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›› Editorial

Renaissance et modernisation, conditions d’une puissance chinoise apaisée

Succès et difficultés du jeu de GO.

A Joe Biden, qui venait de Tokyo où, après l’établissement de la ZIA chinoise, il avait affirmé la solidité de l’alliance militaire avec le Japon que la Chine voit comme une survivance anachronique de la guerre froide, Pékin a ouvertement livré un message sans équivoque par le biais d’un éditorial du China Daily : « Il n’y aura aucune avancée majeure s’il (Joe Biden) vient seulement répéter les déclarations univoques et erronées de son gouvernement ».

La gravité enkystée de la querelle sino-japonaise est attestée par le professeur de relations internationales Takehiko Yamamoto à l’université Waseda de Tokyo cité par l’AFP : « L’administration Abe ne fera jamais marche arrière pas plus que la Chine. Dans l’immédiat il n’y a aucune marge pour l’optimisme ».

Mais en sous main, la réalité est aussi que Washington, gêné par l’intransigeance de son allié japonais est en passe d’accepter l’établissement de la ZIA chinoise pour ce qu’elle est : une initiative conforme au droit international, de nature défensive venue s’inscrire dans un espace où le Japon dispose lui-même depuis 40 ans, d’une zone d’identification dix fois plus vaste. Sur ce sujet, une marche arrière de Pékin est totalement impossible. Les États-Unis le savent.

Un succès diplomatique et stratégique face à Washington et Tokyo.

Même si, comme le souligne Wang Dong professeur associé de relations internationales à Beida, la Chine a d’abord raté sa communication sur le sujet, elle est en passe de remporter une victoire diplomatique. Washington s’exerce maintenant au grand écart entre, d’une part la nécessité de ménager la Chine et d’autre part le soutien à son allié japonais. Suite à l’épisode B-52 et la décision de 55 compagnies aériennes appartenant à 19 pays différents de se plier aux injonctions chinoises, l’intention d’apaisement des États-Unis est manifeste.

Après avoir expliqué que le potentiel d’escalade avait été créé par Pékin, la Maison Blanche concède en effet que la Chine s’était abstenue de toute action agressive pouvant conduire à un dérapage. Dans ce contexte, ajoute Washington, l’important était désormais que les deux parties s’appliquent à réduire les tensions et trouvent une solution diplomatique à leurs différends en mer de Chine de l’Est. Mais s’ils veulent conserver un levier de manœuvre dans ce différend, les États-Unis devront prendre quelque distance avec Tokyo, ce qui ne sera pas le plus facile.

En Asie du Nord-est où l’alliance avec Tokyo met Washington en porte à faux, la Chine est donc en position favorable dans la partie de jeu de GO dont l’objectif est de neutraliser les ambitions stratégiques japonaises par le moyen des Senkaku et de la ZIA englobant leur espace aérien.

A Séoul, où les sentiments anti japonais sont historiquement tenaces, les agacements passagers contre le chevauchement des zones d’identification aériennes n’ont pas empêché l’accord entre une filiale du géant sud-coréen LG et le champion chinois des telecoms Huawei pour développer un réseau national wifi à haut débit.

L’affaire n’est pas anodine puisqu’elle coïncide avec l’intention de Huawei de renoncer au marché américain où ses perspectives sont fermées par les soupçons d’espionnage, tandis qu’au Congrès des voix s’élèvent pour dénoncer les menaces de sécurité posées par les risques d’intrusion de la compagnie chinoise dans les réseaux sécurisés de l’alliance militaire conjointe entre Séoul et Washington.

Difficultés des menées chinoises en Asie du Sud-est.

En revanche, en Mer de Chine du Sud, les stratégies de Pékin développées autour du vaste potentiel de la zone de libre échange déjà active depuis 2010 pour 6 pays de l’ASEAN, se heurtent aux craintes des riverains face aux ambitions hégémoniques de la Chine, de sa marine et de ses forces de projection que l’APL met sur pied depuis plus de dix ans.

Cristallisé autour de la plainte déposée par Manille au Tribunal du Droit de la Mer qui crée un précédent sans cependant faire des émules, le sentiment latent d’insécurité face à la disproportion des forces en présence et à la fréquence des empiètements chinois, rassemble mécaniquement certaines nations de la région sous la bannière de Washington.


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