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Avis de rupture du monde de la high-tech

La présidence de D. Trump s’est achevée le 20 janvier au milieu de sévères controverses avec la Chine et l’idée, restant à vérifier dans les faits, que l’Amérique continuera, toutes élites politiques confondues, à opposer une résistance à l’élargissement de l’empreinte stratégique de Pékin.

En dépit des discours, les élites chinoises s’en inquiètent sérieusement. La plupart craignent une rupture des anciennes chaînes d’approvisionnement qui leur permettent la fabrication de produits comportant des composants, notamment les microprocesseurs logiciels et systèmes d’exploitation, que l’industrie chinoise ne maîtrise pas encore au meilleur niveau.

Jusqu’à présent, en Occident, les acteurs de la haute technologie de l’information étaient ceux qui redoutaient le plus le « découplage » que la guerre ouverte par D. Trump menaçait d’infliger au paysage de la « high tech » globale, sans d’ailleurs réduire le déficit commercial américain, objet de la vindicte de l’ancien président.

QC avait suivi cette question de près, par deux analyses à six mois d’intervalle qui jalonnent l’aggravation d’une fracture programmée.

- Rivalités sino-américaines et risque de dislocation de la mondialisation « high-tech ». Le pire n’est jamais sûr, mais la menace se précise.
- Risques imminents de fragmentation du paysage global des hautes technologies.

Volte-face.

Le 26 janvier s’est produit un événement peut-être capital, ayant le potentiel de rebattre sérieusement les cartes de cette situation où les acteurs high-tech américains voulant freiner le morcellement du monde des hautes technologies, étaient restés les alliés objectifs de la Chine.

Cet ancien esprit d’ouverture prônant le partage sans limites de la recherche, est peut-être en train de changer.

Sous la direction de Jared Cohen fondateur de « Jigsaw » incubateur de hautes technologies qui fut le conseiller de Condoleezza Rice, et d’Eric Schmidt ancien PDG de Google, un groupe indépendant de quinze personnes, républicains et démocrates, chercheurs, entrepreneurs, ingénieurs et sinologues ont récemment remis au pouvoir américain un rapport confidentiel plaidant pour une stratégie de plus grande résistance technologique à la Chine [1].

Prenant le contrepied du courant jusque-là majoritaire dans le secteur, favorable à une coopération, ils estiment que la domination technologique, facteur déterminant de la sécurité, de la prospérité et de la garantie du mode de vie démocratique, est aujourd’hui menacée par le surgissement de la Chine sur le point de dépasser les États-Unis dans des secteurs sensibles.

Dans ce contexte, ils prônent des solutions capables de protéger la prévalence globale des États-Unis, sans, disent-ils, « engendrer un cycle de confrontations - ripostes pouvant dégénérer en un conflit accidentel. »

L’idée maîtresse du document qui est une volte-face, assume que le « découplage » dont beaucoup de scientifiques se méfiaient, est désormais devenue une « solution souhaitable », dans la mesure où l’alternative serait la victoire de la Chine, « pays non démocratique » où les statuts publics et privés sont confondus.

Le rapport affirme en substance que, pratiquant un « jeu asymétrique dont les règles biaisées autorisent l’espionnage industriel et donne au pouvoir chinois, grâce à la porosité des transferts technologiques, la capacité liberticide de surveiller sa population », la Chine a elle-même créé une situation rendant nécessaire le découplage.

A cet effet, tournant le dos à l’idée que les chercheurs de la planète doivent rester une communauté connectée, le groupe affirme qu’à l’avenir il sera nécessaire de mettre en œuvre une meilleure harmonie entre l’appréciation du risque chinois et la circulation des informations nécessaires à l’innovation.

L’idée dont il faudra vérifier si l’administration démocrate la cautionne, se conjugue avec plusieurs propositions dont le rapatriement d’une partie des chaînes de production à forte valeur ajoutée technologique, une politique d’immigration favorisant l’accueil et l’assimilation de chercheurs étrangers de haut niveau, y compris chinois, un meilleur contrôle étatique des technologies sensibles et la consolidation d’une alliance des pays démocratiques autour d’une zone de confiance garantissant la circulation sûre des données sensibles.

Note(s) :

[1Parmi les autres signataires du rapport on trouve notamment, Richard Fontaine, PDG du « Think Tank » « Center for a New American Security CNAS » fondé avec Kurt Campbell, ancien Secrétaire adjoint pour l’Asie sous l’administration Obama, architecte de la bascule stratégique américaine vers l’Asie en 2011.

Campbell a récemment été nommé par Biden au Conseil National de Sécurité, avec la mission de coordonner les « Affaires indopacifiques », articulées à l’idée d’une « Alliance quadrilatérale » des démocraties entre les États-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie dont l’objet est de résister à l’augmentation de l’empreinte stratégique de Pékin en Asie.

A ce sujet lire en p.3 l’annexe de notre article : Pékin à Canberra : « Ne touchez pas aux intérêts vitaux chinois. » Brutalité et fragilités chinoises. Limites des discours d’ouverture.

Les autres co-auteurs du rapport sont Elizabeth Economy, sinologue à « l’Institut Hoover » de Stanford, auteur de « The Third Revolution. Xi Jinping and the New Chinese State. » (2019) qui analyse les défis intérieurs de la Chine ;

Alexander Wang, 21 ans, formé au MIT, qu’il a quitté pour créer avec Lucy Guo, 26 ans la « Start Up » « Scale AI », plateforme de services informatiques d’aide à l’exploitation des métadonnées en vue de projets liés à l’Intelligence artificielle ;

Marissa Giustina, ingénieur chez Google titulaire d’un Doctorat de physique quantique de l’École autrichienne du professeur Zeilinger, également fréquentée par des chercheurs chinois ; lire : La Chine à la pointe de la physique quantique ?


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