoise c’est aux Jeux de Berlin en 1936 qu’elle se présenta pour la première fois au monde. Deux des trois rêves du Quotidien de Tianjin avaient donc été réalisés pendant la guerre civile. Il ne restait plus qu’à organiser les Jeux. C’est fait depuis le 8 août 2008.
Inspiré par la réalisation de ce rêve, (NDLR : l’organisation des JO paraissait très improbable il y a seulement 20 ans), l’auteur se prend à penser à un autre rêve centenaire : celui d’une authentique constitution démocratique pour la Chine.
Il raconte qu’en juin 1901, un nommé Liang Qichao, présentait à l’empereur une proposition pour une constitution. Le document indiquait qu’il existait trois types de gouvernements possibles : la monarchie absolue, la monarchie constitutionnelle et la démocratie parlementaire. Parmi ces trois, la meilleure pour la Chine aurait été, pensait Liang, la monarchie constitutionnelle. En juillet 1905, cédant à la pression des groupes d’influence qui prônaient l’instauration d’un système de type démocratique, le gouvernement des Qing décida donc d’envoyer cinq ambassadeurs vers « toutes les Nations à l’Est et à l’Ouest des mers pour étudier les voies de la politique et déterminer quelle serait la plus adaptée ».