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Quelques dessous de cartes de la reprise économique

Les non-dits de la reprise. Migrants, PME, dettes, chômage, écarts de revenus.

S’il est vrai, que 2020 fut une année turbulente, durant laquelle le PNB global s’est contracté de près de 5%, - la pire récession depuis la deuxième guerre mondiale -, la Chine fut la seule économie du G.20 à enregistrer une croissance positive, dont l’ampleur au 4e trimestre marqua, après la chute sévère de moins 6,8% en début d’année, un retour au niveau pré-pandémique.

Ce rebond a été attisé par la combinaison de facteurs dont les plus importants furent une politique massive d’investissements dans les infrastructures et l’immobilier et l’explosion des exportations dont la structure est analysée plus haut.

En revanche la hausse de la consommation intérieure, freinée par l’épargne n’a pas eu lieu au niveau espéré.

Pour 2021, les prévisions du FMI situent la croissance de l’économie mondiale à +5,2% et celle de la Chine à +8,2%. Les États-Unis seraient à +3,1%, la zone Euro à +5,2% et l’ASEAN à +6,2%. Mais l’affichage macro-économique ne dit pas tout de la situation de la Chine.

Récemment le Conseil des Affaires d’État a autorisé les PME à différer leurs remboursements et a décidé de leur attribuer en priorité des projets d’infrastructures publiques, signe qu’en haut lieu on estime que la reprise n’est pas complète et que, pour soutenir l’emploi, il convient encore d’aider les entreprises les plus fragiles.

En même temps, alors que les ventes de produits de luxe et des voitures sont reparties à la hausse, l’écart de revenus entre les plus riches et les plus défavorisés s’est aggravé. Ces derniers dont plus de 200 millions de migrants qui forment encore une part importante de la population chinoise, hésitent à consommer et thésaurisent.

Selon une récente étude de McKinsey, les dépôts bancaires des ménages y compris des classes aisées et moyennes ont augmenté de 8% au cours du premier trimestre 2020 pour atteindre la somme de 13 000 Mds de $.

Le mécontentement se lit sur les réseaux sociaux où les jeunes chinois utilisent des plateformes comme « Bilibi » qui projette à la fois un nationalisme parfois hystérisé et les critiques sociales qui dénoncent les prix de l’immobilier, la montée des inégalités, l’instabilité professionnelle et l’inflation.

Contredisant les chiffres officiels, les prix du logement ont bondi au point que le prix moyen d’un bien immobilier est 9 fois plus important que le revenu médian des ménages. De même, s’il est vrai qu’en moyenne les prix de la nourriture n’ont augmenté que de 1,2% en 2020, ceux de la viande sont à +7%, les légumes à +30%, tandis que la viande de porc est à +48 %.

A l’extérieur l’épée de Damoclès de la crise sino-américaine et des conséquences de la crise sanitaire continuera à peser en 2021, même si le découplage qui se dessine dans les transferts de hautes technologies (lire : Avis de rupture du monde de la high-tech.) aura plus de mal à se concrétiser dans les chaînes de production délocalisées en Chine.

Selon les sources des chambres de commerce américaine, européenne et japonaises, la proportion des entreprises ayant décidé de quitter la Chine varie de 13% pour les Américaines à seulement 4% pour les Japonaises, en passant par 11% pour les Européennes.

Enfin, la plupart des analystes qui anticipent un nouveau rebond chinois en 2021, pointent aussi du doigt nombre de problème structurels, allant de l’accumulation des dettes ayant atteint le plus haut niveau depuis dix ans, à la montée d’une inflation dont les chiffres officiels ne rendent pas compte, en passant par la fragilité du marché de l’emploi.

Sur ce sujet politiquement sensible, les chiffres officiels jettent un voile sur la situation précaire des 290 millions de migrants, soutiers du miracle chinois, qui constituent 37% de la main d’œuvre dont 50% sont employés dans les services, dont les perspectives se sont contractées.


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