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Retour sur le stress hydrique chinois

Le grand défi de la qualité de l’eau.

Tous les experts techniques et observateurs de la Chine s’accordent à dire que la question de la qualité de l’eau, politiquement très sensible parce qu’elle concerne de plus en plus la relation du pouvoir avec la société civile, est un problème encore plus ardu que celui de la pénurie.

D’abord parce que le niveau de pollution atteint est très grave, ensuite parce que les solutions sont handicapées par l’organisation décentralisée des administrations de contrôle assez souvent rivales, ne disposant que de peu de moyens légaux de répression, enfin parce que le message écologique a du mal à prendre le pas sur l’obsession de développement à tous prix qui hante les administrations locales, plus préoccupées par la stabilité de l’emploi, condition de la paix sociale, que par la propreté de l’eau.

Les rapports des experts chinois et de l’Académie des Sciences Sociales rappellent que moins de 50% de la population a accès à de l’eau traitée, les plus gros pollueurs étant les exploitations agricoles des zones rurales et les concentrations industrielles des zones urbaines où les rejets ne sont pas traités, contaminant à la fois les eaux de surface et les nappes phréatiques.

Globalement la pollution est à ce point catastrophique que plus de 50 % de l’eau est impropre à la consommation même après traitement. 25 % des eaux sont tellement viciées qu’elles ne peuvent même plus être utilisées dans l’industrie. (Lire notre article 癌症村 Aizheng Cun. Les villages du cancer).

Les réponses publiques à cette catastrophe de grande ampleur ont été d’ordre administratif, renforçant les mécanismes de contrôle et les pénalités infligées aux pollueurs industriels avec mise en accusation directe des PDG (loi de 2008), créant des Centres de Supervision Régionale (CSR) et des bureaux de qualité au sein du ministère de l’eau.

La campagne des « Trois Lignes Rouges » a introduit des critères de surveillance du taux de métaux lourds et de micro-organismes toxiques, tandis que le gouvernement dégageait 380 Mds de RMb (46 Mds d’€) pour améliorer les stations de traitement des eaux et établir 14 000 centres de surveillance dans tout le pays.

Mais l’usage a révélé à la fois l’insuffisance des moyens du ministère de l’environnement et les rivalités de ce dernier avec les bureaux de protection de l’environnement des provinces, souvent en collusion avec les pollueurs qui parfois abondent les budgets des administrations locales. En échange il arrive qu’ils soient autorisés à rejeter leurs effluents toxiques dans les districts ou les provinces voisines.

Enfin, la loi anti-pollution reste encore très permissive et il n’est pas rare que les pollueurs préfèrent payer les amendes plutôt que d’investir lourdement dans des dispositifs anti-pollution. Shoufa chengben gao, weifa chengben di守 法成本高,违法成本低 disent les PDG (il est plus cher de se conformer à la loi que de payer les amendes).

Dans ce paysage très préoccupant, une bonne nouvelle.

Récemment le GIEC qui procède à intervalles réguliers à une évaluation de l’état des connaissances relatives au changement climatique, a, contrairement aux études précédentes, estimé que la quantité d’eau propre provenant des grands glaciers himalayens ne diminuerait pas notablement avant la fin du siècle.

Utilisant un mode de simulation prévisionnel mis au point entre autres par l’Institut Pierre et Simon Laplace (IPSL) de Paris, appelé « modèle couplé », qui tient compte à la fois des interactions, continentales, atmosphériques et océaniques, le GIEC a déterminé que la quantité de glace fondue ne se modifierait pas notablement avant 2060, puis qu’elle augmenterait lentement.

Mais, autre bonne nouvelle, la perte graduelle serait compensée par l’augmentation des précipitations qui maintiendrait le niveau des eaux en aval tout en occasionnant des chutes de neige sur les glaciers. Selon cette étude, dont la validité devra être confirmée, les prévisions catastrophiques sur l’assèchement du flot en amont avec de graves conséquences en aval ne se réaliseront pas avant de longues années.


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Par Anonyme Le 2/09/2013 à 05h29

Retour sur le stress hydrique chinois.

Article très intéressant et fort bien documenté qui permet de relativiser les propos alarmistes du GIEC et des ayatollahs du réchauffement global. S’agissant de la préservation des ressources aquifères en Chine, plus prosaïquement, ajoutons que la frénésie de la voiture propre pour des questions de face, qui pousse les propriétaires, de plus en plus nombreux, de voitures dans les grandes villes chinoises à faire laver leurs véhicules quasi-quotidiennement ne doit guère contribuer au maintien des nappes phréatiques.

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